Le 28 septembre, l'Anses a révélé les résultats de son étude de l'alimentation totale infantile (EATi) sur l'exposition alimentaire des moins de 3 ans. En quoi cela concerne-t-il la santé végétale ? Réponses.

L'EATi est la troisième EAT, étude de l'alimentation totale menée par l'Anses. La seconde a été commentée dans Phytoma en septembre 2011(1). Pourquoi avoir mené ce nouveau travail ? Pour deux raisons :

- les enfants de moins de 3 ans ayant un régime particulier, l'EAT2 ne permettait pas d'évaluer leur exposition ;

- les enfants sont « plus sensibles » .

Il a fallu six années de travail : des aliments « régulièrement consommés par les enfants » ont été achetés en grandes surfaces, sur des marchés, etc., préparés « tels que consommés » (lavés, épluchés, mélangés et/ou cuits) et les échantillons composites obtenus ont été analysés.

Les analyses portent sur 5 484 produits donnant 457 échantillons composites. Moins que dans l'EAT2 car les jeunes enfants ont un régime moins varié que les plus grands.

En revanche, l'EATi analyse 670 substances au lieu des 445 pour l'EAT2. « L'ensemble des groupes de substances considérées dans l'EAT2 » y figurent, plus, par exemple, le bisphénol A et les phtalates, non pris en compte par l'EAT2 faute d'outils analytiques à l'époque.

Résultat : l'exposition est évaluée pour 500 substances et le risque pour environ 400 d'entre elles.

Globalement, « un bon niveau de maîtrise sanitaire » est constaté.

Mais l'Anses appelle à une « vigilance particulière » pour neuf substances car l'exposition d'une partie des enfants est « supérieure aux valeurs toxicologiques de référence » (VTR). L'Anses recommande donc de réduire l'exposition à ces substances.

Deux ont un rapport avec la santé végétale : ce sont des mycotoxines :

- DON (déoxynivalénol) et dérivés ;

- toxines T2 et HT2.

Les sept autres sont l'arsenic inorganique, le plomb, le nickel, le PCDD/F, le PCB, l'acrylamide et le furane.

Par ailleurs, « le risque ne peut pas être écarté » pour six éléments traces métalliques (aluminium, cobalt, strontium, méthylmercure, sélénium et cadmium), plus la génistéine.

Et les pesticides ? Parmi les 469 recherchés, 78 (17 %) ont été détectés, dont 37 (8 %) quantifiés. « Aucun résidu n'a été quantifié dans deux tiers des aliments analysés. » Pour 278 substances (détectées ou non), « aucun dépassement des VTR n'a été observé ».

En revanche, « le risque ne peut pas être écarté » pour la dieldrine et le lindane, interdits mais persistants, ainsi que le PTU (propylène thiourée), métabolite du propinèbe. Le lindane et le PTU n'ont pas été trouvés et la dieldrine dans un seul échantillon. Afin de pouvoir conclure sur ces substances, l'Anses recommande « une amélioration des performances analytiques des laboratoires ».

Quant aux 188 autres pesticides (détectés ou non), leur risque n'a pas pu être caractérisé vu l'absence de VTR. Parmi ces 188, 17 « méritent prioritairement d'acquérir des données complémentaires pour conclure sur le risque associé ».

(1) « Alimentation et santé, l'exposition... », Phytoma n° 646, août-sept. 2011, p. 13 à 16.