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dossier - Bonnes pratiques phytosanitaires après les traitements

Adivalor, dernier maillon mais maillon fort

Marianne Decoin* - Phytoma - n°626 - octobre 2009 - page 42

Nouvelles de la filière de collecte, récupération et traitement des déchets phytopharmaceutiques
Sache Adivalor et égouttoir à bidons au bord de l'aire de remplissage d'un agriculteur. Les EVPP, une fois rincés, peuvent être laissés ainsi. Pas les PPNU ! ph. M. Decoin

Sache Adivalor et égouttoir à bidons au bord de l'aire de remplissage d'un agriculteur. Les EVPP, une fois rincés, peuvent être laissés ainsi. Pas les PPNU ! ph. M. Decoin

À Avize, les emballages papier-carton et les bouchons (à gauche) sont séparés des bidons (à droite). ph. M. Decoin

À Avize, les emballages papier-carton et les bouchons (à gauche) sont séparés des bidons (à droite). ph. M. Decoin

Comme tous les ans, ce dossier bonnes pratiques donne des nouvelles d'Adivalor, la filière de récupération des déchets de l'agrofourniture que les autres nous envient. C'est que la bonne gestion des déchets ultimes de traitements phytosanitaires est le dernier maillon de la chaîne des bonnes pratiques mais non le moindre en terme de préservation de l'environnement. Alors, quoi de neuf depuis mars 2008 ? La récupération des EVPP continue à se développer, celle des PPNU a vécu sa première année d'après programme de déstockage, celle des EVPF a transformé l'essai lancé en octobre 2007, celles des FAU et des big-bags de semences démarre à fond en 2009, celle des Osmofilms commence ce mois-ci et les projets mijotent. Tour d'horizon, en promettant que tous ces sigles barbares seront expliqués d'ici trois petites pages.

Voyons d'abord le métier historique d'Adivalor avec la récupération des EVPP et PPNU. Il s'agit bien sûr des emballages vides de produits phytos(1) et des produits phytos non utilisables. Adivalor a démarré ce travail en 2001.

EVPP, toujours plus

Globalement

En 2008, selon le rapport d'activité d'Adivalor, 4 950 tonnes d'emballages vides ont été collectées soit 64 % du tonnage produit dans une année, grâce à la mobilisation de précisément 1 064 sociétés privées ou coopératives collectrices. Elles récupèrent les emballages des produits phytos dont elles sont distributrices... plus bien souvent ceux vendus par d'autres sociétés.

Quoi qu'il en soit, ce taux de récupération est excellent quand on le compare avec celui d'autres filières (produits pharmaceutiques, produits chimiques des professionnels du bâtiment type peinture et solvants, sans compter les produits chimiques ménagers).

Et avec celui des filières de récupération des EVPP dans d'autres pays ? Seuls nos voisins belges font mieux que nous avec 90 % des emballages collectés. Bravo à eux ! En France, pays plus grand donc plus difficile à collecter dans les coins, le taux de récupération dépasse déjà les 90 % chez certains distributeurs du nord de la Loire. L'objectif pour 2010 est d'arriver à 70 % du gisement en moyenne nationale.

Papier, carton

À noter que ces 4 950 t comprennent aussi des sacs et cartons. Un bon nombre de produits pour la vigne et la pomme de terre ainsi que d'anti-limaces sont distribués dans ce type d'emballage.

Leur collecte n'a démarré qu'en 2004 car ils ne sont pas traités par les mêmes entreprises que les bidons plastiques.

Il faut donc, dès l'arrivée de ces EVPP chez les distributeurs assurant les collectes locales, stocker ces emballages à part des autres. Ils sont broyés pour être utilisés comme combustibles dans des cimenteries.

Leur taux de récupération est inférieur à celui des bidons plastiques mais il s'améliore d'année en année et va continuer à le faire.

Bidons plastiques, recyclage lancé

Car le taux de récupération des seuls bidons plastiques est désormais d'environ 80 %.

Par ailleurs, jusqu'en 2007 inclus, ces bidons étaient voués uniquement à la valorisation énergétique. Autrement dit, ils étaient brûlés comme combustibles de substitution en cimenterie ou incinérés avec récupération de l'énergie. Mais on sait qu'en matière de déchets la tendance générale est au recyclage qui présente un meilleur bilan écologique. Or des bidons plastiques bien nettoyés sont recyclables, trois ans d'essais menés par Adivalor en réseau avec ses homologues allemands et l'ECPA (2) l'ont montré.

La filière s'est donc lancée dans ce mode de valorisation. Point important : la traçabilité est totale et les usages prédéfinis. En 2008, environ 500 t de bidons parfaitement vidés, rincés et égouttés ont pu être ainsi recyclées en gaines électriques ou en mandrins. Un début encourageant.

Et en 2009 ?

En 2009, selon les premières estimations, le taux global de récupération des EVPP tend vers 67 %. L'objectif des 70 % en 2010 est donc proche ! Par ailleurs, la plaquette d'accompagnement des collectes a été revue afin de préciser les consignes concernant les bouchons. Ils sont à stocker et collecter avec les boîtes et sacs.

Bref, les EVPP, c'est une affaire qui tourne.

PPNU, la filière pérenne a fait ses classes

Rappel historique

Parlons PPNU maintenant. De 2001 à 2007 inclus, il s'agissait d'éliminer les stocks historiques de ces produits phytos non utilisables, évalués en 2001 à environ 8 000 t. Une aide des pouvoirs publics a permis que cette récupération soit gratuite pour les agriculteurs.

En tout 9 000 t ont été collectées de 2001 à 2007 inclus. Peut-être les stocks historiques avaient-ils été sous-estimés. Mais il est également possible que de nouveaux produits devenus inutilisables suite à des interdictions ou pour des raisons techniques se soient ajoutés aux stocks présents en 2001.

Nouveau dispositif, bilan 2008

Car de nouveaux PPNU se forment chaque année. Même si Adivalor et ses partenaires font de la prévention pour minimiser la quantité de ces produits, une filière pérenne de récupération de ces déchets devait être mise en place. Les pouvoirs publics ne veulent pas la financer. Pourtant, les agences de l'eau touchent une redevance phyto depuis 2008, insinuent quelques mal pensants.

Quoiqu'il en soit, la profession s'est donc organisée pour le faire. Le principe n'est pas de faire une collecte annuelle par secteur au contraire des EVPP, mais de tourner et répondre aux demandes de terrain. Cependant en 2008, pour la première année de ce nouveau dispositif, plus de 500 t ont été collectées dans 70 départements. « Une partie de ces 500 t étaient encore de vieux produits d'avant 2001 », explique Pierre de Lépinau, directeur d'Adivalor. Des reliquats de stocks historiques, donc.

Mais combien en reste-t-il ? « Difficile à calculer. On peut les estimer entre 1 000 et 1 500 t. »

Par ailleurs, au fur et à mesure que la quantité globale de produits collectés annuellement diminue (le record de 2004 était de 2 500 t), la proportion de nouveaux PPNU augmente.

2009, année en cours

Cette année 2009 comme en 2008, les produits dont les fabricants adhèrent à Adivalor continuent à être collectés gratuitement pour les agriculteurs. Pour les autres, il en coûte au minimum 2 € le kg collecté alors que jusqu'en 2007 c'était gratuit grâce aux subventions.

Si un agriculteur veut savoir ce qu'il lui faudra payer, c'est très simple : si l'étiquette du produit porte le logo Adivalor (visible au bas de la publicité p. 41), c'est gratuit ; sinon, c'est au minimum 2 € le kg collecté par le biais d'Adivalor, sachant que le coût réel frôle les 5 € le kg. Combien de produits seront-ils collectés en 2009 ? Difficile à dire car de nombreuses collectes ont lieu en automne. Mais sûrement moins de 500 t.

Le but de la filière est de collecter la plus forte proportion de PPNU générés, mais le moins possible de quantité. « La meilleure façon de gérer les PPNU, c'est d'éviter d'en produire », martèle P. de Lépinau. Une enquête SCEES menée en 2007 indiquait que 80 % des exploitations n'ont désormais plus de PPNU.

Et d'ajouter que « pour éviter d'en produire à nouveau, il faut faire attention aux conditions de stockage des produits, se tenir au courant des retraits et enfin contrôler régulièrement ses stocks. »

Les autres collectes qui marchent

EVPF, depuis juste deux ans

Mais l'objet d'Adivalor s'applique à tous les types de déchets de l'agrofourniture. Il en est ainsi des sacs d'engrais, plus précisément des EVPF, emballages vides de produits fertilisants. Adivalor coordonne leur collecte depuis le 1er octobre 2007 sous l'égide de l'Unifa, Union des industries de la fertilisation (comme les collectes d'EVPP et de PPNU le sont sous celle de l'Uipp, Union des industries de la protection des plantes).

Bilan des deux premières campagnes : 1 800 t de sacs et big bags collectés d'octobre 2007 à septembre 2008 inclus, puis environ 2 000 t en 2008-2009 (on attend les chiffres définitifs) soit environ 25 % du gisement évalué à 8 000 t par an, malgré la forte baisse de l'utilisation d'engrais sur la dernière campagne.

Là encore, la collecte est gratuite pour l'agriculteur car le coût de l'opération est pré-payé au niveau du producteur.

2009, les FAU et big bags de semences

De plus, Adivalor s'engage dans la collecte des films agricoles usagés (FAU), très généralement en plastique.

Le projet piloté par le comité des plastiques agricoles (CPA) a démarré en 2009. « Nous prévoyons la collecte de 15 à 20 000 t de FAU en 2009, 70 départements y participent, » explique P. de Lépinau.

Même si les paillis biodégradables d'origine végétale ont le vent en poupe dans plusieurs domaines (3), les plastiques agricoles ont encore des années devant eux et la question de leur récupération est de plus en plus cruciale.

La récupération des emballages de semences et plants a elle aussi démarré cette année. Le projet a été piloté par le GNIS (4) avec une forte implication de l'AFSA (5) et de la FNPPPT (6). La collecte a commencé le 1er juillet 2009. Pour l'instant, elle ne concerne que les big bags de semences et de plants de pomme de terre. Cette activité est appelée à se développer.

Osmofilm, ça commence ce mois-ci

Adivalor s'intéresse aussi à une autre catégorie de déchets à récupérer, ceux des traitements des effluents phytopharmaceutiques (voir p. 36). Avec pour commencer les saches Osmofilm usagées, suite à un accord avec Axe-Environnement, distributeur de ce procédé de gestion des effluents phytopharmaceutiques. Depuis le 1er octobre 2009, Adivalor assure l'élimination des déchets que sont les saches chargées en résidus d'effluents déshydratés. Les détails sont p. 36.

Et les projets

Et puis Adivalor, avec divers partenaires, réfléchit à la fois à la récupération et au recyclage.

Côté récupération, il s'agit d'organiser celle de déchets d'autres procédés de traitement des effluents phytos. « Nous y réfléchissons avec les Agences de l'Eau Adour-Garonne et Rhône-Méditerranée-Corse, explique P. de Lépinau. Nous espérons rendre nos conclusions en 2010. »

Il y a aussi la récupération des EPI, équipements de protection individuels (gants, combinaisons, cartouches filtrantes de masque, etc., voir p. 26). « L'étude est réalisée. Mais nous peinons à regrouper les fabricants de ces EPI pour organiser la filière, regrette P. de Lépinau, car beaucoup de ces matériels sont importés. Cependant nous avançons déjà sur un projet de récupération des tabliers de Syngenta. » Il s'agit des S-protec évoqués p. 26.

Côté recyclage, la réflexion avance sur ceux des emballages vides de produits d'hygiène laitiers (projet piloté par le CNIEL(7)), des ficelles plastiques et des plastiques agricoles usagés. Rendez-vous dans le prochain dossier Bonnes pratiques pour les prochaines nouvelles !

<p>* Phytoma.</p> <p>(1) Dans tout cet article, produit phyto signifie produit phytopharmaceutique, autrement dit produit phytosanitaire.</p> <p>(2) European Crop Protection Association, Association européenne de protection des cultures ; elle représente les fabricants de produits phytopharmaceutiques au niveau européen comme l'UIPP, Union des industries de la protection des plantes, le fait au niveau français. L'ECPA appuie les initiatives de récupération d'EVPP et PPNU en Europe, en lien avec l'appui qu'apportent les unions nationales aux initiatives de leur pays comme le fait l'UIPP pour Adivalor en France.</p> <p>(3) Voir <i>Forêt, aider les arbres à maîtriser l'herbe</i>, en p. IV à VII des pages spéciales Zones non agricoles de ce numéro.</p> <p>(4) Groupement national interprofessionnel des semences.</p> <p>(5) Association française des semences de céréales à paille et autres espèces autogames. Fondue dans la toute nouvelle UFS, Union française des semenciers.</p> <p>(6) Fédération nationale des producteurs de plants de pommes de terre.</p> <p>(7) Centre national interprofessionnel de l'économie laitière.</p>

Cet article fait partie du dossier Bonnes pratiques phytosanitaires après les traitements

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Résumé

Le point annuel d'Adivalor montre que les collectes d'EVPP continuent à se développer : 4 950 t collectées en 2008 soit 64 % du gisement dont, pour la première fois, une partie (soit 500 t de bidons plastiques) a pu être recyclée.

La première année de collecte de PPNU entièrement financée par la filière a permis de collecter 500 t dans 70 départements, une partie issue du stock historique et une partie générée récemment.

La collecte d'EVPF commencée le 1er octobre 2007 a permis de collecter 1 800 t la première campagne de ces sacs et big bags d'engrais et amendements avant le 1er octobre 2008, puis environ 2 000 t la deuxième campagne, soit 25 % du gisement annuel.

La collecte de FAU initiée en 2009 s'annonce bien et l'objectif de 15 000 t de plastiques collectés devrait être atteint.

Celle des big-bags de semences et plants de pomme de terre a commencé le 1er juillet et celle des saches Osmofilm démarre en octobre 2009.

Des travaux sont en cours sur la collecte d'autres déchets de traitement des effluents phytopharmaceutiques ainsi qu'à plus long terme celle d'EPI usagés. Des réflexions sur le recyclage des plastiques, des ficelles et des emballages vides de produits d'hygiène laitière sont menées.

Mots-clés : bonnes pratiques phytosanitaires, environnement, Adivalor (Agriculteurs, distributeurs, industriels pour la valorisation des déchets agricoles), EVPP (emballages vides de produits phytopharmaceutiques), PPNU (produits phytopharmaceutiques non utilisables), EVPF (emballages vides de produits fertilisants), FAU (films plastiques agricoles usagés), Osmofilm, collecte, valorisation énergétique, recyclage.

L'essentiel de l'offre

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