Chez Adivalor, Gaël Denizart coordonne la mise en oeuvre des collectes de déchets agricoles notamment phytosanitaires. Ses missions ? Conseiller les distributeurs sur la meilleure stratégie de collecte à adopter et les aider à communiquer, accompagner la formation des agents ou encore organiser la logistique de récupération en vue de recycler les déchets collectés.

Délégué régional d'Adivalor, Gaël Denizart se situe à un carrefour stratégique du bon fonctionnement du recyclage des déchets agricoles, notamment phytosanitaires. Pour bien comprendre sa mission, plantons le décor.

Créé en 2001, Adivalor organise la collecte et le recyclage des déchets de l'agriculteur jusqu'au traitement final : produits phytosanitaires (emballages vides depuis 2001, PPNU(1) depuis 2003, EPI(2) depuis 2016), emballages vides de produits d'hygiène de l'élevage laitier et de la filière oenologique, big-bag et sacs plastiques d'engrais, sacs de semences et plants, films plastiques, ficelles et filets. Aujourd'hui, la structure compte dix-huit salariés et la filière 300 000 agriculteurs, 1 300 opérateurs de collecte (coopératives et négoces principalement) et 385 industriels fournisseurs.

Coordonner les acteurs

Chacun a sa mission. Les agriculteurs trient et apportent leurs déchets aux dates et lieux fixés par les opérateurs de collecte. Les industriels contribuent au financement via une écocontribution. Et pour bien huiler tous les rouages, six collaborateurs d'Adivalor oeuvrent sur le territoire découpé en trois délégations régionales. La délégation gérée par Gaël Denizart couvre 52 départements et collecte 30 000 t de déchets par an. Il coordonne localement la mise en oeuvre et la logistique des collectes et appuie techniquement les porteurs de projets. « J'anime le grand quart Nord-Est de ma délégation et je suis secondé par deux collègues sur le Centre-Est et le Sud-Est. La zone que je suis étant à dominante grandes cultures, le gisement de déchets est très centré sur les emballages vides de produits phytosanitaires et d'engrais. »

Conseil, formation, communication

Plus de 500 opérateurs ont une convention avec Adivalor dans la délégation Est. Gaël Denizart les conseille pour l'organisation de leurs collectes. « La stratégie optimale pour collecter un maximum de déchets tout en étant le moins cher possible varie en fonction de la taille de la structure, de son gisement de déchets, du public concerné... » Il forme également les agents chargés de la collecte. « Il faut par exemple les sensibiliser à la "qualité" des déchets, indispensable pour obtenir un très bon taux de recyclage. » Cela passe par un bon tri de la part des agriculteurs mais également par un contrôle par les agents lors des collectes. Gaël Denizart propose aussi aux collecteurs des outils de communication, par exemple la réalisation d'affiches personnalisées avec leur logo pour qu'ils puissent communiquer auprès des agriculteurs.

Logistique

Une fois la collecte terminée, les déchets sont acheminés sur des plateformes spécialisées dans le tri et le compactage. Objectif : les déchets étant foisonnants, cette étape est indispensable pour réduire les coûts de transport vers les recycleurs. « Référencer ces plateformes prestataires, négocier les prix et les plans de charge fait également partie de ma mission. J'en ai une trentaine sur ma délégation. Je forme aussi leur personnel. Ceux-ci travaillent en effet avec tout type de déchets. Il faut donc leur expliquer la particularité des nôtres, comment les trier, les mettre en balle. » Une fois les balles réalisées, Gaël Denizart passe la main au service valorisation d'Adivalor qui gère l'acheminement des produits vers les recycleurs. Aujourd'hui, plus de 80 % des déchets sont recyclés.

PPNU et EPI à part

Si la collecte d'EVPP(3) est classique, celle des PPNU et des EPI est bien différente. « Ces deux déchets sont des produits dangereux. La collecte doit donc se faire à part et implique le respect de contraintes ICPE(4) par les collecteurs, ce qui explique que tous les distributeurs ne le font pas. Entre 2003 et 2008, Adivalor a déstocké environ 10 000 t de PPNU en France. Depuis 2009, nous sommes entrés dans une phase de routine, avec 200 t par an. » Les EPI utilisés lors de l'emploi de produits phytosanitaires ou de semences traitées sont collectés en même temps que les PPNU, et ce depuis 2016. C'est donc tout récent. « Nous en collectons encore peu en grandes cultures car ils sont peu utilisés, beaucoup plus en vigne ou cultures spécialisées. » PPNU et EPI sont acheminés directement des organismes collecteurs aux centres de traitement basés en France.

Soutien aux projets

Gaël Denizart apporte également son soutien à des porteurs de projets, comme par exemple la mise en place de parcours pédagogiques de gestion des déchets dans des lycées agricoles. « Je peux aussi conduire des opérations pilotes au niveau régional qui peuvent ensuite être étendues au niveau national. Cela a été le cas en Champagne avec le CIVC(5) avec qui je travaillais depuis dix ans sur le recyclage des emballages vides de produits oenologiques, filière qui démarre cette année au niveau national. »

Pour l'avenir, se pose la question de l'impact des changements qui attendent le secteur de la distribution (séparation du conseil et de la vente, vente des produits par internet...) sur la collecte et le recyclage des déchets notamment phytosanitaires.

(1) Produit phytosanitaire non utilisable.(2) Équipement de protection individuelle.(3) Emballage vide de produit phytosanitaire.(4) Installation classée pour la protection de l'environnement.(5) Comité interprofessionnel du vin de Champagne.