DOSSIER - Bonnes pratiques

Moyens des bonnes pratiques : nouveaux EPI et autres outils

MARIANNE DECOIN, Phytoma. - Phytoma - n°703 - avril 2017 - page 22

La réglementation française a reconnu le caractère d'équipement de protection individuelle (EPI) à certaines combinaisons réellement portables sur le terrain. Des modèles sont déjà disponibles, et le lancement d'autres outils est à signaler.
1. Combinaison de la gamme Aegis. Photo : Axe Environnement.

1. Combinaison de la gamme Aegis. Photo : Axe Environnement.

2. Ensemble veste-pantalon de la même gamme. Photo : Axe Environnement

2. Ensemble veste-pantalon de la même gamme. Photo : Axe Environnement

3. Combinaison Cepovett. Photo : BASF

3. Combinaison Cepovett. Photo : BASF

4. Gants et tablier de préparation ôtés, on garde le vêtement (ici le Cepovett) pour partir traiter. Photo : BASF

4. Gants et tablier de préparation ôtés, on garde le vêtement (ici le Cepovett) pour partir traiter. Photo : BASF

Soulignons d'abord un point important : l'emploi d'EPI (équipements de protection individuelle) pour appliquer les produits phyto, préparer le traitement ou nettoyer le matériel est une bonne pratique... mais ce ne doit pas être la seule !

Aucun EPI à lui seul ne protège éternellement à 100 % des produits. Ceci étant, cette pratique est exigée par la réglementation.

Rappel de la réglementation

Une exigence des AMM

Le saviez-vous ? Cela fait belle lurette que les AMM (autorisations de mise sur le marché) des produits phyto exigent que ces derniers soient appliqués avec des équipements de protection. Mais les anciennes AMM évoquaient « des équipements appropriés » sans plus de précision...

Depuis 2013(1), les AMM de nouveaux produits et les renouvellements d'AMM d'anciens précisent le type d'EPI à porter selon chacun des trois moments de risque de contact avec les produits :

- préparation du traitement ;

- application proprement dite ;

- nettoyage du matériel.

Gants et tabliers normés et certifiés

Parmi ces EPI, les gants de protection et les tabliers « partial body » pour préparer le traitement et nettoyer les appareils sont certifiés depuis longtemps (Encadré 1). Phytoma en a parlé(2). Mais aujourd'hui, il y a du nouveau concernant la protection corporelle.

2016 : sortie de deux avis

Fini le cruel manque de normes

En effet, le 9 juillet dernier, le JORF(3) publiait un avis aux « fabricants, distributeurs et utilisateurs » d'EPI protégeant des produits phyto via des combinaisons et ensembles veste-pantalon. Suivait, le 13 juillet, un avis aux fabricants et demandeurs d'AMM de produits phyto.

Certes, depuis 2013, de nombreuses AMM de produits, relayées par la prescription agricole(4), exigent, pour appliquer le produit depuis un tracteur à cabine filtrante et/ou sur des cultures basses, une combinaison en polyester-coton (65/35 %) d'au minimum 230 g/m2 et munie d'un traitement déperlant destiné à repousser les liquides (gouttelettes de pulvérisation par exemple) sans bloquer les échanges thermiques.

Cette option est portable en pratique. Mais il n'existait ni normalisation ni certification de tels vêtements comme EPI, donc pas de garantie d'efficacité. Les avis de juillet dernier remédient à ce fait.

Ils précisent à quelles conditions des combinaisons ou ensembles veste-pantalon sont des EPI au sens de la réglementation européenne (directive 89/686/CEE). Ils doivent être certifiés selon une norme internationale codée ISO 27065, laquelle est en cours de révision. L'État français participe à la préparation de cette révision. De ce fait, son contenu lui est connu.

Les autorités françaises ont donc anticipé la publication de la norme internationale en publiant ses exigences dans les avis de juillet, et en certifiant des vêtements en quelque sorte « normalisés d'avance ».

Déjà plusieurs options

Chez Axe Environnement

Deux modèles ainsi certifiés pour la protection phytosanitaire ont été lancés le 3 novembre dernier. Axe Environnement qui les a mis au point avec Bayer inaugure avec eux la gamme Aegis, clin d'oeil à l'égide, bouclier de Zeus, roi des dieux grecs, et de sa fille Athéna.

Il s'agit d'une combinaison à capuche amovible et d'un ensemble veste-pantalon, tous deux en polyester-coton à effet déperlant (dû au tissu lui-même et renforcé par un traitement déperlant). Une aération dans le dos, protégée par un rabat, améliore le confort. Le design vise à allier sécurité (double zip, poches à rabat, etc.) et discrétion : cet EPI certifié ressemble à une simple combinaison de travail (photos 1 et 2).

Les deux modèles sont lavables et garantis efficaces jusqu'à quinze cycles d'entretien (lavage, séchage, repassage). Attention, le repassage est obligatoire : la durabilité du traitement déperlant est à ce prix !

Chez Cepovett

Le 28 février dernier, en marge du Sima, le confectionneur français de vêtements de travail Cepovett présentait sa combinaison certifiée élaborée avec BASF (photo 3).

Le tissu, du coton-polyester (coton majoritaire, 250 g/m2), est fabriqué par la société TDV, elle aussi française. Il n'y a pas de traitement déperlant mais la résistance à la perméation a été testée dans les règles de la future norme. La combinaison est garantie pour trente lavages, sans repassage obligatoire. Bien sûr, tout a été pensé pour allier confort (aération dorsale sous rabat), sécurité (double zip à rabat, poches à rabat, poignée élastiquée) et aspect de vêtement de travail classique.

Depuis lors, la société a obtenu la certification pour une combinaison polyester/coton (le premier majoritaire) avec traitement déperlant. Elle est garantie elle aussi pour trente lavages ; là encore le repassage n'est pas obligatoire.

Chez Ouvry

Enfin, le 2 mars et sur le Sima, le ministère de l'Agriculture organisait une réunion sur ces nouveaux EPI certifiés, une occasion de réunir de façon sereine un éventail de participants allant du président de l'association Phyto-Victimes à la directrice de l'UIPP.

La salle était ouverte aux fournisseurs déjà cités, plus la société Ouvry. Son modèle (marque Polyagri) a été certifié à dire d'experts vu sa technique particulière de protection basée sur l'utilisation du charbon actif. Cette technologie filtrante protège des liquides (éclaboussures, pulvérisation) mais aussi des vapeurs et, affirme le fabricant « maintient le confort thermique du porteur » sans aération dorsale. Cet EPI est adapté aux traitements sous serre ainsi qu'en vigne ou verger avec tracteur sans cabine

Pour tous, quelques conseils

Quand et avec quoi les porter

Rappelons ici des bonnes pratiques valables quel que soit le vêtement choisi :

- pour préparer la bouillie mais également pour nettoyer le matériel, compléter la protection par un tablier certifié (Axe Environnement et Cepovett en proposent) et des gants eux aussi certifiés ;

- pour appliquer le produit sur cultures basses (avec cabine filtrante ou matériel à réduction de dérive), retirer le tablier et les gants et garder le vêtement comme sur la photo 4... en n'oubliant pas d'avoir en réserve une paire de gants à usage unique en cas d'incident.

Le tout sans oublier la protection faciale adaptée au type de produit : selon le cas, lunettes de protection, masque ou visière protégeant le visage des poussières et projections de liquide.

Après, attention, les laver à part !

Ensuite, nous l'avons vu, tous ces vêtements de protection sont lavables. Ils doivent être lavés à part des autres vêtements de travail et des vêtements familiaux.

À conserver en attendant...

Une fois tous les lavages réalisés, ces vêtements deviennent des EPI-U (équipements de protection individuelle usagés). Ils seront à éliminer comme tels.

Pour l'instant, les collectes d'EPI-U d'Adivalor récupèrent des gants, visières, lunettes, masques (+ filtres et cartouches), bottes, surbottes, manchettes, tabliers et combinaisons à usage limité, mais pas le textile. Il faut stocker ces vêtements à part des autres EPI en attendant la création de collectes.

Fiabilité limitée

Enfin, répétons qu'aucun EPI ne garantit à lui seul une sécurité absolue. D'abord, leur usage n'est une bonne pratique phytosanitaire que s'il respecte ses propres bonnes pratiques : ne pas sortir le portable avec ses gants souillés pour le mettre à l'oreille puis le remettre dans sa poche à rabat, penser à repasser ces vêtements si le matériau l'exige, ne pas continuer à les utiliser après le nombre de lavages garantis...

Ensuite, même bien utilisé, aucun EPI ne peut protéger éternellement à 100 % de l'ensemble de tous les produits...

Cela vaut autant pour les phytos que pour les biocides (hygiène d'élevage par exemple), produits vétérinaires, hydrocarbures et autres peintures, poussières... Mais ceci est une autre histoire.

(1) « Cadre réglementaire : nouveaux conseils sur les EPI », Phytoma n° 673, avril 2014, p. 12 à 15. (2) Même référence, plus « Protection individuelle : sortir du tout ou rien », Phytoma n° 683, avril 2015, p. 22 à 28, « Outils des bonnes pratiques, des matériels mobiles », Phytoma n° 663, avril 2013, p. 32 à 37, « Outils de sécurité pour l'applicateur », Phytoma n° 653, avril 2012, p. 26 à 29, « Les OFDI, mais ça existe ! », Phytoma n° 644, mai 2011, p. 27 à 31 et « Traiter en sécurité, les EPI en question », Phytoma n° 634, mai 2010, p. 32 à 36. Pour les abonnés, articles disponibles dans nos archives. (3) Journal officiel de la République française. (4) Du secteur public (ministère de l'Agriculture, Anses) à l'UIPP, Union des industries de la protection des plantes, en passant par la MSA, les chambres d'agriculture, les fournisseurs d'approvisionnement agricole... (5) Voir Phytoma n° 699, décembre 2016, p. 4.

1 - Rappel : de la nécessité des gants et tabliers

Le port de gants de protection normalisés et certifiés comme EPI de catégorie III (= certifiés par un organisme habilité) est désormais demandé par les AMM des produits. En effet, les mains sont la partie du corps globalement la plus exposée, et leur protection est :

- primordiale pour la préparation, moment du plus fort risque de contact ; il faut des gants réutilisables certifiés selon la NF (norme française) EN 374-3 ;

- très importante lors du nettoyage du matériel (même type de gants) ;

- utile lors de l'application ; pour les traitements depuis un engin équipé d'une cabine filtrante, les gants sont utiles si l'on sort de la cabine pour gérer un incident, par exemple remplacer une buse ; il faut avoir en réserve des gants de protection certifiés à usage unique (NF EN 374-2) et les enlever quand on remonte dans la cabine pour ne pas polluer le volant ni l'atmosphère intérieure.

Rappelons qu'il faut « se rincer les gants » AVANT de les ôter. Ce qui ne dispense pas, bien entendu, de les enlever précautionneusement et de se laver les mains ensuite !

Des tabliers sont demandés par ailleurs, dans les AMM, pour préparer le traitement et nettoyer le matériel. Ces tabliers, eux aussi des EPI certifiés, sont étanches aux éclaboussures et pas seulement aux pulvérisations. Leur matériau, plus protecteur que le tissu des combinaisons citées dans cet article, est moins confortable mais ils sont « partial body »: ils ne couvrent que les bras et l'avant du corps, l'arrière n'étant pas exposé à ces moments-là.

2 - D'autres outils des bonnes pratiques

Les vêtements présentés ici ne sont pas les seuls outils de bonnes pratiques lancés depuis un an. En voici quelques autres.

Le site Mon Phyto Pratique de l'UIPP, lancé en février 2017, propose ses conseils en accès libre. Il compte trois rubriques :

- « Informez-vous », des fiches sur les dangers des produits phyto, la gestion des incidents et pollutions ponctuelles, l'hygiène et l'organisation du travail, le matériel de traitement, les EPI et la gestion des effluents et déchets ;

- « Gestes-clés », avec trois « tutos » (vidéos tutorielles) sur l'hygiène en fin de chantier, l'entretien de la cabine et la protection des mains ;

- « Testez-vous », un quiz en trois versions plus ou moins courtes à remplir.

BASF a à son actif, en plus de l'EPI Cepovett :

- le lancement, en octobre 2016, du service en ligne Observ'access ; destiné aux distributeurs, il complète le service Observ'online de valorisation des observations dont ces distributeurs disposent ; son but est de « booster et valoriser les observations issues des outils d'enregistrement du conseil » ;

- la 7e édition de « Mes Anti-sèches phytos ! », manuel papier cartonné toujours demandé car utile à avoir sous la main à l'heure des portables qui se déchargent plus vite que leur ombre...

- le nouveau kit terrain optimisé pour le service « Évidence » de diagnostic visuel de qualité de pulvérisation ;

- la version mobile de l'OAD « Atlas Maladies du blé ».

Enfin, Bayer lance l'EasyFlow M, nouvelle version de ce remplisseur de pulvérisateur sans contact avec le produit, adaptée à de nouveaux matériels.

RÉSUMÉ

CONTEXTE - Des avis officiels publié en juillet 2016 permettent de faire certifier des vêtements comme EPI des applicateurs de produits phytopharmaceutiques.

NOUVEAUX EPI - De ce fait, Axe Environnement associé à Bayer et Cepovett associé à BASF proposent désormais des combinaisons et/ou ensemble veste-pantalon certifiés « EPI phyto ». Ouvry propose une combinaison certifiée à dire d'experts.

RAPPEL - C'est l'occasion, d'une part, de rappeler l'intérêt des gants de protection certifiés (NF 374-3 et 374-2) et des tabliers certifiés « partial body » avec leurs moments d'utilisation et, d'autre part, de signaler de nouveaux outils des bonnes pratiques.

MOTS-CLÉS - Bonnes pratiques phytosanitaires, sécurité, EPI (équipements de protection individuelle), certification « EPI phyto », norme ISO 27065, vêtement, combinaison, gants, tablier.

POUR EN SAVOIR PLUS

CONTACT : m.decoin@gfa.fr

LIENS UTILES : www.journal-officiel.gouv.fr

http://mon-phyto-pratique.fr

BIBLIOGRAPHIE : voir notes 1 et 2 p. 23.

L'essentiel de l'offre

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