Conférence internationale sur les maladies des plantes AFPP, la session moyens alternatifs

La neuvième Conférence internationale sur les maladies des plantes organisée à Tours par l'AFPP (1) les 8 et 9 décembre 2009 a consacré une session aux moyens alternatifs. Elle a respecté deux « règles de trois ». Dans la forme d'abord avec trois types de communications, comme pour les autres sessions : 2 communications orales complètes et détaillées, la présentation rapide de 8 communications posters et enfin 3 posters étudiants. Mais aussi, dans le contenu des interventions, trois types de moyens : les extraits végétaux, les microorganismes et les SDN. Évocation.

Pour cette neuvième CIMA, allait-on assister enfin à une explosion du nombre de présentations sur la protection des cultures à l'aide de moyens alternatifs ? Le contexte étant favorable et les marchés s'ouvrant, on pouvait s'attendre à ce que de nombreux laboratoires et sociétés viennent présenter ce qui constituera demain un nouveau marché florissant.

Ce ne fut pas réellement le cas ; le nombre de publications n'a pas été significativement supérieur à celui des conférences passées.

Égypte, Algérie, Cameroun

Ce qu'il faut retenir de cette session, c'est dans un premier temps que la recherche de moyens alternatifs à la lutte chimique n'est pas le monopole de notre pays ou de notre continent, mais représente aussi une préoccupation importante de l'autre côté de la Méditerrannée.

Concombre, aromates contre mildiou

Ainsi, lors d'une communication orale complète, nous avons eu le plaisir de voir un représentant du Plant Pathology Research Institute d'Égypte nous apporter des éléments de lutte contre le mildiou du concombre causé par Pseudoperonospora cubensis, problème présent en Égypte mais aussi en France.

Il s'agissait de tester au champ six extraits de plantes aromatiques. Comparés au témoin traité à l'eau, tous ont un effet sur la maladie. Ceux du romarin, de la citronnelle, du basilic et de l'eucalyptus sont supérieurs à ceux de la menthe poivrée et de la marjolaine.

Aromates contre bactéries

Les Universités de Sétif, de Bejaia et Ferhat Abbas, en Algérie, ont abordé le sujet des extraits de plantes pour lutter contre divers pathogènes des cultures, notamment des bactéries, précisément divers pathovars de Pseudomonas syringae. Elles aussi ont testé des extraits de plantes aromatiques. Il s'agit d'huiles essentielles d'Ammoides verticillata (ammoide verticillé) et Thymus numidicu s (thym de Numidie). Elles ont été testées au laboratoire.

Mangues, huiles essentielles contre maladies de conservation

Quant à l'Université de Dschang, au Cameroun, elle nous a présenté elle aussi des essais de laboratoire. Elle a testé deux huiles essentielles contre le champignon responsable de l'anthracnose de la mangue, maladie de conservation problématique pour cette culture.

Il semble que le mélange d'huiles de graines de Piper guineense (poivre de Guinée) et de Monodora myristica (muscadier du Gabon) ait un effet intéressant. A suivre !

En France

Il faut aussi signaler les présentations réalisées par les instituts et sociétés françaises.

Carotte, Trichoderma contre Pythium

La société Agrauxine et le Sileban ont abordé le thème de la lutte contre le cavity spot de la carotte à l'aide d'une souche bien identifiée de Trichoderma atroviride. Dans une communication orale détaillée, ils ont rapporté des essais en conditions contrôlées sous serre mais aussi en plein champ avec inoculation artificielle de Pythium. Comparés à ceux du témoin non traité et même à un fongicide chimique, les résultats sont très encourageants.

Légumes, fleurs, chrysanthème et rouille blanche

Bretagne Biotechnologie Végétale a proposé une présentation générale de ses travaux sur la protection alternative en cultures florales et légumières, et une autre donnant l'exemple des travaux réalisés en laboratoire sur la rouille blanche du chrysanthème à l'aide de SDN (stimulateurs de défenses naturelles des plantes) et de préparations naturelles.

Vigne, phosphonates contre mildiou et oïdium

Sujet d'actualité : les phosphonates. L'INRA de Villenave-d'Ornon a abordé la lutte contre l'oïdium et le mildiou de la vigne à l'aide de SDN, notamment ces phosphonates. Au menu : du travail de laboratoire pour tester les effets et étudier leurs bases génétiques, et de l'essai au vignoble pour comparer certains des SDN.

Mention pour étudiants

Enfin, accordons une mention particulière aux trois posters de très grande qualité réalisés par des étudiants. En évoquant leurs thèmes :

– Recherche d'un produit contre Pectobacterium atrosepticum, bactérie macergène de la pomme de terre ;

– Tests de quatre phytostimulants contre l'oïdium du rosier ;

– Stimulation des défenses naturelles et stress abiotiques, quelles interactions ?

Voilà qui nous fait espérer que les futures conférences AFPP sur les maladies des plantes verront apparaître des sessions moyens alternatifs conséquentes.

À quand les grandes cultures ?

Pour conclure, il faut regretter que la lutte alternative ne concerne encore que des cultures, certes importantes, mais représentant relativement peu d'hectares. Il serait particulièrement séduisant de voir se bousculer des propositions de lutte contre les maladies des céréales, oléagineux, protéagineux et autres cultures majeures... Cela traduirait réellement les nouvelles orientations de la protection des plantes, orientations qui, en bonne entente avec les solutions chimiques actuelles, devraient permettre de réconcilier l'opinion publique et la lutte phytopharmaceutique. Rêvons d'une 10e CIMA où la lutte alternative ne fera plus l'objet d'une session particulière mais fera partie intégrante de la conférence.

L'ensemble des publications dans leur intégralité est disponible auprès de l'AFPP.