Emmanuel Macron a-t-il commis une erreur en annonçant par un tweet l'interdiction du glyphosate dans trois ans ? Beaucoup le pensent. En effet, il a lancé son avertissement quelques heures à peine après le vote par l'Union européenne de la ré-autorisation de l'herbicide pour cinq ans. En un instant, notre président changeait de visage. Jusqu'alors, il avait répété son ambition de relancer la construction européenne. Voilà qu'il s'asseyait sur une décision qui fut très difficile à prendre, après deux ans de débats. Comment relancer cette construction lorsqu'on jette du sel sur une plaie encore vive en réaffirmant, contre l'avis majoritaire, la position de la France ?
Par ce même tweet, Emmanuel Macron a renié sa promesse de campagne qui a le plus séduit le monde agricole. Il y a quelques mois encore, il plaidait pour une « Europe qui fonctionne de la même manière partout ». Il affirmait qu'il ne voulait plus de « surtransposition française » des règlements européens. Tout le monde avait applaudi. Et là, patatras ! Car pour le coup, l'interdiction anticipée du glyphosate est bien une surtransposition, peut-être l'une des plus évidentes qui soit en raison de son coût. Dans notre dossier, nous avons interrogé des viticulteurs qui ont fait leurs comptes. Tous savent que le travail du sol leur coûtera bien plus cher que le désherbage. Beaucoup redoutent de ne pas pouvoir le supporter. Et dans les vignes en forte pente et dans les sols caillouteux, il faudra en revenir au sarcloir et à la binette. Qui y verra un progrès, mis à part les écologistes extrêmes ?
Enfin, Emmanuel Macron nous fait douter de son pragmatisme. Car on ne voit toujours pas où est l'urgence sanitaire et environnementale d'interdire le glyphosate. Une étude publiée mi-novembre sur une vaste cohorte d'agriculteurs américains a même réaffirmé qu'il n'y a pas de lien entre l'utilisation de l'herbicide et la survenue de cancer.
L'urgence environnementale est dans la lutte contre le réchauffement climatique. S'il maintient sa décision, Emmanuel Macron l'écorne. En effet, les exploitations qui se passent d'herbicides consomment 20 % de carburant de plus que les autres comme le montre une nouvelle étude parue dans les Côtes-du-rhône. Pas sûr que cela arrange la planète.