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VIGNE

Recherche Un remède de chameau contre le court-noué

MARION IVALDI - La vigne - n°300 - septembre 2017 - page 38

Le CNRS et l'Inra ont fait produire des anticorps de chameau à un porte-greffe pour l'immuniser, avec succès, contre le court-noué.
SYMPTÔMES de court-noué sur un pied de vigne. © C. STEF

SYMPTÔMES de court-noué sur un pied de vigne. © C. STEF

Immuniser la vigne contre le court-noué ? C'est possible par la voie du génie génétique. Que les anti-OGM se rassurent : pour l'heure, aucune expérience en plein champ n'a été menée. C'est dans leur laboratoire que des chercheurs du CNRS de Strasbourg et de l'Inra de Colmar ont obtenu du 41 B résistant au GFLV, le principal virus du court-noué. Leurs travaux sont parus dans la revue Plant Biotechnology Journal, cet été.

Cette prouesse, les chercheurs la doivent au chameau. Cet animal possède, avec le lama, la particularité de produire des anticorps plus petits que ceux produits par les autres mammifères, très réactifs et qui circulent facilement dans les cellules.

Les perspectives d'application thérapeutiques sont immenses, y compris dans le domaine de la protection des plantes.

Les chercheurs ont exposé un chameau au virus du court-noué (GFLV) pour lui faire produire des anticorps spécifiques de ce virus qu'ils ont extraits et dont ils ont isolé des « nanobodies », minuscules extrémités de ces anticorps. In vitro, ils ont vérifié que ces nanobodies se fixent très tôt et très solidement sur le virus, le neutralisant et empêchant sa diffusion de cellule en cellule. « Cette résistance est à large spectre puisqu'elle est efficace envers de nombreux isolats de GFLV génétiquement différents », explique l'Inra.

Du coup, « on a eu l'idée d'introduire le gène de nanobody reconnaissant le virus du court-noué dans un porte-greffe. Ce travail a été confié à l'Inra », explique Christophe Ritzenthaler, chercheur au CNRS. Depuis cette modification génétique, ce porte-greffe, un 41 B, produit l'anticorps de lui-même. Restait à vérifier qu'il est bien immunisé contre le court-noué. Pour cela, les chercheurs l'ont greffé sur un autre porte-greffe, infecté celui-là par le court-noué. Un travail qui s'est fait en laboratoire et non en plein champ. Les premiers résultats montrent une résistance au virus dans le 41 B exprimant le nanobody. Malgré ce succès, l'Inra s'empresse de préciser qu'il ne s'agit pas de produire des porte-greffes résistants.

Les recherches menées à Strasbourg et à Colmar visent, d'une part, à mieux comprendre le fonctionnement des virus et, d'autre part, à innover dans le domaine de leur détection.

La découverte du CNRS et de l'Inra est désormais libre d'accès au monde entier. Elle devrait intéresser tous les experts de la protection des plantes : à la connaissance de Christophe Ritzenthaler, l'utilisation des nanobodies pour immuniser une plante contre un virus est une première mondiale.

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