Sur le métier

Emmanuel Audoin à l'affût des futurs audits qualité

PAR CHANTAL URVOY - Phytoma - n°667 - octobre 2013 - page 47

Un organisme certificateur ne se résume pas aux auditeurs que l'on peut croiser sur le terrain. C'est ce que l'on découvre en rencontrant Emmanuel Audoin, chef de projet chez Bureau Veritas. Sa mission ? Anticiper les besoins des entreprises en matière de certification, bâtir une offre de service, prévoir les ressources humaines nécessaires, puis passer la main aux collègues qui planifient et traitent les audits.
 Photo : C. Urvoy

Photo : C. Urvoy

Quand on parle d'organisme certificateur à une entreprise, ce qu'elle connaît surtout, c'est l'auditeur qui vient s'assurer du respect de tel cahier des charges ou de tel référentiel. Mais ce n'est que la pointe de l'iceberg ! Derrière se cache toute une fourmilière qui travaille en amont, voire parfois très en amont comme c'est le cas d'Emmanuel Audoin, chef de projet du département agro-industrie chez Bureau Veritas à Rennes.

Auditeurs et back-office

Ingénieur agricole de formation, avec deux années d'études aux États-Unis, Emmanuel Audoin a passé seize ans en entreprise où il a touché à tout : la technique, le commercial, la recherche et développement, l'informatique et même la qualité qui l'a amené à être audité, notamment par Bureau Veritas…

En 2010, il passe de l'autre côté de la barrière en entrant comme chef de projet au département agro-industrie de l'organisme certificateur, ce qui lui permet d'allier toutes les compétences développées auparavant et sa maîtrise de l'anglais.

« Bureau Veritas, c'est 60 000 personnes dans le monde dont 8 000 en France, précise notre chef de projet. Nous sommes présents sur tout type de métiers. En France, 250 personnes travaillent pour l'agroindustrie, département qui va de la fourche à la fourchette. La moitié sont des auditeurs, l'autre moitié assurent la relation commerciale, préparent les dossiers de certification, planifient le travail des auditeurs et traitent ensuite les audits une fois réalisés. »

Anticiper les besoins de demain

Chef de projet chez un organisme certificateur, ça veut dire quoi au juste ?

« Ma mission comprend à la fois de la recherche et du développement, du marketing et un peu de commercial pour préparer nos domaines d'intervention de demain. En un mot, anticiper les missions futures de nos auditeurs. » Deux moyens pour flairer la bonne piste : une veille en interne auprès de ses collègues pour collecter les remontées du terrain en termes de besoins en certification des entreprises.

« Après un premier tri, je creuse pour voir ce qu'il est possible de certifier pour ensuite construire une offre de service. »

Autre piste : la réglementation. « Il faut être proactif pour capter les opportunités qui peuvent s'en dégager. » Et cela a été le cas avec le nouvel agrément phyto obligatoire depuis ce 1er octobre 2013, qui implique entre autre la certification de l'entreprise (distributeurs, applicateurs…).

« Quand les textes officiels sont parus en octobre 2011, je travaillais déjà sur le sujet en échangeant avec les organisations professionnelles concernées. »

Prévoir les ressources nécessaires

Anticiper pour Emmanuel Audoin, c'est également prévoir les besoins en ressources humaines. En la matière, la certification des entreprises phyto fut un tsunami à gérer !

« Nous avons d'abord identifié les auditeurs en place capables de conduire ces nouveaux audits, puis prévu des formations complémentaires ainsi que le recrutement d'une trentaine de personnes, à la fois pour le terrain et le backoffice, pour atteindre une centaine d'auditeurs phyto. »

Fin septembre, après un pic d'activité l'été, Bureau Veritas avait délivré environ 2 000 certificats d'entreprise.

Auditer et certifier les entreprises

Pour ceux qui ne sont pas habitués aux démarches qualité, l'audit peut faire peur.

« Il se fait toujours sur rendezvous », rassure Emmanuel Audoin. Pour la certification d'entreprise, une demi-journée minimum par site est nécessaire pour vérifier la conformité de 35 à 40 points.

« Les trois quarts se situent sur des documents, d'où l'importance de bien les classer. »

S'y ajoute une partie interview : le salarié doit expliquer comment il manipule les produits phytosanitaires afin de vérifier que la procédure écrite est réellement bien appliquée. Il y a ensuite des contrôles visuels tels que celui du local phytosanitaire.

« Pour qu'un audit se passe bien, l'entreprise doit s'y préparer à l'aide d'autodiagnostics par exemple, se rendre disponible pour l'auditeur en évitant de répondre au téléphone, et rester courtoise », conseille Emmanuel Audoin.

À la fin, l'auditeur explique les non-conformités.

« Nous en relevons en moyenne quinze sur quarante points à vérifier. Elles sont souvent d'ordre administratif, faciles à corriger. Les entreprises nous envoient alors les documents manquants. »

Une fois tout en ordre, l'entreprise reçoit son certificat.

Durabilité et commerce équitable

Pendant que les auditeurs sont en plein rush pour certifier les entreprises, Emmanuel Audoin est déjà passé aux dossiers suivants. S'il ne nous en dévoilera pas les thèmes, il nous laisse entendre que l'avenir se situe entre autres autour des questions de durabilité et de commerce équitable.

« Il faut que nous soyons présents sur ces sujets en France et à l'international, car les autres Bureau Veritas dans le monde s'appuient sur ce que développe le département agroindustrie en France. Ma mission s'internationalise donc souvent », souligne notre chef de projet, qui ajoute : « Nos clients ont de plus en plus besoin de réassurance. » Il ne craint pas de s'ennuyer !

BIO EXPRESS

EMMANUEL AUDOIN

1987-1992. Formation d'ingénieur à l'École supérieure d'agriculture d'Angers (Maine-et-Loire) avec une dernière année aux USA.

1993. Master's Degree aux USA.

1994-1998. Responsable environnement à l'ugpvb(1) à Rennes (Ille-et-Vilaine). 1998-2003. Responsable du groupement de producteurs de lapins Syprolap (Ille-et-Vilaine).

2003-2009. Occupe successivement plusieurs postes chez Sanders à Bruz (Ille-et-Vilaine) : appui technique et commercial, recherche et développement, informatique.

Depuis 2010. Chef de projet chez Bureau Veritas à Rennes.

(1) Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne.

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