ILS ONT TESTÉ POUR VOUS
OLIVIER CHAIGNAUD, viticulteur, gérant de l'EARL Vignobles Chaignaud à Lussac (Gironde), 24 hectares.
L'hiver dernier, Olivier Chaignaud, Olivier Charpentier et François Laporte, tous trois viticulteurs dans le Bordelais, ont essayé trois sécateurs italiens : le Blade GT, de Lisam, et le Cobra et le Pony de Campagnola. Chacun a testé les trois outils pendant deux jours et consigné ses commentaires sur papier. En voici le compte rendu.
Lisam Blade GT
Puissant et silencieux, il offre une bonne qualité de coupe, y compris pour les bois durs.
Prise en main
Le harnais. Les bretelles et la ceinture se règlent facilement. Les testeurs l'ont trouvé léger : il pèse tout juste 1,7 kg avec sa mini-batterie en forme de carquois. Mais, le plus svelte des trois n'a pu l'ajuster à sa petite taille (38).
Le sécateur. Avec sa coque gris souris, il arbore un design sobre. Sa grosse poignée en plastique dur et strié offre une bonne prise pour les grandes mains de François Laporte. Toutefois, il « pèse vers l'avant », estime Olivier Chaignaud. Tous deux le trouvent « un peu lourd » (900 g).
Mise en route
La mise sous tension. Le choix du mode d'ouverture et le réglage du croisement des lames s'effectuent depuis un boîtier accroché à la ceinture. Assez complexe à manipuler, il permet de consulter entre autres l'état de charge et le nombre de coupes totales ou bloquantes. Une fois sous tension, un double appui sur la gâchette démarre l'outil en toute sécurité. Mais il faut rester vigilant : il ne se met en veille qu'après 5 min d'inactivité, ce qui est long.
Essai de taille
La prise en main a été rapide pour les trois viticulteurs. L'outil, « imposant, requiert une souplesse du poignet et du bras », prévient François Laporte. Tous apprécient la puissance et le silence du moteur. Et la qualité de coupe : « La lame mord bien, ne mâche pas le bois et ne recule pas, y compris dans les grosses coupes. » Seul bémol pour deux des tailleurs, le retour de la lame est « un peu lent ».
Les testeurs notent aussi l'inconfort de la gâchette « réactive, mais pas assez incurvée. Elle glisse sous le doigt ». De plus, chaque impulsion entraîne une légère torsion du poignet sous l'effet de l'enclenchement du moteur.
Le passage du mode demi-ouverture au mode grande ouverture de la tête de coupe s'effectue par pression du pouce sur un bouton affleurant la coque. Les deux Olivier s'en accommodent mais apprécieraient qu'un repère rappelle le mode choisi. Pour François Laporte, en revanche, « chaque changement est une de perte de temps ». Il faut dire qu'il est habitué au Pellenc Lixion pourvu du seul mode progressif.
Ses deux confrères regrettent que « le câble en spirale de l'outil s'accroche assez souvent dans les fils ou les bois de taille ». Et que le sécateur chauffe, surtout l'après-midi. « Pas au point, toutefois, de se mettre en sécurité, rassure François Laporte. Mais avec la transpiration, le manche glisse dans la main ». Un inconvénient qui n'affecte le débit de chantier qu'à la marge. Après sept heures de taille intensive dans une parcelle de cabernet-sauvignon, un cépage au bois dur, la batterie du sécateur possédait encore 20 % d'autonomie.
Côté maintenance, la mise en charge nécessite quatre opérations et le serrage de la lame, deux clés. Pas très commode !
Campagnola Cobra et Pony
Le premier modèle est puissant mais sa lame trop tendre, le second, plus léger, est idéal pour tailler les jeunes vignes.
Prise en main
Les sécateurs. Le Pony est conçu pour la taille de la vigne, le Cobra, lui, convient à la vigne et aux vergers. Le premier est donc plus léger : 765 g contre 910 g. Sa tête de coupe et sa poignée sont aussi plus fines. Les gâchettes, elles, sont identiques.
Les trois viticulteurs trouvent le Pony léger et le Cobra lourd. Ils apprécient la poignée qui tient bien en main ainsi que la petite course et la nervosité de la gâchette. Toutefois, la garde du Pony, plus petite, irrite le doigt. Le câble, bien maintenu, ne se démonte pas et paraît un peu long.
Le harnais. Cobra et Pony Evo sont équipés du même harnais jugé moyennement confortable par les testeurs. À l'enfilage, un anneau élastique de la ceinture s'est cassé. Et ils ont eu du mal à oublier les 2 kg de batterie qui ballotte dans le dos malgré des bretelles rembourrées. Enfin, les leds tricolores donnant le niveau de charge n'ont qu'une valeur indicative, le constructeur recommandant de recharger la batterie tous les jours.
Mise en route
Le démarrage, sans risque, s'opère par deux appuis successifs, sur l'interrupteur puis la gâchette. La mise en veille - après 30 s d'inutilisation - écarte tout danger. Un double-clic sur la gâchette suffit à réactiver l'outil.
Une fois le sécateur sous tension, on choisit le mode de taille sur un boîtier de commande pratique, fixé à la ceinture : ouverture proportionnelle, partielle (40 ou 70 %) ou totale (100 %) des ciseaux. Inconvénient, l'ouverture partielle n'est possible qu'en mode impulsionnel. Ainsi, un appui sur la gâchette entraîne la fermeture totale de la lame. Nos trois testeurs ont opté pour le mode proportionnel, plus précis et plus sécurisant.
Essai de taille
Le Cobra d'abord. Les tailleurs apprécient sa puissance et la grande ouverture de ses ciseaux, pouvant tailler des bois jusqu'à 35 mm. « La lame, peu incurvée, laisse parfois échapper les plus gros bois », tempère Olivier Chaignaud. Ses deux collègues la trouvent un peu lente et surtout trop tendre. Après avoir sectionné deux fils, l'un d'eux a jugé préférable de la remplacer.
Le Pony ensuite. Léger et maniable, il a fait meilleure impression. « C'est l'outil idéal pour les femmes », assure Olivier Chaignaud. Cependant, ils notent tous que la tête de coupe ne permet pas de tailler des bois de plus de 25 mm. Les options d'ouverture à 40 ou 70 % paraissent dès lors superflues. Le Pony est donc un bon outil pour les vignes jeunes.