Définir les grandes orientations de l'agriculture et de l'alimentation pour les années à venir, tel était l'objectif des États généraux de l'alimentation (EGA). « Vous pouvez être fiers du travail accompli », a déclaré Stéphane Travert, le ministre de l'Agriculture, lors de la journée de clôture de ces EGA, le 21 décembre, à Paris.
Mais l'événement s'est déroulé sans les représentants de la filière viticole. Ni Jean-Marie Barillère, président du Cniv, ni Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vins de FranceAgriMer, n'y ont participé. « Nous avions dit que nous ne viendrions pas si l'Élysée n'éclaircissait pas la politique de santé publique à l'égard du vin. Cet éclaircissement n'est pas venu. Nous ne sommes pas allés à la clôture des EGA », justifie Jean-Marie Barillère.
À l'origine de ce courroux, la « stratégie nationale de santé 2018-2022 qui classe le vin au même niveau que les drogues illicites et se fonde sur la dénormalisation du vin », a dénoncé le Cniv, dans un communiqué publié deux jours avant la clôture des EGA. Ce mot « dénormalisation » a fait bondir la filière. « Nous sommes conscients que la consommation excessive est dangereuse. Mais la consommation raisonnable peut être bénéfique. C'est cette consommation conviviale qui a fait la renommée de la France », souligne Jean-Marie Barillère.
Pour marquer sa colère, le Cniv n'a pas rendu le plan de transformation de la filière viticole que le gouvernement lui avait demandé, comme à toutes les interprofessions agricoles. Le document est prêt, mais il est resté dans les tiroirs.
Un boycott de la filière viticole qui n'a certainement pas ému Stéphane Travert. « Le gouvernement a dressé une feuille de route basée sur vos recommandations. La plupart sont consensuelles, d'autres le sont moins. Sur cette base, le gouvernement fera des choix », a-t-il déclaré. La viticulture a-t-elle bien fait de bouder ? Le 5 janvier, elle n'avait pas obtenu le moindre signe de l'Élysée.
Glyphosate Sortie confirmée
Lors de la clôture des EGA, le Premier ministre Édouard Philippe a confirmé la volonté du gouvernement « d'exclure et substituer les molécules et les produits dangereux » et de sortir du glyphosate d'ici trois ans, mais après une nouvelle évaluation de la dangerosité de ce produit. Puis il a annoncé la séparation des activités de conseil et de vente des pesticides. Il a précisé que la redevance pour les pollutions diffuses sera modifiée afin de financer l'accompagnement des agriculteurs dans la réduction de l'usage des pesticides. Enfin, il a annoncé un nouveau programme pour développer l'agriculture biologique qui devrait être présenté d'ici le Salon de l'agriculture. « Le gouvernement est prêt à reprendre à son compte l'objectif de 15 % de surface agricole utile française en 2022, contre 6 % aujourd'hui. »