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DOSSIER - Marché foncier : le tour des vignobles

CENTRE Sancerre mène le marché

MARION BAZIREAU - La vigne - n°293 - janvier 2017 - page 41

Les rares transactions foncières du vignoble du Centre Loire se concentrent de plus en plus sur Sancerre.
Dans le Centre-Val de Loire, Sancerre est saturée (ici autour du village de Chavignol) et Menetou-Salon en profite pour augmenter ses prix. © P. ROY

Dans le Centre-Val de Loire, Sancerre est saturée (ici autour du village de Chavignol) et Menetou-Salon en profite pour augmenter ses prix. © P. ROY

Début décembre, Langlois-Château (groupe Bollinger) a racheté le Château de Thauvenay, une belle propriété de 18 ha, située à 5 km de Sancerre. « C'est la seule grosse transaction que notre vignoble a connue cette année », expose Benoît Roumet, directeur du Bureau interprofessionnel des vins du Centre (BIVC). Avant cela, deux autres petits domaines avaient changé d'exploitant, l'un ayant été repris par le fermier en place. En tout, 68 ha se sont vendus dans le Cher en 2016, contre 50 en 2015 et une quarantaine en 2014.

La vente du Château de Thauvenay fait figure d'exception. « Depuis plusieurs années, les transactions visent en majorité des parcelles inférieures à 1 ha », observe Yannick Turpin qui chapeaute la viticulture à la Safer du Cher.

En effet, dans la région, les propriétés viticoles restent longtemps dans les mêmes familles. Les vins du Centre ont la cote, et rares sont les enfants qui ne prennent pas la suite de leurs parents. « À condition de bien anticiper, prévient Benoît Roumet. En vingt ans, le prix des terres a presque doublé. À Sancerre, un hectare peut coûter jusqu'à 170 000 €. Les exploitants doivent très tôt mettre en oeuvre des donations ou créer des GFA familiaux pour faciliter les transmissions. »

Soixante des 68 hectares échangés l'année dernière étaient déjà loués. « Et, comme les années précédentes, dans 80 % des cas c'est le fermier en place qui reprend la parcelle », détaille Yannick Turpin. Ces petites parcelles sont financées par des emprunts bancaires classiques. « Le financement participatif n'est pas encore très présent dans la région. Je n'ai qu'un seul exemple en tête, et c'était pour du matériel, pas sur du foncier », complète Thierry Tuloup, animateur de la viticulture au Cerfrance Alliance Centre.

En 2016, près de neuf ventes sur dix ont concerné des vignes de l'AOP Sancerre. « En 2014 et 2015, on avait plutôt un taux de 60 %. Quelques ventes se font aussi à Menetou-Salon, où il reste de la place, moins de 500 hectares étant plantés sur 1 100 », poursuit Yannick Turpin. Les Sancerrois sont souvent dans le coup. Comme l'AOP Sancerre est saturée, ils élargissent leur gamme dans l'appellation voisine.

À Quincy et Reuilly, où le prix d'un hectare frôle les 70 000 €, il ne se passe presque rien. Même chose à Châteaumeillant. Dans ce vignoble, la coopérative a cessé son activité en 2012. « Du matériel de vinification a alors été mis en commun sous forme de Cuma pour que les gens puissent s'installer et vivre sur de petites surfaces, inférieures à 2 ha », relate Benoît Roumet. Beaucoup d'apporteurs ont revendu leurs vignes à des exploitants de Quincy désireux de produire du rouge et du rosé. Des néovignerons ont également saisi leur chance. Au total, 25 viticulteurs exploitent 60 ha. Les choses ne bougent plus. Les prix aussi se sont calmés : 17 000 €/ha en 2015 contre 25 000 € l'année précédente.

ET VOUS, PENSEZ-VOUS QU'IL FAUT ACHETER ? Jean-Bernard Moindrot, Domaine de Loye, 14,5 ha à Morogues (Cher)

« Oui, car l'appellation Menetou-Salon marche très bien. Mais comme la demande augmente et qu'il y a peu d'offres, les prix ne cessent de grimper depuis une dizaine d'années. Une parcelle plantée de 2,15 ha vient d'être mise en vente pour 190 000 €. De mon côté, j'ai des vues sur une parcelle nue de 2,5 ha, mais il y a du monde sur le dossier. Nous avons 5 ha en fermage que nous aimerions racheter mais les propriétaires sont rarement disposés à vendre. »

ET VOUS, PENSEZ-VOUS QU'IL FAUT ACHETER ? Albin Roux, 11 ha, à Arçay (Cher)

« Oui, mais plus tard. J'ai pris la suite de mes parents en mai 2016 : 8,3 ha en AOP Quincy et 2,7 ha à Châteaumeillant, dont un 1 ha en fermage. Le propriétaire voudrait me les vendre mais je vais attendre au moins trois récoltes. Les prix ont baissé après la fermeture de la coopérative en 2012. Cependant, il faut encore compter près de 18 000 €/ha. Mes parents ont acheté à Châteaumeillant en 2009 pour ajouter du rouge à notre gamme. Je pense plutôt miser sur Quincy où j'ai déjà 4 ha de droits en portefeuille. »

L'essentiel de l'offre

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