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VIGNE

Surfez pour louer vos outils

LUCIE MARNÉ - La vigne - n°294 - février 2017 - page 36

Mettre son matériel en location en quelques clics, c'est désormais possible avec les sites WeFarmUp et VotreMachine.com. Lancés en 2015, ils comptent déjà de nombreux adhérents. Des viticulteurs témoignent.
JEAN PINASSEAUX (à gauche), concessionnaire en charge de la location sur WeFarmUp du pulvé de la caisse de solidarité des Vignerons de Duras, présidée par FABRICE PAUVERT (à droite). © D. BLANC

JEAN PINASSEAUX (à gauche), concessionnaire en charge de la location sur WeFarmUp du pulvé de la caisse de solidarité des Vignerons de Duras, présidée par FABRICE PAUVERT (à droite). © D. BLANC

« J'ai un parc de matériel important et de nombreux outils restent inactifs sous le hangar. Je me suis donc lancé. » Philippe Trabut-Cussac, viticulteur dans l'Entre-Deux-Mers, a décidé de s'inscrire sur VotreMachine.com dès son lancement, fin 2015. Et il n'est pas le seul à surfer sur la toile pour faire travailler son matériel. Lucas Merlo, viticulteur à Gaillac, est inscrit sur WeFarmUp depuis maintenant trois mois : « Je n'utilise ma benne à vendange Sthik que quatre jours par an. Donc autant la rentabiliser et qu'elle dépanne des collègues. »

Comme Lucas Merlo et Philippe Trabut-Cussac, nombre d'agriculteurs mettent en location leur matériel sur WeFarmUp ou VotreMachine.com. Ces deux sites proposent leurs services depuis fin 2015. Aujourd'hui, ils comptent respectivement 3 800 et 2 300 agriculteurs adhérents. « Environ 10 % d'entre eux sont des viticulteurs », se félicite Laurent Bernède, cofondateur de WeFarmUp. Ils sont 5 % sur VotreMachine.com.

Une adhésion facile et intuitive

Pour s'inscrire sur ces sites, il suffit de donner des renseignements sur son domaine ainsi que son numéro de Siret, et le tour est joué. « Si l'on est un peu familiarisé avec Internet, c'est assez intuitif », explique Lucas Merlo. Pour les moins avertis, des animateurs locaux peuvent se déplacer au domicile des candidats ou répondre à leurs questions par téléphone. « Nous disposons aussi d'un service de vidéoconférence sur WeFarmUp », souligne Laurent Bernède.

Pour les loueurs, une fois le domaine inscrit, reste à prendre des photos du matériel à louer puis à en fixer le tarif. Les deux sites proposent des prix indicatifs, mais c'est le propriétaire qui a le dernier mot. « Pour déterminer les prix, nous utilisons les barèmes établis par les chambres d'agriculture », explique Nicolas Sedeuil, chargé des relations avec les clients de VotreMachine.com.

Et quand vient le moment de louer, le locataire et le propriétaire conviennent d'un rendez-vous. Les sites fournissent au loueur un modèle d'état des lieux et un contrat de location. « Pour l'état des lieux, j'ai listé les points de vigilance avec un animateur de VotreMachine.com avant de mettre mon sécateur Electrocoup en location. Nous avons, par exemple, intégré l'état de la lame qui doit être rendue affûtée après chaque location », précise Frédéric Blondeau, producteur d'armagnac dans les Landes.

Une fois l'état des lieux rédigé, le loueur remet le matériel à son confrère en échange d'un chèque de caution dont le montant a été convenu à l'avance. « L'air de rien, ça prend du temps. Il faut compter les coups de téléphone, le temps que les gens attellent les outils et la rédaction de l'état des lieux. Et, à chaque fois qu'un outil revient, il faut de nouveau le régler sur son propre tracteur », admet Philippe Trabut-Cussac, qui hésite à persister dans cette démarche. Malgré le temps passé à inscrire son matériel sur le site, il n'a loué qu'une benne à céréale et un outil de travail du sol.

Des ajustements restent à faire

La location terminée, les sites versent le montant convenu directement sur le compte du loueur... sauf si ce dernier n'a pu fournir tous les documents demandés. « En plus de l'extrait Kbis de ma société et de mon Rib, VotreMachine.com me demande les statuts. Je ne vois pas en quoi ça les regarde. Je refuse de les leur envoyer. Donc, pour le moment, je n'ai pas été payé pour la location de mon sécateur », regrette Frédéric Blondeau.

Pour ceux qui souhaitent louer du matériel, « nous fonctionnons un peu comme une assistance. La plupart du temps, les gens nous appellent en cas de panne. Ils nous demandent de leur trouver un matériel de remplacement dans leur secteur. Tout n'est pas répertorié sur notre site car certains adhérents n'ont pas encore enregistré tous les matériels qu'ils sont susceptibles de louer. Mais en faisant marcher notre réseau, nous pouvons rapidement trouver ce qu'il faut », souligne Nicolas Sedeuil.

Un partenariat avec un assureur

Pour couvrir le matériel et les utilisateurs durant la location, les deux sites ont établi un partenariat avec Groupama. « L'assurance prend en charge le matériel et les personnes dès le début de la location. En cas d'accident, l'assurance du viticulteur n'est pas engagée donc il ne court aucun risque de malus », souligne Laurent Bernède. Le site VotreMachine.com laisse, quant à lui, la possibilité aux viticulteurs - locataires comme propriétaires - de garder leur propre assurance.

Si ces plateformes n'en sont qu'à leurs prémisses, elles annoncent de vastes perspectives de développement. En plus de la location de matériel, VotreMachine.com propose désormais la location de hangar pour stocker du matériel ainsi que des prestations de services pour les matériels difficiles à manipuler. « Des outils de travail au chai pourront également entrer dans la plateforme. Tout reste à développer », s'enthousiasme Laurent Bernède.

Les Vignerons de Duras se lancent

Les 35 viticulteurs de la caisse de solidarité et de prêt mutuel des Vignerons de Duras, dans le Lot-et-Garonne, ont décidé d'inscrire leur structure à WeFarmUp.

La raison ? L'association vient d'acquérir un pulvérisateur d'une capacité de 1 500 l à jet porté et souhaite le mettre à la disposition des viticulteurs environnants en cas de panne ou de casse. « Nous pouvons le faire, puisque nous disposons d'un numéro Siret », explique Fabrice Pauvert, président de la caisse de solidarité. Et pour s'affranchir de la gestion de la location du pulvérisateur, ce dernier a pensé à WeFarmUp. « Le pulvérisateur va rester chez notre concessionnaire Landini qui se chargera de son entretien. Les viticulteurs pourront consulter les disponibilités du matériel directement sur WeFarmUp. » Une campagne de communication auprès de la presse locale va débuter pour faire connaître ce dispositif. « Ce système va même pouvoir servir aux vignerons de Bergerac qui se situent dans la vallée voisine », se félicite Fabrice Pauvert. L'association ne souhaite pas s'arrêter là. Elle projette déjà d'acheter un tracteur vigneron neuf muni d'une cabine de catégorie 4, pour le mettre aussi en location sur WeFarmUp.

LUCAS MERLO, DOMAINE LAUBAREL, 6,5 HECTARES À GAILLAC, DANS LE TARN « Je loue ma benne à vendange 80 €/jour »

« Je me suis inscrit sur WeFarmUp fin 2016. Je propose pour le moment une benne Sthik de 38 hl, des outils de travail du sol (un rotavator, un Actisol et un vibroculteur) et un plateau. Je prête ma benne à vendange à des collègues depuis plusieurs années déjà car je ne l'utilise que quatre jours par an. Mais, en passant par WeFarmUp, cela apporte un cadre juridique en cas de casse ou d'accident. Lorsque j'ai créé mon compte sur Internet, un animateur local de WeFarmUp s'est déplacé pour faire l'état des lieux de mon parc de matériel et pour prendre des photos. Pour fixer les prix, je me suis fié au barème proposé par le site. Je loue la benne à vendange 80 euros la journée avec une caution de 3 000 euros. Mais pour vérifier la pertinence des prix, je compte en faire part à mon comptable à l'occasion de la clôture de l'exercice 2016. Le fait de louer les outils peut sans doute modifier leur amortissement. »

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