Delta Densilys Simple et efficace

Bucher Vaslin lance un trieur densimétrique compact et facile d'emploi. Deux vignerons qui l'ont testé en avant-première aux vendanges 2016 en sont plutôt contents.

Nouveauté dans le tri de la vendange par densité. Après le Tribaie d'Amos et le Flotatrie développé par Alain Tourenne, voici le Delta Densilys de Bucher Vaslin. Cet équipement repose sur le même principe : la vendange est plongée dans un bain de jus de raisins ou d'eau sucrée dont la densité détermine le niveau de tri des baies. Les éléments les plus légers - baies peu mûres ou brûlées, mais aussi feuilles, pétioles, bout de rafles - restent en surface. Ils sont entraînés à l'arrière de la machine par le courant entretenu dans le bain grâce à une pompe de circulation. Là, ils tombent dans une vis sans fin et sont évacués. Quant aux baies bien mûres, elles tombent au fond de la trémie et sont récupérées par un tapis élévateur et égoutteur.

« Le Delta Densilys est accessible aux petites propriétés. Il est très souple d'utilisation : on peut l'employer sur des grappes entières avant égrappage pour éliminer les parties végétales et les insectes et nettoyer des raisins boueux. Après égrappage, il est intéressant pour la sélection des lots. Les propriétés qui visent le très haut de gamme peuvent s'en servir après un tri optique qui aura éliminé les déchets verts. Ensuite, le Delta Densilys sélectionne les baies les plus mûres », indique Mathieu Boudoux, chef des ventes chez Bucher Vaslin.

Le Château Lugagnac, à Pellegrue (Gironde), a pu tester cet équipement lors des dernières vendanges. Cette propriété est déjà équipée de deux tables de tri : la table vibrante Trio et la Mistral 140 de Vaucher Beguet dotée d'une lame d'air. La première écarte les baies brûlées et les pépins. La seconde élimine les éléments légers ou présentant une surface importante comme les raisins botrytisés ou grillés, les pétioles ou les baies éclatées.

« Nous avons testé Delta Densilys pour avoir un tri des baies en fonction de leur maturité », comme l'explique François-Thomas Bon, le directeur général. Ses équipes ont comparé d'un côté les deux tables de tri du château (Trio et Mistral 140), de l'autre le Densilys en sortie des bennes vibrantes.

« Le volume de baies et de déchets végétaux écartés est beaucoup plus important avec le Densilys car il élimine les raisins insuffisamment mûrs. Sur une benne de 40 hl, on a obtenu 60 kg de rejets avec notre ligne de tri et 120 kg avec le Densilys réglé à une densité de 1 060. Pour les seuls déchets végétaux, le volume éliminé était presque équivalent », a-t-il observé.

Le manager pense qu'à l'avenir, il combinera la table vibrante Trio avec le Densilys. « Trio élimine bien les parties végétales. Cela évitera de surcharger le bain du Densilys. On aura ainsi une meilleure visibilité pour décider du niveau de tri des baies. »

Les vins obtenus avec Delta Densilys « sont plus homogènes, avec de plus jolis tannins et des équilibres plus mûrs », constate-t-il, tout en précisant que 2016 était un millésime confortable. « Pour la campagne 2013, Densilys aurait certainement donné des résultats encore plus probants. »

Outre son efficacité, François-Thomas Bon trouve d'autres qualités à la machine. « Les réglages sont très simples. Elle est facile à utiliser et à nettoyer. Et son prix reste abordable », assure-t-il.

Benjamin Banton, qui codirige Banton-Lauret, a testé ce nouvel équipement lors des vendanges 2016 chez deux de ses clients, et il est tout aussi convaincu. En tant que prestataire de services, il a apprécié la facilité d'implantation du trieur. « Il est compact, facile à transporter et s'intègre aisément dans une ligne existante », souligne-t-il. Autre point fort : il fonctionne sans personnel supplémentaire. Il suffit d'un opérateur pour l'ensemble de la ligne de réception et de tri. « Cet appareil est plus simple à piloter et à manier que les autres trieurs densimétriques du marché alors qu'il est aussi performant en matière de tri », estime-t-il.

David Harté, oenologue chez Banton-Lauret, confirme que les premiers essais ont été concluants. « Nous avions choisi une parcelle de merlot dont la maturité était très hétérogène. Avec une densité de bain à 1082, on a sélectionné environ 60 % des raisins pour la cuvée haut de gamme. Le vin obtenu titre plus de 13 % vol. Il est plus coloré et plus riche en tannins que le vin issu de la même parcelle rentrée sans tri densimétrique », témoigne-t-il.

David Harté note cependant des points à améliorer. Il suggère un dispositif de contrôle instantané de la teneur en sucre du bain, avec, par exemple, des languettes à tremper dans le liquide. « Au fur et à mesure de l'arrivée de la vendange, le bain se salit et sa densité évolue avec les jus présents dans les bennes. » Autre amélioration à prévoir : l'évacuation des baies qui surnagent par un autre dispositif que la vis sans fin. « La vis sans fin mâche ces raisins prévus pour le second vin. Elle les dévalue », avance Benjamin Banton. Enfin, reste à valider la performance de l'appareil avec une vendange abîmée.

Le Delta Densilys est actuellement testé dans l'hémisphère Sud. C'est à l'issue de ces essais que la version définitive sera fabriquée pour les vendanges 2017 en France.