Comment s'exprime le court-noué ?
« Les symptômes du court-noué sont variés : baisse de la vigueur, végétation rabougrie, aplatissement des rameaux, raccourcissement des entre-noeuds, panachures sur les feuilles, défoliations, millerandage, coulure... Et, ils sont variables d'une année à l'autre et au sein d'une même parcelle », explique Géraldine Uriel, chef de projet pour le matériel végétal au comité interprofessionnel du vin de Champagne. À terme, la maladie peut entraîner la mort du cep. Certaines carences de la vigne peuvent provoquer des effets similaires. En cas de doute, faites réaliser un test Élisa.
À quoi est-il dû ?
Le court-noué est une maladie virale. Il a pour vecteurs deux nématodes, Xiphinema index qui transmet le virus GFLV et Xiphinema diversicaudatum, véhiculant le virus ArMV. Ces nématodes se nourrissent sur les racines de la vigne. Il n'est plus possible de les éliminer par des produits de désinfection du sol, aujourd'hui interdits.
Comment limiter sa propagation ?
En étant vigilant lors du travail du sol. « L'opération peut disséminer les nématodes. Il faut travailler d'abord les parcelles saines avant de passer dans les zones contaminées, et veiller à ne pas laisser de terre sur les outils », préconise Géraldine Uriel. Les nématodes peuvent aussi se déplacer avec l'érosion et le ruissellement. L'enherbement des tournières et la plantation de haies limitent ce risque.
Quand faut-il arracher la parcelle ?
« Il n'y a pas de seuil spécifique, signale Vanessa Fabreguette, conseillère viticole à la chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône. C'est au vigneron d'évaluer l'intérêt de cette opération selon le rendement de la parcelle et la qualité des vins. »
Mais avant d'arracher, il faut dévitaliser les souches. Pour ça, pulvérisez sur le feuillage du glyphosate (200 l/ha de bouillie) dans la limite de 2 800 g/ha à l'aide de panneaux récupérateurs, pour limiter la dérive. Intervenez juste après les vendanges, sur un feuillage encore actif. « Les pieds devront être arrachés au printemps suivant, en extirpant le maximum de racines », précise Géraldine Uriel.
Que faire avant de replanter ?
Laisser reposer le sol, afin que les populations de nématodes diminuent. Géraldine Uriel explique : « Idéalement, il faudrait attendre sept à huit ans. En Champagne, dans la pratique, le repos dure 18 mois. Pendant ce temps, nous conseillons de mettre en place une jachère de plantes nématicides. »
Replantez la parcelle avec du matériel végétal certifié garantissant l'absence de virus et n'apportez pas de terre exogène dont la provenance est inconnue.
Le Némadex retarde-t-il les contaminations ?
Oui, mais son effet est très variable d'une parcelle à l'autre. Il est déconseillé en complantation. De vigueur modérée, sensible à la sécheresse et à la chlorose ferrique, ce porte-greffe est réservé aux sols à moins de 10 % de calcaire actif, profonds et non limités en eau. L'IFV a suspendu provisoirement sa diffusion auprès des pépiniéristes pour évaluer son comportement au vignoble.
Quid de la prémunition ?
Elle consiste à inoculer un plant avec une souche virale peu virulente, pour prévenir une infection par d'autres souches plus agressives. Des essais en Champagne et en Alsace ont donné des résultats peu concluants, mais d'autres se sont révélés probants, à Châteauneuf-du-Pape et à Chablis. « Pour que la technique fonctionne, il faut que les souches vaccinantes et sauvages soient génétiquement proches », indique Olivier Lemaire, de l'Inra de Colmar.
QUOI DE NEUF ? PLANTES NÉMATICIDES À L'ÉTUDE
- Les plantes « nématicides » ont « une action suppressive » sur les nématodes vecteurs et accentuent ainsi l'effet du repos du sol, explique Marion Claverie, ingénieur à l'IFV Rhône-Méditerranée. Des essais ont montré que les populations du nématode Xiphinema index pouvaient diminuer de 20 à 60 % sur un cycle de culture de 6 à 9 mois.
- La luzerne, l'avoine, la vesce velue, la moutarde blanche et une tagète ont montré les résultats les plus intéressants sur les populations de nématodes vecteurs. Des expérimentations au vignoble sont en cours actuellement afin d'évaluer la capacité de ces plantes à limiter ou à retarder les contaminations, lorsqu'elles sont implantées en jachère.