L'homme ne vit pas seulement de pain... Mais, mine de rien, les grains de céréales sont à la base d'une bonne part de notre alimentation. D'où l'importance de leur qualité sanitaire. Certains de ses éléments ont à voir avec la santé des plantes avant la récolte, puis celle des grains après. Éclairage.

En 2011, on parle beaucoup de sécurité sanitaire de l'alimentation. Loin des coups médiatiques, une nouvelle intéressante à ce sujet est la publication de l'« EAT 2 », Étude de l'alimentation totale menée par l'Anses(1) analysée en p. 13 de ce numéro. Elle a évalué l'exposition des consommateurs aux contaminants chimiques – « chimiques » au sens de produits inertes. Et pointé, parmi 445 substances recherchées, 49 « à risque » : celles auxquelles l'exposition du public peut représenter un risque. 45 (métaux lourds, dioxines, PCB, etc.) ont peu à voir avec la santé végétale. En revanche...

Mycotoxines « au champ »

p. 18, champignon producteur de DON dans l'épi de blé et débris de la récolte précédente

En revanche, trois des autres contaminants(2) « à risque » sont des mycotoxines produites au champ par des maladies des céréales et trouvées ensuite dans les grains ! Il s'agit du DON, déoxynivalénol, et de deux de ses dérivés. Le DON est un trichothécène produit principalement par Fusarium graminearum. C'est dire l'intérêt des travaux visant à mieux connaître les facteurs favorisant la contamination des blés par F. graminearum. Voici p. 18 une étude de l'influence des débris de la récolte précédente sur l'infection du blé par F. graminearum.

p. 22, du côté de l'orge et des toxines T2 et HT2...

Les toxines T2 et HT2 sont produites par d'autres champignons du genre Fusarium, surtout le sournois F. langsethiae. On les trouve à des taux plus bas que le DON mais elles sont toxiques à des taux plus bas aussi. La précision des analyses ne suffit pas toujours à évaluer le risque. L'EAT 2 les classe comme des contaminants sur lesquels elle ne peut conclure.

En attendant, le travail présenté p. 22 sur des orges (et un peu sur du blé) permet de mieux comprendre F. langsethiae, les toxines T2 et HT2 et leurs relations avec d'autres Fusarium et mycotoxines.

Bio-agresseurs « de stockage »

p. 27, protection intégrée des denrées stockées, le tour du Monde

Place ensuite aux échos d'un colloque international sur la protection des denrées stockées. Côté mycotoxines, les vedettes furent les aflatoxines produites par des moisissures de stockage. Elles posent problème, pas en France mais sous des climats plus chauds.

On y a aussi beaucoup parlé d'insectes. Et de la protection des grains contre eux. Elle fait partie du secteur phytosanitaire et peut utiliser des insecticides phytopharmaceutiques. Mais aussi une foultitude d'autres méthodes en pleine évolution à intégrer dans les silos : la protection intégrée gagne du terrain.

p. 33, du blé, des silos, des capucins (entre autres) et... du balai !

Retour en France, avec une enquête sur la présence des insectes dans les silos de blé tendre. Vu sa méthode d'échantillonnage, elle n'est pas représentative du taux d'infestation des blés français, mais elle donne des indications sur :

– des ravageurs qui semblent en déclin (charançon du blé) ou en recrudescence (capucin des grains, voir photo de couverture) ;

– les pratiques favorisant ou défavorisant les insectes ; parmi ces dernières à conseiller, il y a le nettoyage des grains (tamisage) et celui des locaux : aspirateur voire balai !

<p>(1) Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.</p> <p>(2) Le quatrième, l'insecticide diméthoate, est utilisé sur et trouvé dans des fruits et légumes. Voir p. 13.</p>