Totalement « phytosanitaro-phytopharmaceutique » lors de sa création en 2001, Adivalor a sans cesse élargi son activité de collecte et valorisation de déchets à de nombreux secteurs de l'agrofourniture. Mais le « phyto » reste une de ses grandes réussites et ne cesse d'améliorer ses performances ! Bilan 2014 et conseils pratiques.
Emballages collectés et rincés
Le taux de récupération des EVPP continue d'augmenter
En 2014, 83 % du gisement des emballages vides de produits phytosanitaires (EVPP) a été collecté contre 80 % l'année précédente, 78 % en 2012, 77 % en 2011, 73 % en 2010. Une progression constante, donc.
Dans le détail, les emballages plastique représentent 85 % du gisement d'EVPP en France. Leur collecte, lancée dès 2001 lors de la création d'Adivalor, a atteint 90 % du gisement contre 84 % en 2013. Sachant qu'une bonne part des emballages restants sont acheminés dans les déchetteries acceptant ce type de déchet, la marge de progression est limitée ; autrement dit, il sera difficile de faire mieux les prochaines années.
Les boîtes et sac en carton et papier représentent 14 % du tonnage total des EVPP. Leur taux de récupération reste à 35 % en 2014 comme en 2013 (c'était 20 % en 2012). Cela laisse une marge de progrès. Rappelons que les collectes de ces emballages ont été lancées en 2004.
Le recyclage grâce au rinçage
Point intéressant : le taux de valorisation en recyclage des EVPP sous forme de bidons en plastique a atteint 66 % de la collecte (contre 60 % en 2013). Cette performance est permise par un rinçage soigneux des bidons qui est quasi généralisé. Hélas, quelques bidons non rincés suffisent à déclasser un lot qui devra alors partir en « valorisation énergétique », c'est-à-dire à l'incinération en cimenterie. C'était le sort de tous les EVPP jusqu'en 2009, année de démarrage de la valorisation par recyclage.
Précision : les bidons de qualité recyclable sont vendus aux recycleurs, et cela allège d'autant la facture des collectes...
Les bonnes pratiques en la matière
Rappelons que les bidons en plastique doivent être rincés, soit à l'aide d'un rince-bidon inclus dans l'incorporateur du pulvérisateur ou mobile, soit par l'eau courante. Dans ce dernier cas, il est recommandé de rincer trois fois... sans oublier de garder ses gants en nitrile durant les manipulations.
De toute façon, l'opération se fera pendant la préparation de la bouillie, et l'eau de rinçage sera incorporée dans la bouillie de pulvérisation.
Ensuite les bidons doivent être laissés à sécher, orifice en bas si possible. Plusieurs sociétés vendent des égouttoirs à bidons. Une fois secs, les bidons pourront être placés dans les sacs Adivalor en attendant la prochaine collecte. Les bouchons doivent être rincés, séchés et stockés séparément.
Les produits phyto non utilisables
Inévitables PPNU de croisière
Revenons au bilan d'Adivalor : les stocks « historiques » de PPNU sont quasiment résorbés. Selon le rapport d'activité 2014, les stocks résiduels « concernent désormais moins de 10 % des exploitations agricoles ». Mais faut-il encore les collecter...
De plus, des PPNU « de croisière » sont générés tous les ans. En effet, certains produits deviennent inutilisables car :
- détériorés au stockage (par le gel, un coup de chaleur, voire la température ambiante pour les produits de biocontrôle à base de micro-organismes vivants) ;
- devenus périmés après « oubli » dans le local (le plus souvent, il s'agit de produits cachés à la vue par d'autres plus récemment achetés).
Certes, des bonnes pratiques permettent de limiter ce type de PPNU (voir Tableau 1), mais il arrive qu'elles ne soient pas mises en oeuvre parfaitement.
Que celui qui n'a jamais fouillé dans sa boîte à pharmacie et découvert que le médicament recherché est en fait périmé jette la première pierre aux agriculteurs ainsi qu'à l'auteure de ces lignes.
De plus, même avec des pratiques de stockage absolument rigoureuses, il y aura toujours des produits :
- techniquement périmés car achetés au cas où se produirait une attaque de tel ou tel bioagresseur, puis finalement non utilisés car le bioagresseur ne s'est pas manifesté pendant toute la durée de validité du produit ;
- retirés du marché après leur achat, puis non utilisés pendant la durée du délai d'écoulement des stocks, là encore parce que le bioagresseur ne s'est pas manifesté entretemps
Bilan 2014
Deux cent vingt tonnes de ces produits ont été récupérés via Adivalor en 2014. C'est un peu plus que les trois années précédentes (177 tonnes en 2013, 137 tonnes en 2012, 176 tonnes en 2011) mais très loin du record de 2 500 tonnes de 2004, une des années de récupération des stocks historiques.
En tout, 10 700 tonnes auront été récupérées sur treize ans.
Actuellement, on tourne toujours autour des 200 tonnes par an.
Les produits non utilisables doivent être stockés
Les collectes de PPNU n'ayant pas lieu tous les six mois, ces produits doivent être stockés en attendant. Il existe des règles pour cela, et des conseils à donner.
Le Tableau 2 récapitule les bonnes pratiques en la matière - ainsi que les mauvaises à éviter soigneusement.
Autres déchets « phyto »
Les films agricoles usagés (FAU), dont font partie les films de paillage
Certains des déchets collectés sous l'égide d'Adivalor n'ont rien à voir avec les pratiques phytosanitaires (Encadré 1). D'autres les concernent plus ou moins.
C'est le cas des FAU, films plastique usagés : à côté des bâches d'ensilage et couvertures de serre, se trouvent les films de paillage plastique. Ils font partie des 28 400 tonnes de films de maraîchage collectés en 2014 et recyclés à 99 %. Ils représentent deux types de méthode alternative à l'emploi de produits phyto :
- la gestion des adventices par blocage physique de leur pousse (effet « paillage ») ;
- la lutte directe contre des nématodes, des champignons du sol et/ou encore des adventices (effet « solarisation »).
En revanche, le début de récupération des filets paragrêle (voir Encadré 2) ne prévoit pas encore celle des filets Alt'Carpo, outil de lutte physique contre le principal ravageur du pommier. Dans quelques années, ces filets seront « en âge d'être recyclés ».
Déchets d'effluents
Par ailleurs, depuis 2011, Adivalor continue à honorer ses contrats de collecte des déchets secs de trois procédés de traitement des effluents phytosanitaires :
- ceux de l'Osmofilm (bâche avec résidu de l'évaporation des effluents) avec la société Axe Environnement ;
- ceux de l'Héliosec (bâche avec résidu d'évaporation) avec la société Solhead ;
- ceux du BF Bulles (boues résiduelles après coagulation-floculation puis filtration des effluents et consommables) avec la société Vitivista (bientôt Jade).
Et les ÉPI ?
Concernant la récupération des équipements de protection individuelle (ÉPI) usagés, Adivalor continue de participer aux opérations pilotes organisées en Champagne-Ardenne, Lorraine et Pays de la Loire évoquées l'an dernier.
Elle a réalisé l'étude de faisabilité d'une filière nationale de collecte que nous avons déjà évoquée. Fin 2014, le comité de préfiguration de l'organisation a été mis en place, et la création est prévue en 2016 avec le début des collectes. Cela avance !
1 - Les collectes qui tournent chez Adivalor : récapitulatif 2014
En 2014, Adivalor a collecté 68 000 tonnes de plastiques et emballages usages collectés, soit 9 000 tonnes de plus qu'en 2013 (plus15 %).
Cela représente :
- 6 300 tonnes d'EVPP (emballages vides de produits phyto et assimilés) soit 83 % du gisement français ;
- 6 700 tonnes de big bags (grands emballages) de semences, plants de pomme de terre et engrais, soit 82 % du gisement français ;
- 49 200 tonnes de films en plastique agricoles usagés (71 % du gisement), dont 21 100 pour l'élevage (bâches d'ensilage) et 28 100 pour le maraîchage (films de paillage au sol et films de couverture de serre) ;
- 725 tonnes d'EVPHEL (emballages de produits d'hygiène d'élevage laitier) : 55 % du gisement ;
- 538 tonnes de sacs en papier de semence soit 18 % du gisement (le double de 2013, collecte lancée en 2012) ;
- 4 329 tonnes de Fifu (ficelles et filets usagés) : ficelles et filets balle rondes, soit 17 % du gisement (filière lancée en octobre 2013).
Par ailleurs, 220 tonnes de PPNU (produits phyto non utilisables) ont été collectées en 2014, portant à 10 700 tonnes la quantité collectée en treize ans.
2 - Développements en cours
La collecte de filets paragrêle (pour vergers) a démarré en mars 2015. À suivre !
Les trois contrats pour les déchets de traitements des effluents continuent.
Le travail pour préparer la mise en place de la filière ÉPI est en cours, les opérations pilotes se poursuivent (voir paragraphes ci-contre).
D'autres opérations pilotes sont menées : collectes d'emballages vides de produits oenologiques et d'hygiène de cave dans les vignobles bordelais et champenois à la suite d'une étude de faisabilité de 2006.