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DOSSIER - Phytos : que valent les nouveautés ?

Fongicides Rien ne vaut les classiques

La vigne - n°295 - mars 2017 - page 22

Les produits conventionnels restent le top sur le plan de l'efficacité. Quant au biocontrôle, il progresse.
CONTRE L'OÏDIUM, Yaris fait mieux ou aussi bien que les précédents. © M. FAGGIANO

CONTRE L'OÏDIUM, Yaris fait mieux ou aussi bien que les précédents. © M. FAGGIANO

LE BOTRYTIS peut être combattu avec le produit de biocontrôle Mevalone en complément d'un conventionnel. © C. WATIER

LE BOTRYTIS peut être combattu avec le produit de biocontrôle Mevalone en complément d'un conventionnel. © C. WATIER

POUR PRÉVENIR LE MILDIOU, Bastid (ou Messager) donne de bons résultats associé à un fongicide de contact. © P. PARROT

POUR PRÉVENIR LE MILDIOU, Bastid (ou Messager) donne de bons résultats associé à un fongicide de contact. © P. PARROT

« Yaris est arrivé 1er en efficacité sur notre plateforme d'essais » Bernard Taïx, directeur technique des Établissements Magne (Hérault). © P. PARROT

« Yaris est arrivé 1er en efficacité sur notre plateforme d'essais » Bernard Taïx, directeur technique des Établissements Magne (Hérault). © P. PARROT

« Bastid est le plus régulier des produits de biocontrôle de 2e génération » Thierry Favier, responsable technique vigne à la CAPL Provence-Languedoc.

« Bastid est le plus régulier des produits de biocontrôle de 2e génération » Thierry Favier, responsable technique vigne à la CAPL Provence-Languedoc.

YARIS

« Une nouvelle référence »

Dans l'Hérault, Bernard Taïx, directeur technique des Établissements Magne, est très élogieux envers Yaris. Cet anti-oïdum « est arrivé premier en efficacité sur notre plateforme d'essais, lance-t-il. Placé en deuxième traitement, il renforce les programmes. En situation difficile, nous le préconisons après la fleur, précédé de Collis (QoI) avant la fleur ».

Jérémy Isaac, technicien vigne chez Acolyance, en Champagne, est tout aussi emballé. « Nous avons testé Yaris pendant plusieurs années, explique-t-il. C'est une nouvelle référence, avec un niveau d'efficacité supérieur à Vivando (métrafénone), Kusabi (pyriofénone), Dynali (cyflufénamid et difénoconazole) et égal à Luna Xtend (fluopyram et trifloxystrobine). Ce produit permet d'alterner les matières actives. Nous le préconisons au stade boutons floraux séparés. »

À l'origine de cette efficacité : le Xemium (ou fluxapyroxad), une nouvelle molécule de la famille des SDHI (comme le boscalid et le fluopyram) mise au point par BASF. « Il atteint sa cible plus vite que les autres SDHI, explique Philippe Raucoules, responsable agronomique vigne chez BASF. En outre, une partie du Xemium se fixe à la surface de la plante pour être redistribué à chaque humectation. Yaris assure ainsi une protection de longue durée. »

BASF conseille deux positionnements, toujours en préventif :

« En début de saison, à partir de 2-3 ou 5-6 feuilles étalées, selon les régions, pour réduire la dynamique de la maladie en phase d'installation ; ou bien juste avant ou après le stade fleur », détaille Philippe Raucoules.

Yaris est homologué uniquement contre l'oïdium. Ce spectre très étroit le pénalise. Dans le Bordelais, des distributeurs ne l'ont pas référencé car il n'est pas autorisé contre le black-rot, de plus en plus présent.

« Yaris n'a pas la souplesse d'utilisation de Luna Sensation, également homologué contre le black-rot, note Marius Boivin, responsable division vigne chez Terre Comtoise, en Franche-Comté. Mais c'est une bête de course. Nous le recommandons après la fleur associé à Score (IDM) en cas de black-rot ou à Enervin (amétoctradine et métirame) contre le mildiou. Yaris porte la phrase de risque "susceptible de provoquer le cancer". Il ne peut pas être mélangé à certains produits, comme le folpel. Mais il est d'un bon rapport prix-efficacité. » BASF annonce un prix standard de 28,50 €/ha.

À la CAPL, dans le Maine-et-Loire où le black-rot est peu présent, le nouveau venu a déjà remplacé un autre phyto. « Nous étions insatisfaits du Talendo (proquinazid), indique Sébastien Beauvallet, animateur technique vigne. Yaris donne de meilleurs résultats. Nous l'intégrons en fin de programme, pour permettre au viticulteur de rester serein. En théorie, il doit être renouvelé au bout de 14 jours, mais il peut tenir plus longtemps. »

MEVALONE

« Il fait le job »

« Notre produit de biocontrôle marche aussi bien que les produits conventionnels : il fait le job », annonce Antoine Meyer, président de Sumi Agro France. Ce produit, c'est Mevalone, un antibotrytis à base de trois terpènes (thymol, géraniol et eugénol) encapsulés dans des cellules de levures qui les diffusent progressivement pour assurer 7 jours d'efficacité.

Sumi Agro conseille de l'employer après un premier traitement post-floraison avec un antibotrytis conventionnel. « Dans ces conditions, nous obtenons de 70 à 80 % d'efficacité », assure Gilles Alberto, le directeur marketing.

Toute la difficulté réside dans le positionnement du fongicide qui est un « curatif précoce ». Il doit être appliqué au début des attaques de botrytis. Pour identifier le bon moment, Sumi Agro fournit aux distributeurs le modèle de prévision des risques développé, à cet effet, par la société Promété. « Nous avons testé Mevalone au stade C (véraison), puis l'année suivante au stade C et une semaine avant, indique Jérémy Isaac. Nous n'avons pas constaté une grande efficacité. Mais peut-être était-ce dû au positionnement. »

« Comme il a été homologué tardivement, nous n'avons pas pu le référencer, confie Stéphane Giry-Laterrière, chez Inovitis. Mais nous le proposerons l'an prochain pour répondre à la demande de biocontrôle. »

Mevalone est aussi vendu sous les noms de Yatto et de Nirka. Son prix ? « Entre 130 et 135 €/ha pour deux applications », indique Sumi Agro. Un coût donné pour deux applications parce qu'il en faut deux pour obtenir la même persistance d'action qu'avec un fongicide conventionnel. Ce produit n'est pas homologué en viticulture bio.

COS-OGA

« Il nous faut du biocontrôle »

Des fragments de sucres issus de carapaces de crustacés (le Cos), associés à d'autres sucres provenant de pectines de fruits (Oga) : telle est la composition du produit de biocontrôle lancé par Jouffray-Drillaud et Syngenta. Ce mélange est homologué contre le mildiou et l'oïdium.

Le produit est vendu, sous les noms de Bastid et Blason, par Syngenta et, de Messager, par Jouffray-Drillaud. Il s'utilise en préventif, avec un produit partenaire. « La vigne reconnaît ces composés comme un signal d'attaque et se défend, explique Jean-Baptiste Drouillard, expert technique vigne chez Syngenta. Et d'ajouter : « Au même titre que d'autres SDN, Bastid a besoin d'un complément. »

Contre le mildiou, Syngenta recommande d'associer Bastid avec un fongicide de contact à dose réduite de 30 %. Contre l'oïdium, elle le préconise avec 3 à 5 kg/ha de soufre (Thiovit). « Lors de nos essais, ces associations sont aussi efficaces que le produit de contact seul à pleine dose, y compris par forte pression de mildiou », souligne Jean-Baptiste Drouillard.

En Touraine, Jérôme Fillon, technicien à LVVD, l'a testé contre le mildiou avant la fleur avec du cuivre ou des produits de synthèse à des doses réduites d'au moins 25 %. « L'efficacité est intéressante sur les grappes, mais moins sur les feuilles », note-t-il.

Marius Boivin, responsable de la division vigne à Terre Comtoise, reste plus réservé. « Face à une pression forte d'oïdium, il n'a pas apporté grand-chose avec du soufre. Contre le mildiou, l'efficacité était très moyenne avec du cuivre. Mais nous l'avons référencé car nous devons proposer du biocontrôle. Nous le préconisons pour les derniers traitements. »

Chez Inovitis, en Nouvelle-Aquitaine, Bastid « donne des résultats intéressants contre l'oïdium, indique Stéphane Giry-Laterrière, référent technique vigne. Nous le recommandons face à une pression faible à modérée, en début ou en fin de saison. » Ce distributeur, très prudent, ne préconisera pas forcément de baisser les doses des produits partenaires. « Nous verrons en fonction de la pression des maladies », explique-t-il.

À la CAPL Provence-Languedoc, Thierry Favier, responsable technique vigne, a testé le produit contre l'oïdium pendant trois ans. « C'est le plus régulier des produits de biocontrôle de deuxième génération, déclare-t-il. Nous avons observé jusqu'à 80 à 90 % d'efficacité, avec une demi-dose de soufre. C'est un produit très préventif. Il renforce vraiment les défenses naturelles de la vigne. »

Syngenta conseille deux à quatre applications successives, espacées de huit à dix jours, de la sortie des feuilles au stade boutons floraux séparés, ou de la nouaison à la fin de la fermeture de la grappe. Comptez 45 €/ha.

Spyrit WG : « Pour faire un break »

Lancé par Sapec Agro, Spyrit WG est un antimildiou composé de fosétyl-Al, dimétomorphe (DMM) et folpel. « Ces matières actives assurent une efficacité de haut niveau sur les feuilles et les grappes durant 14 jours », explique Sapec Agro. « C'est un produit original, avec du DMM, une molécule qui fonctionne très bien dans notre vignoble, contrairement au cymoxanil qui n'est plus efficace, indique Marius Boivin, responsable vigne à Terre Comtoise (Doubs). Nous le préconisons après la fleur, pour faire un break entre un passage de Mildicut (cyazofamide et disodium phosphonate) et un d'Enervin (amétoctradine et métirame) ».

Brezza : « Deux IDM complémentaires »

Brezza de Phyteurop est également vendu sous les noms de Safran ou Canadair. Composé de tétraconazole et de fenbuconazole, il est homologué contre l'oïdium et le black-rot et persiste 14 jours. « Ce produit associe deux IDM complémentaires : le fenbuconazole, qui est performant contre le black-rot, et le tétraconazole, qui l'est contre l'oïdium, indique Sébastien Beauvallet, animateur technique à la CAPL (Maine-et-Loire). Le classement toxicologique et écotoxicologique du Brezza est plus favorable que celui de produits concurrents. Nous le préconisons en cas de pression d'oïdium et de black-rot, avant la fleur, en 2e ou 3e traitement ».

Cet article fait partie du dossier Phytos : que valent les nouveautés ?

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