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ACTUS - RÉGIONS

Languedoc De lourds investissements de coopératives en péril

MICHÈLE TRÉVOUX - La vigne - n°288 - juillet 2016 - page 10

Trois coopératives finalisent de gros projets de construction de chais de vinification. Des investissements allant de 10 à 15 millions d'euros remis en cause par le plafonnement des aides européennes.
Les Vignerons de la Voie d'Héraclès, à Vergèze (Gard).

Les Vignerons de la Voie d'Héraclès, à Vergèze (Gard).

Stéphane Hugonnet, président des Vignerons du Pays d'Ensérune, dans le Biterrois.

Stéphane Hugonnet, président des Vignerons du Pays d'Ensérune, dans le Biterrois.

Trois coopératives languedociennes s'offrent une cure de jouvence. Les Vignerons de la Voie d'Héraclès à Vergèze, dans le Gard, ont déposé fin juin un permis de construire pour un amitieux site de vinification présentant une forme elliptique. « Nous avons imaginé une organisation en rupture avec les schémas classiques. Cet agencement avec un coeur de cave au centre et des ateliers périphériques permet de réduire les distances parcourues par les employés et de diminuer les coûts d'exploitation », explique le directeur Jean-Luc Andrieu. Autre avantage de cette forme ovoïde : des possibilités d'extension pour un coût réduit. Le projet est dimensionné pour 80 000 hectolitres dans un premier temps, et 135 000 hl à terme. Montant total de l'investissement : 15,5 millions d'euros.

« À nous de faire des efforts »

Les Vignerons du Pays d'Ensérune (Maraussan, Capestang, Nissan, Cazouls, Puisserguier, Montady, Maureilhan et Cazedarnes) se lancent dans un plan de restructuration de leurs caves. « Nos adhérents ont consenti d'énormes efforts pour améliorer la qualité de leurs raisins. Nous leur devons, ainsi qu'à nos clients, de nous doter d'outils performants afin de travailler ces raisins », assure Nathalie Boisjot, la directrice. L'entreprise prévoit ainsi la construction de nouveaux ateliers de vinification sur le site de Cazouls. La cave historique sera, quant à elle, rénovée et dédiée au stockage. Les travaux - s'élevant à 10 millions d'euros - devraient commencer dès la fin des vendanges en vue d'une mise en service pour la récolte de 2017.

Les adhérents des caves Richemer ont voté à 82 % pour la construction d'une nouvelle cave. « Notre site actuel est trop enclavé dans Marseillan », explique le président Stéphane Hugonnet, qui vise aussi une baisse des coûts de vinification et de gestion. Divers sites sont à l'étude, le projet nécessitant au minimum 17 000 m2 pour une unité de vinification de 90 000 hl. Là encore, l'investissement flirte avec les 15 millions d'euros.

Aides européennes : ça change !

Ces trois coopératives tablaient sur 30 % d'aides européennes pour boucler leur budget. Mais, depuis, la donne a changé. FranceAgriMer vient en effet de plafonner à 5 millions d'euros le montant des investissements pouvant bénéficier de subventions et à 1,5 million d'euros l'enveloppe d'aide par projet.

« Les règles changent sans arrêt. Or, pour concevoir des projets de cette ampleur, il faut du temps. Avec 1,5 M€ de subventions seulement, le nôtre n'est plus réalisable. Il est pourtant d'intérêt public avec mille emplois directs et indirects à la clé », déplore Stéphane Hugonnet. Une négociation va être engagée avec les pouvoirs publics pour faire valoir ces arguments.

Les Crus Faugères en appellent au peuple

La coopérative Les Crus Faugères lance avec succès la première Société coopérative d'intérêt collectif viticole (SCIC) du Languedoc-Roussillon. Fondée en mai, cette société était riche d'une quarantaine d'actionnaires et de 67 000 euros au 30 juin. Avec cet apport de capital, la SCIC veut acquérir et louer 17 hectares dont les vins seront vendus sous la marque Domaine de la Jasse d'Aimé. En tout, la coopérative espère réunir 300 000 euros en cinq ans pour exploiter une centaine d'hectares. C'est la solution qu'elle a trouvée face au vieillissement de ses adhérents et à l'érosion de son vignoble. Pour 1 000 euros la part, les sociétaires de la SCIC (clients, fournisseurs, salariés et vignerons de la coopérative) bénéficient de douze bouteilles par an et d'un tarif préférentiel au caveau.

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