A contre-courant de l'opinion publique, les viticulteurs se disent prêts à utiliser des OGM contre le court-noué. Tel est l'un des enseignements de l'enquête réalisée l'an dernier par cinq étudiants* de l'université de Strasbourg auprès d'environ 400 viticulteurs alsaciens et champenois.
En Champagne, 75 % des viticulteurs adopteraient un porte-greffe rendu résistant par modification génétique, si cette solution s'avérait efficace. Même les bios n'y sont pas farouchement opposés : 50 % d'entre eux seraient prêts à y recourir.
« Le court-noué est devenu une telle préoccupation que les bios qui ne voulaient pas entendre parler de porte-greffe génétiquement modifié il y a quelques années, l'envisagent désormais en ultime recours. Ce résultat est une surprise, mais il faut rester prudent car il n'est le reflet que des personnes ayant répondu à l'enquête », indique Géraldine Uriel, du Comité Champagne.
En Alsace, les résultats vont dans le même sens. 80 % des viticulteurs en conventionnel et 70 % en raisonné sont favorables à l'utilisation de porte-greffes rendus résistants. En bio, ils sont 47 %. Seul problème : l'essai de porte-greffe transgénique mis en place par l'Inra de Colmar a été saccagé par des « faucheurs volontaires » en 2010...
L'enquête confirme aussi que le court-noué est un grave problème dans ces deux vignobles. 92 % des viticulteurs alsaciens et 85,3 % des viticulteurs champenois qui ont répondu à l'enquête y sont confrontés. Selon les enquêteurs, il y a certainement une surreprésentation des viticulteurs atteints en raison du sujet de l'enquête, toutefois ils estiment qu'en Alsace la maladie touche au moins la moitié des exploitations. Et, parmi les viticulteurs touchés, 86 % des Alsaciens et 80 % des Champenois ont déclaré subir des pertes de rendement. « Les viticulteurs sont démunis. Ils ne voient pas de solutions à court terme », observe Géraldine Uriel. 90 % des viticulteurs questionnés jugent donc qu'il est nécessaire de mener plus de recherche scientifique sur le sujet.
*Enquête réalisée fin 2015 par Olivier Geist, Laurie Squiban, Émeline Tignon, Vincent Tissot et Julia Zydorczak, de l'université de Strasbourg, avec le Comité Champagne et le Civa.