Le 19 de ce mois de juin, lors de son Assemblée générale, l'UPJ a publié les chiffres des marchés des produits de nutrition et protection des plantes en zones non agricoles, ainsi que des biocides d'utilisation professionnelle, et fait le point de ses activités.
Le syndicat professionnel a accentué ses missions d'information, notamment sur les bonnes pratiques et le certiphyto dans un contexte mouvementé, et en direction des pouvoirs publics avec des actions sur la TVA des produits phytopharmaceutiques. Récapitulons.
Marchés des produits jardin et espaces verts, chiffres-clés
Phytos pro, tendance structurelle à la baisse
Après trois années successives de forte baisse du marché des produits phytos (= phytopharmaceutiques) professionnels, le mouvement ralentit en 2011 sans s'inverser : 40,871 millions d'euros de chiffre d'affaires contre 40,912 millions en 2010 soit une baisse de 0,10 % (Figure 1).
Sachant que le marché avait baissé de 2005 à 2006 puis stagné entre 2006 et 2008, il s'agit bien de baisse structurelle. Les produits les plus impactés sont les herbicides totaux (– 1 %) et surtout les herbicides sélectifs arbres et arbustes (– 28 % en un an, voir figure 2). Cette évolution s'explique en grande partie par la pression sociétale qui pousse de nombreuses collectivités à mener des plans de désherbage excluant à terme l'utilisation de tout produit chimique.
Jardin, valeur refuge pour les phytos et la nutrition
Le marché du jardin d'amateur se porte mieux que le secteur professionnel avec un chiffre d'affaires de 233,246 millions d'euros en hausse de 5,12 %, produits de protection et de nutrition confondus (Figure 3, p. 36). Côté protection, le marché des produits phytos grimpe de 10,44 % mais sans retrouver le niveau de 2009 après une baisse en 2010 (revoir figure 1).
On peut faire l'hypothèse d'un marché structurellement stable mais fluctuant au gré des aléas climatiques.
La hausse de 2011, tirée par les produits mixtes et divers, coïncide avec l'arrivée de nouvelles gammes de produits naturels et donc utilisables en agriculture biologique (UAB), mais il est impossible de mesurer l'impact de ces nouvelles gammes.
Concernant la nutrition, les supports de culture connaissent une augmentation encore plus forte puisque de l'ordre de 12,23 %, suivis des engrais classiques (Figure 3 page 36). En revanche on note une forte baisse des engrais mixtes (–30 %) et des engrais pour plantes d'appartement (–21 %).
Biocides, santé publique oblige !
Il reste les produits biocides destinés aux professionnels, un marché de 10,056 millions d'euros (Figure 4 page 36).
La mission de ces produits relève de l'intérêt général. Certains évitent la propagation de maladies, cas de rodenticides (contre la leptospirose propagée par les rats) et des anti-moustiques dans certaines zones. D'autres contribuent à la sécurité, cas des anti-mousse pour surfaces dures (anti-glissade) et des anti-termites (solidité du bois). Les rodonticides et les anti-mousse sont en baisse (30 % et 25 % respectivement), les anti-rampants, anti-mouches/moustiques et anti-termite en hausse (64 %, 298 % et 14 % respectivement).
TVA produits non classés : rêve ou réalité ?
Loi de Finances, pourquoi il fallait l'amender
En novembre dernier, toute l'interprofession s'est mobilisée dans le cadre du remaniement de la loi de finances.
Un projet de taxer les produits phytos a été proposé au Sénat puis est arrivé en lecture finale à l'Assemblée nationale. Au départ, il prévoyait une taxation indifférenciée pour tous les types de produits et de zones.
L'UPJ a alerté les pouvoirs publics car, au contraire du monde agricole, ni les utilisateurs professionnels des collectivités ni les particuliers ne récupèrent la TVA.
La mesure concernant les collectivités locales n'aurait rien apporté aux finances publiques, ces collectivités payant le surplus de taxes versé au ministère des Finances. Et elle touchait directement le pouvoir d'achat des jardiniers amateurs ce qui était injuste. Par ailleurs, la justification de la mesure était d'encourager le remplacement de pesticides chimiques supposés dangereux par des produits alternatifs : comment justifier une taxe égale pour tous les produits phytos, même alternatifs et non dangereux ?
Amendement UAB adopté, restent les « non classés »
En février 2012, l'UPJ alertait sur le refus de différencier les produits, notamment ceux portant la mention EAJ(1)). Les parlementaires ont finalement opté pour conserver un taux réduit sur les produits portant la mention UAB (utilisables en agriculture biologique). L'amendement 7 a été voté pour ramener le taux de TVA pour ces produits phytosanitaires UAB à 7 %.
L'UPJ tente depuis lors de faire adopter cette même mesure de réduction sur les produits dits non-classés(2) pour le jardin et les espaces publics, en cohérence avec le rapport publié par le député Antoine Herth(3).
Dans l'entre-deux du Certiphyto, retour sur expérience
Rappel des faits
Le décret sur le certificat individuel des professionnels ayant affaire aux produits phytos, dit « certiphyto », était publié le 20 octobre 2011, suivi le 22 de ses arrêtés d'application sauf celui concernant les personnels des collectivités territoriales. Aujourd'hui, où en est cette obligation réglementaire ?
Sont soumis au certificat individuel les applicateurs, distributeurs et conseillers, mais aussi les fabricants de produits phytos. Il est important, afin d'obtenir son sésame, de connaître la réglementation, les bonnes pratiques d'utilisation et d'application pour sécuriser l'applicateur et limiter les impacts sur la qualité de l'air et de l'eau.
Les modalités d'obtention du certificat sont, au choix :
voie 1) un diplôme de moins de 5 ans ;
voie 2) une formation ;
voie 3) une formation et un test (type QCM),
voie 4) un test (type QCM).
En ZNA, le certiphyto est valable 5 ans (pour les agriculteurs et leurs salariés, il est valable 10 ans) et doit être renouvelé 3 mois maximum avant sa fin de validité.
Où l'obtenir ? Il faut se rapprocher de la DRAAF dont on dépend afin de connaître la liste des centres de formation et des organismes certificateurs.
La date limite pour être certifié en ZNA est le 1er octobre 2013 pour les conseillers, distributeurs et applicateurs agissant dans le cadre d'une prestation de service (ex. entreprise du paysage). Elle est le 1er octobre 2014 pour les autres applicateurs professionnels : jardiniers d'espaces verts et terrain de sports privés ou de collectivités territoriales (municipalités, départements, régions…)
Collectivité, 4 mois de décalage
Attention : pour le personnel des collectivités territoriales, l'arrêté d'application a été publié le 23 février 2012, soit 4 mois après les arrêtés concernant les autres catégories. Le 22 mai dernier, lors d'un colloque organisé par l'AFPP, le représentant du ministère chargé de l'agriculture signalait qu'on ne pouvait pas encore commencer leurs formations en attente de précisions sur le dispositif.
On voit que diverses questions restent sans réponse, les autorités apportent des pistes de réflexion au cas par cas. L'UPJ tente donc d'éclaircir certains points.
Pour faire le point, rendez-vous à Salon Vert 2012
Un colloque de septembre 2011 a traité de réglementation. Vu l'évolution depuis lors, il convient de répondre aux nouvelles questions par une seconde édition.
Le 19 septembre 2012, l'UPJ proposera aux visiteurs du prochain Salon Vert une intervention sur l'après-Certiphyto : « Un an avant l'échéance de la réforme de l'agrément, retour sur expériences de certifiés en espaces verts (collectivités, entreprises de distributions, fabricants, application). »
Des décideurs en espaces verts (collectivités), opérateurs (privés), centres de formation, fabricants et distributeurs interviendront pour témoigner de cette phase d'entre-deux et proposeront un rappel sur les points d'étape de l'agrément et de la certification.
L'UPJ s'adresse à tous les publics dans le cadre de sa mission d'information.
Clinique des plantes
En « live » du printemps à l'automne
Les cliniques organisées par les médecins bénévoles de l'UPJ se sont multipliées en 2012. Pas moins de trois éditions au printemps et deux autres sont programmées cet automne.
Paris a accueilli sa première clinique à l'occasion de la manifestation « Jardins Jardin », qui s'est déroulée aux Jardins des Tuileries du 31 mai au 3 juin (photos).
Avant cela, les médecins ont célébré le printemps à Savigny-le-Temple à l'occasion de la première édition du Printemps des Jardiniers les 24 et 25 mars. Le Domaine de Saint-Jean-de-Beauregard a accueilli la Clinique du 30 mars au 1er avril.
Le même Domaine prévoit de recommencer en septembre (du 21 au 23). La saison des Cliniques s'achèvera avec l'édition 2012 de Plantes en fête à Sainte-Anne-d'Auray (Morbihan), les 6 et 7 octobre.
Disponible aussi sur internet
Ces rendez-vous témoignent de l'intérêt grandissant du public pour les cliniques. Les conseils des « experts » du jardin sont de plus en plus appréciés par les jardiniers amateurs.
Afin de mieux répondre aux nombreuses demandes, l'UPJ dématérialise la Clinique des Plantes afin qu'elle fonctionne tout le temps. Déjà, on peut joindre les médecins des plantes toute l'année par mail (upj@upj.fr), sur Twitter (@cliniqueUPJ) et Facebook (« La Clinique des Plantes »).
Une solution de diagnostic en ligne est en cours de mise au point. L'outil sera assez intelligent pour déceler les symptômes d'un excès d'arrosage (ou l'inverse) ou d'une mauvaise exposition.
Gratuit sur le net, il proposera des conseils ciblés afin de prévenir toute attaque de ravageur ou d'anticiper le développement d'agents pathogènes. On pourra probablement le trouver en magasin, surtout jardineries, en complément du conseil des vendeurs.
Il reste à évoquer un gros chantier de l'UPJ, le Pacte pour le jardin… Voir p. 40
<p>(1) EAJ = emploi autorisé en jardins (sous entendu « d'amateurs ») ; pour obtenir cette mention officielle, les produits doivent proposer une sécurisation accrue.</p> <p>(2) Exemptés des classements toxicologique et environnemental, après tests officiellement reconnus ayant vérifié leur innocuité en la matière.</p> <p>(3) Rapport sur le biocontrôle publié le 19 avril 2011 dans le cadre du plan Ecophyto suite au Grenelle de l'Environnement.</p>
Fig. 1 : Évolution des chiffres d'affaires annuels, de 2005 à 2011, (en millions d'euros) des adhérents de l'UPJ.
Fig. 2 : Chiffres-clés 2011 des phytos espaces verts
Répartition des 40 871 K € de chiffre d'affaires total des produits phytos destinés aux espaces verts en 2011, et évolution de chaque secteur par rapport à 2010.
N.B. : Chiffre d'affaires global en baisse de 0,10 % en 2011 par rapport à 2010.
Fig. 4: Chiffres-clés 2011 des biocides « pros ».
Répartition des 10 056 K € de chiffre d'affaires total des produits biocides à l'usage des professionnels en 2011, et évolution par rapport à 2010.
N.B. : C.A. global en baisse de 1,85 % par rapport à 2010.
Fig. 3: Chiffres-clés 2011 des jardins.
Répartition des 233 246 K € de chiffre d'affaires total des produits phytos et de nutrition en 2011, et évolution par rapport à 2010.
N.B. : C. A. global en hausse de 5,12 % par rapport à 2010.
Une offre de plus en plus large pour les jardiniers à la recherche de « Produits Naturels »
Environ 250 attestations délivrées (contre 188 il y a un an, voir le n° 645 de Phytoma de juin 2011) pour la marque « Produits Naturels ». Un succès qui est le reflet d'une demande des consommateurs.
Ces produits sont certifiés 100 % naturels, par Qualité France. Si cette marque ne concerne à l'heure actuelle que les amendements organiques et supports de culture, cette tendance au « naturel » se confirme par le développement de nombreuses gammes chez les fabricants.