Anne-Cécile Delavallade, directrice du service Économie et Études du CIVB est formelle : « Après cinq mois de campagne, le cumul des enregistrements en vrac en bordeaux rouge est en avance par rapport à la campagne passée. La progression de ces volumes est tirée par le millésime 2016. Il s'agit du plus haut niveau de transactions depuis la campagne 2012-2013. »
Contrairement aux transactions sur l'ancien millésime, celles sur le nouveau sont en net recul (-19 %). À Mourens, Ghislain Dubourg ne se précipite pas pour vendre son 2017. Ce viticulteur qui exploite 50 ha vend 99 % de sa production en vrac, dont 80 % en bordeaux rouge. Il a présenté ses vins aux concours de Paris, Bordeaux, Mâcon et Lyon. « Si nous obtenons des médailles, nous pourrons négocier les prix avec le négociant qui prend tout notre vrac depuis dix-sept ans », lâche-t-il. Des médailles qui font grimper le prix du tonneau. Mais pas seulement.
La récolte 2017 est en fort repli après le gel du printemps dernier. Le marché en subit le contrecoup. La production ne semble pas pressée pour vendre. Dans ce contexte, le prix moyen du vrac est nettement orienté à la hausse. Après cinq mois de campagne, le prix moyen pondéré du tonneau de 900 litres a bondi de 1 272 € (141 €/hl, tous millésimes) en 2016-2017 à 1 465 € (161 €/hl) cette année, soit 15 % de mieux.
Une augmentation qui fait s'interroger Philippe Malet, acheteur de la maison de négoce Sovex : « Nos clients vont-ils suivre ou se détourner vers d'autres AOC ? C'est toute la question. »
Dans l'affaire, Philippe Cazaux, directeur de l'Union de Guyenne, à Sauveterre-de-Guyenne, estime que les coopératives doivent jouer un rôle de modérateur : « Nous devons privilégier une vision sur le long terme avec le négoce plutôt que de jouer la flambée des prix et le court terme. »
Le courtier Didier Lacoste, basé à Libourne, observe que « le négoce reste prudent. Il fait le tri et n'est pas prêt à acheter n'importe quoi ». Mais il doute qu'au bout du compte la sagesse l'emporte. Et de prédire un scénario identique à celui de 2013 : petite récolte, qualité moyenne et flambée des prix.