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éditorial

Vox populi

PAR BERTRAND COLLARD, RÉDACTEUR EN CHEF DE LA VIGNE - La vigne - n°292 - décembre 2016 - page 7

La révolution numérique n'en finit pas de bouleverser les choses. Voilà que des applis et des sites communautaires se mettent à noter les vins. Chez eux, ce ne sont pas seulement les passionnés qui ont la parole, mais tout le public. Vivino, WineAdvisor, Les Grappes et bien d'autres start-up incitent tout un chacun à noter et à commenter les vins qu'il déguste, comme TripAdvisor nous invite à juger les restaurants et hôtels que nous fréquentons. Pas besoin d'être connaisseur pour s'exprimer.

Bien sûr, cela ne fonctionne pas encore parfaitement. Souvent, ces applis qui prétendent reconnaître quantité de vins rien qu'à la lecture de leur étiquette se trompent ou ne connaissent pas la bouteille que l'on a en main. Mais ces erreurs de jeunesse seront peu à peu réparées. Et plus ces applis reconnaîtront d'étiquettes, plus les consommateurs les utiliseront car ils seront assurés de trouver un avis sur le vin qu'ils s'apprêtent à acheter. Quand on sait combien ils se disent ignorants et perdus face à l'offre de vins, on ne voit pas pourquoi ils se passeraient de leurs services.

Il faut s'attendre à plusieurs évolutions. Pour commencer : impossible de se dérober. En vue d'échapper aux critiques traditionnels que sont les guides et les revues, il suffit de ne pas leur présenter d'échantillons. Avec les sites et les applis communautaires, c'est le public qui décide des vins dont il parle. Il peut s'exprimer sur toutes les bouteilles vendues dans le commerce. Tous ceux qui vendent en direct doivent donc pratiquer une veille sur ce nouveau bouche-à-oreille sans langue de bois, voire virulent lorsqu'il est mécontent de la qualité ou du prix.

Autre changement : tous les vins seront soumis à cette critique communautaire, même ceux de tous les jours. Aujourd'hui, les guides et les revues n'évaluent que les moyens et hauts de gamme. Ils n'ont pas les ressources, ni sûrement l'envie de tout déguster. Le public n'aura sans doute pas leurs réticences.

Les bouteilles offrant le meilleur rapport qualité-prix profiteront de ce nouveau regard. Et peut-être même l'ensemble du marché du vin car les consommateurs peu avertis achèteront plus facilement dès lors qu'ils pourront s'appuyer sur l'avis de leurs pairs. Les viticulteurs, dont la plupart soumettent déjà leurs vins au jugement des concours, des critiques et de leurs clients, devraient tirer parti de cette vox populi.

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