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dossier - Bonnes pratiques, commencer très tôt

Traiter les effluents, la panoplie s'enrichit

MARIANNE DECOIN* - Phytoma - n°663 - avril 2013 - page 44

Deux en plus et un en moins : ça bouge du côté de l'offre de procédés officiellement reconnus pour traiter les effluents phytos ! Le point.

Les dispositifs qui permettent le traitement des effluents phytos( 1) sur les « stations phytos » individuelles ou collectives évoquées p. 38 sont un des fleurons de ces stations phytos. Or il y a du nouveau en matière de procédés officiellement reconnus. Une mise au point s'impose : signalement des nouveautés et récapitulatif général.

Dispositifs reconnus, un des trois choix

Un effluent phyto, c'est quoi

Rappelons que les effluents phytos sont d'abord les reliquats dits de « fond de cuve » (en fait : fond de cuve et circuits) et les eaux de lavage extérieur des appareils de traitement. S'y ajoutent des effluents occasionnels comme la bouillie restant dans le pulvérisateur en cas d'interruption imprévue d'un traitement. Il y a aussi les effluents accidentels : bouillie ou produit déversé involontairement lors du remplissage.

Les agriculteurs ont trois solutions légales pour gérer leurs effluents phytos.

Tout en centre agréé DD ? Peu réaliste !

En fait la première solution n'est guère réaliste : c'est le traitement des effluents bruts en centre agréé pour éliminer des déchets dangereux alias DD (nom officiel actuel de ce qu'on appelait « DIS », « déchets industriels spéciaux »). Vu les volumes à transporter et les distances en cause, c'est hors de prix. Une option plus théorique que pratique.

À la parcelle, oui, mais...

L'arrêté du 12 septembre 2006, publié le 21 du même mois au JOR F (Journal officiel de la République française), a légalisé et encadré deux autres solutions : la gestion à la parcelle et le traitement en station phyto locale.

À la parcelle, l'arrêté autorise la pulvérisation du fond de cuve sur la parcelle traitée après dilution au moins par six, ainsi que le lavage extérieur de l'appareil et sa vidange. Mais cette dernière exige une dilution au moins au centième et, tout comme le lavage de l'appareil, ne peut pas se faire partout (il faut une distance d'au moins 50 m de tout point d'eau, etc., voir p. 39). Enfin cela ne règle pas le problème des effluents occasionnels et accidentels (v. p. 43)…

Bref, autant il est conseillé de gérer le maximum d'effluents à la parcelle pour en ramener le minimum à la ferme, autant la gestion « 100 % parcelle » est rarement possible sur le terrain.

Dans un dispositif dédié

Quant au traitement des effluents en station phyto individuelle (à la ferme) ou collective (proche de celle-ci), il est vivement conseillé de faire appel à un procédé officiellement reconnu. En effet, s'il ne l'est pas, tout le reliquat du traitement des effluents sera classé légalement comme déchet dangereux (DD) donc devra être envoyé en centre agréé... Même l'eau épurée ou le substrat sur lequel ont été dégradés les produits !

Paradoxal, mais logique : la reconnaissance officielle, accordée pour cinq ans sur la foi de tests prouvant l'efficacité du procédé, est la seule garantie légale de cette efficacité – donc du caractère non polluant de l'eau ou du substrat épuré. Mais quels procédés sont reconnus aujourd'hui ?

Du nouveau côté procédés

Les 14 et l'Hydrocampe

Il y avait huit procédés en 2007, douze en 2009 et quatorze en 2011 (Encadré p. 45). Depuis deux ans, donc, 14 procédés étaient officiellement reconnus par le ministère chargé de l'environnement, aujourd'hui le MEDDE. En 2013, trois événements sont à noter.

D'abord un procédé inédit a été reconnu. Nommé Hydrocampe et proposé par Véolia Eau (cf Tableau 1 p. 46), il fonctionne par adsorption sur charbon actif.

Le principe est d'incorporer dans une cuve une bachée (ou « batch », volume unitaire) d'effluent, d'un volume pouvant atteindre 4 m3 soit 4 000 l, puis une poudre à base de charbon actif micronisé, et d'agiter. Les substances s'adsorberont sur le charbon. Puis on réalise une coagulation/floculation par ajout de chlorure ferrique et on décante. L'opération dure 4 petites heures (hors remplissage du réacteur) par batch.

On récupère alors la boue pour l'envoyer en centre agréé pour les DD, service que Véolia propose en prestation. Une tonne (environ 1 000 l ou 1 m3) d'effluents traitée génère moins de 20 kg de boue.

L'eau épurée est filtrée, sa qualité contrôlée, et elle est rejetable dans le milieu selon les conditions de l'arrêté de 2006. Ce sont les mêmes que pour la vidange au champ du fond de cuve dilué au 100e : à au moins 50 m de tout point d'eau et 100 m des eaux de baignade, etc. (voir l'encadré p. 39 dans l'article p. 38 à 43).

Ce nouveau procédé est désormais reconnu sur les effluents de traitements des vignes et des vergers et ceux de post-récolte des fruits et légumes, et ce jusque fin 2017. Pouvant traiter une moyenne de 6 m3 d'effluent par jour, il sera développé en prestation de service, soit itinérante soit à poste fixe en collectant les effluents environnants.

Carola, le retour d'Epumobil

Ensuite, le procédé Epumobil, reconnu en 2008 mais qui avait perdu sa reconnaissance car il n'était pas développé en France, refait surface. Désormais la société Résolution l'ajoute à sa gamme sous le nom de Carola Epumobil, aux côtés du Phytocat et de l'Evapophyt. Le MEDDE a d'ores et déjà renouvelé sa reconnaissance jusqu'à fin 2017 (Tableau 1).

Ses références ? Six stations phytos collectives (« aires communales ») traitent chacune les effluents d'environ 200 viticulteurs en Suisse depuis dix ans. De plus, une station en Languedoc-Roussillon (Aude) traite les effluents d'environ 270 viticulteurs.

Ce matériel, fonctionnant par filtration, est adapté à l'usage collectif car il peut traiter de 30 à… 1 000 m3 par an.

Ses champs de reconnaissance ? Aujourd'hui, seulement la vigne. La société prévoit de demander une extension de reconnaissance pour les ZNA (zones non agricoles). Ceci permettrait de traiter ensemble effluents communaux et viticoles dans les stations collectives de régions de vignobles.

Renouvellement pour sept des huit pionniers

D'autre part, c'était prévu, les sociétés responsables des huit procédés reconnus en 2007 devaient demander le renouvellement de reconnaissance de ces procédés en 2012. Elles l'ont fait pour sept d'entre eux (le Phytomax, d'Agro Environnement, n'a pas été re-présenté).

Pour quatre procédés, les verdicts sont tombés : c'est oui partout. Leur reconnaissance est donc renouvelée jusqu'au 31 décembre 2017. Ce sont, par ordre alphabétique, le Phytobac de Bayer, le Phytopur de Michael Paetzold, le STBR2 d'Aderbio et le Vitimax d'Agro Environnement (Tableau 1 page suivante).

L'instruction des autres, en cours en mars, était en voie de réponse positive ; en attendant, leur reconnaissance est prolongée jusqu'à fin 2013. C'est le cas du BF Bulles de Jade, du Phytocat de Résolution et du Sentinel d'Alba Environnement.

Et les six autres ?

Par ailleurs, les trois procédés reconnus en 2008 ont ou vont présenter un dossier de renouvellement en 2013. Il s'agit de l'Evapophyt désormais repris par Résolution, de l'Heliosec, mis au point par Syngenta Agro et fabriqué par Solhead, et enfin de l'Osmofilm, développé par Basf et commercialisé par Axe Environnement.

Le Cascade Twin, d'Agro Environnement, a été reconnu en 2009, donc, logiquement, jusqu'en 2014.

Les deux procédés suivants, le Phytocompo, de Souslikoff, et l'UTP, de Le Floch Dépollution, sont reconnus depuis 2011 donc jusqu'en 2016. Le tableau 1 ci-dessous récapitule la situation.

Des genres divers

Sept procédés fonctionnent en dégradant les substances : six par biodégradation et un par photocatalyse (Tableau 2 p. 48).

Les huit autres les concentrent (Tableau 2). Trois d'entre eux laissent évaporer l'eau de l'effluent, laissant un reliquat solide ou boueux. Les cinq autres séparent l'eau des substances, soit à travers de filtres ou membranes après phase de coagulation-floculation, soit sur poudre de charbon avant phase de coagulation-floculation.

Pour ces cinq procédés, l'eau épurée peut être rejetée dans le milieu dans les mêmes conditions que pour la vidange au champ du fond de cuve dilué. Le volume du reliquat concentré (boue) a assez réduit par rapport à celui d'un effluent brut pour qu'on puisse le transporter sans problème jusqu'à un centre de traitement de DD agréé.

Les quinze procédés sont, selon les cas, utilisables en station individuelle, prestation de service et/ou aire collective (Tableau 2). Des éléments à prendre en compte dans le choix d'une solution.

Justement, quels sont les taux d'adoption de ces procédés en pratique ?

L'adoption des sept doyens

Le roi Phytobac

Voyons d'abord le sort des huit reconnus depuis 2007. Le plus répandu de ces doyens est le Phytobac.

Rappelons que ce dispositif fonctionne par biodégradation microbienne sur substrat solide. Ce dernier est de la terre prélevée sur place, mêlée de paille pour stimuler le métabolisme des micro-organismes. Bayer a formé et agréé 450 « experts Phytobacs ». Tous attestent de la conformité au cahier des charges des dispositifs qu'ils ont installés ou dont ils ont conseillé le constructeur.

L'utilisateur a le choix entre auto-construire, faire appel à un artisan local ou acheter clé en main. Dans tous les cas, un expert phytobac aura aidé au diagnostic préalable et au montage du projet : choix du modèle, dimensions, emplacement, etc.

Bayer a agréé les sociétés Biotisa et Hermex pour construire et implanter des bacs avec régulation automatique du taux d'humidité du substrat, et ceci à l'échelle nationale. D'autres partenaires ont des agréments régionaux.

Gros atout : il n'y a aucun déchet « DD » à envoyer en centre de traitement agréé. On peut épandre le substrat sur l'exploitation au bout de 5 mois après le dernier apport. En pratique, les micro-organismes consommant les substances phytos, l'épandage peut donc être peu fréquent. Par exemple, les premiers phytobacs vendus par Biotisa en 2006 n'ont jamais été vidangés après six campagnes. Le record de longévité est détenu par un phytobac installé en 2000 à titre expérimental sur l'exploitation viti-arboricole d'un lycée agricole et vidangé pour la première fois en 2012… par précaution(2).

Alors, combien de phytobacs sur le terrain ? En ne comptant que ceux agréés, on avait dépassé les 3 000 en France fin 2012, contre 2 500 un an avant. Depuis le 1er janvier 2013, le site « Phytobac on line » (voir p. 18 à 22) permet des statistiques précises. Ainsi, au 15 avril, Bayer avait reçu 332 dossiers annonçant la décision d'installation d'autant de phytobacs conformes supplémentaires, et l'avis de mise en service de 37d'entre eux. Et ça continue.

Sans compter les bacs « sauvages ». Ceux qui sont auto-construits sans conseils ni diagnostic marchent moins bien que ceux qui sont certifiés conformes, faute d'un dimensionnement adapté, d'un emplacement optimisé et d'une bonne gestion de l'eau (il ne faut JAMAIS noyer son bac).

STBR2, autre biodégradeur

Le STBR2, d'Aderbio, fonctionne en bio-dégradation aérobie en fermenteur. Il rejette de l'eau épurée qui peut être épandue dans le milieu sous les mêmes conditions que la vidange du fond de cuve dilué.

Les bactéries consommant les substances, le volume de boue augmente peu et le dispositif ne doit être vidangé que tous les quatre ans. Certains mis en service en 2007 ou 2008 ne l'ont pas encore été, et sans problème… Mais Aderbio ne veut pas garantir plus de quatre ans sans vidange.

Que faire des boues ? La société propose leur analyse puis, selon le résultat, soit l'épandage local soit l'envoi en centre de traitement agréé DD. En pratique et vu les faibles volumes en cause, les utilisateurs tendent à les envoyer en centre agréé sans investir dans une analyse.

Ce procédé est plutôt adapté aux grandes exploitations viticoles et arboricoles (et aussi pour les effluents de traitements de post-récolte) et aux stations collectives.

La majorité de la quarantaine de dispositifs vendus en France tournent en stations collectives. Certains fonctionnent en parallèle avec un STBR1 de la même société et qui traite les effluents de cave (= issus de la vinification).

Comme le Vitimax

Le Vitimax, d'Agro Environnement, fonctionne par biodégradation sur boues activées, elles-mêmes issues du traitement d'effluents de cave. Il est donc réservé à la viticulture et installé à poste fixe.

L'eau épurée peut être rejetée dans le milieu, là encore dans les mêmes conditions qu'une vidange de fond de cuve dilué. Les boues issues du traitement sont soit épandues, soit minéralisées par des filtres plantés de roseaux. Restent les boues issues du prétraitement, une coagulation-floculation préalable qui permet d'extraire notamment le cuivre. Ces boues sont à gérer en DD par l'utilisateur.

Chaque dispositif est dimensionné « à la carte » après étude préalable sur site. En fait, on dimensionne d'abord le dispositif en fonction du volume et de la charge des effluents vinicoles, puis on adapte le système pour traiter les effluents phytos.

Le dispositif convient donc aux domaines viti-vinicoles de toute taille autant qu'à l'usage collectif. Actuellement, 45 unités fonctionnent sur le terrain.

Le photo-catalyseur Phytocat

Le dernier dispositif « dégradeur » de substances parmi les sept pionniers est le Phytocat, de Résolution. Il traite les effluents par batch de 500 l et fonctionne par photo- catalyse. Transportable si besoin, il est plutôt adapté à une utilisation à poste fixe.

Une trentaine d'appareils fonctionnent en France, moitié sur des domaines viticoles et moitié dans les secteurs horticulture/ pépinières/ZNA.

À noter : tous les acheteurs ont pris l'option « gestion des déchets par Résolution ». L'entreprise livre annuellement les consommables neufs (feuilles avec le catalyseur) et des saches de stockage des consommables usagés. Elle récupère en même temps les saches pleines de feuilles usagées de l'année précédente, et en profite pour assurer une inspection-maintenance de l'appareil. Elle se charge aussi de transporter les déchets en centre de traitement agréé.

Le séparateur BF Bulles

Les trois procédés « concentreurs » reconnus en 2007 fonctionnent tous trois sur le principe de la séparation eau liquide/substances phytos (substances actives et co-formulants) par coagulation/floculation de ces dernières suivie d'une filtration (sur charbon actif pour BF Bulles et Sentinel, par osmose inverse pour Phytopur). Tous, relativement technologiques, peuvent traiter de grands volumes. Ils sont adaptés aux stations collectives, à la prestation de service et aux grandes exploitations.

Ainsi le BF Bulles, de Jade, s'utilise surtout en prestation de service, même si quelques domaines viticoles en ont acheté pour leur usage propre. Un nouveau partenaire, Axereal, vient de rejoindre les huit participants au réseau de prestataires en achetant un dispositif et bénéficiant de la formation dispensée par Jade. Un dispositif traite environ 100 m3 par an, en itinérant (tournée annuelle sur les exploitations) ou en fixe (aire de traitement collective, cas des appareils de trois des membres du réseau). Le prestataire se charge des déchets.

Comme Phytopur et Sentinel

Trois Phytopur, de Michael Paetzold, fonctionnent en France. Deux, gérés par la société, traitent 1 200 à 1 500 m3 par an chacun en prestation de service. Le troisième a été acheté par une coopérative viticole drômoise pour une station collective.

Quant au Sentinel, la société Alba Environnement annonce 380 stations fonctionnant dans le monde, dont une douzaine qu'elle a vendues en France. Chacune traite environ 1 m3 par semaine, soit une cinquantaine de m3 par an, là encore en station collective ou prestation de service.

Les trois évaporateurs de 2008

Heliosec, montée en puissance

Heliosec, reconnu mi-2008 donc installé en pratique à partir de 2009, compte, au 1er mars 2013, 570 ventes, soit autant de sites où sont en place (ou commandées ferme) entre une et trois unités selon les cas. Une montée en puissance après les 250 sites annoncés l'an dernier.

La gestion du reliquat est désormais bien rodée : chaque bâche dans laquelle se déposera le résidu sec de l'évaporation naturelle en plein air est vendue avec une sache spéciale.

Une fois par an, quand l'eau est évaporée, on replie la bâche sur elle-même et sur le reliquat déposé, on l'introduit dans la sache, on ferme et on peut stocker le tout dans le local où l'on range ses PPNU (produits phytos non utilisables). On la livrera avec ces PPNU lors d'une collecte sous l'égide d'Adivalor. Pas besoin d'opération spécifique.

Le procédé a été vendu surtout à des exploitations individuelles, mais quelques stations collectives s'en sont équipées en associant trois dispositifs par site. Soit un stockage de 7,5 m3 et une capacité de traitement annuel de 7,5 à 13 m3 (selon la région et son climat plus ou moins « évaporeur »).

L'Osmofilm aussi

L'Osmofilm se développe aussi. Axe Environnement en a vendu à environ 300 clients en un an via des distributeurs locaux (contre 700 sur quatre ans de 2008 à 2011 inclus), soit 1 000 sites équipés.

Ce dispositif élaboré avec l'aide de Basf est bien adapté à des exploitations individuelles. Il fonctionne par évaporation naturelle en saches translucides et perméables à l'air, au gaz carbonique et à la vapeur d'eau – mais pas aux métaux ni aux molécules complexes qui restent piégées.

La gestion du reliquat est là aussi bien rodée : les fines saches Osmofilm, destinées au séchage, sont fournies avec une sache Adivalor, plus épaisse et solide et destinée au stockage. Une sache Osmofilm ne se manipule que lors de son remplissage et sa récupération ; entre-temps elle repose dans son bac sécurisé.

Quand le résidu est sec, on roule la sache en boule sans l'ouvrir et on l'introduit dans celle d'Adivalor. On ferme le tout et on le stocke tranquillement avec les PPNU en attendant la prochaine collecte via Adivalor.

Evapophyt, la reprise

Le troisième procédé reconnu en 2008 est l'Evapophyt. Il fonctionne aussi par évaporation, mais énergiquement forcée. Pour éviter que des substances ne s'échappent sous forme gazeuse du fait du forçage, le processus a lieu en enceinte fermée et l'air sort après filtration sur charbon actif.

On est toujours à une petite trentaine d'appareils vendus. C'est que le procédé a changé de mains en 2012, or une période de transition ne favorise pas les ventes. Désormais Résolution, qui a repris le dispositif à Staphyt, le relance en proposant la gestion des déchets (boue de fond d'appareil et filtres chargés) en prestation de service. L'entreprise s'appuie sur son expérience avec le Phytocat dont les clients sont satisfaits.

Trois biodégradeurs plus récents

Cascade Twin

Retour à la biodégradation avec le Cascade Twin reconnu depuis 2009. Comme le Vitimax, il est proposé par Agro Environnement, agit par biodégradation en milieu liquide sur boues activées par le traitement des effluents de cave et est réservé à la vigne.

La différence tient au type de dimensionnement. Alors que le Vitimax, dispositif compact enterré de préférence, est dimensionné en fonction du volume journalier d'effluents de chai en période de pointe, le Cascade Twin l'est en fonction du volume annuel d'effluents vinicoles.

Il se présente comme un bassin de plein air et traite alternativement les effluents phytos et vinicoles. Une solution intégrée qui s'adapte aux stations individuelles comme collectives. Actuellement, 10 Cascade Twin fonctionnent.

L'UTP des ZNA

Pour les deux procédés reconnus en 2011, la société morlaisienne Le Floch Dépollution a installé cinq UTP (Unités de traitement des phytosanitaires), dont trois sur des aires techniques de golfs, et en a autant en projet. Elle assure un suivi-maintenance des dispositifs installés. En particulier, elle vérifie le niveau du résidu après biodégradation en milieu liquide. Pour l'instant, dans aucun des dispositifs installés, y compris ceux qui ont tourné deux saisons (2011 et 2012), elle n'a dû conseiller à ses clients de vidanger le dispositif pour faire éliminer les boues en DD. Les bactéries se nourrissant des substances, ces dernières sont dégradées et le niveau de boue ne monte pas. à suivre.

Phytocompo pour la vigne

Reste le Phytocompo. Il ressemble au phytobac par son principe de biodégradation sur substrat solide inclus dans une installation à poste fixe. Mais il a deux originalités.

D'abord, le substrat est un compost de sarments de vigne. Ensuite, le dispositif comporte un procédé, nommé Vignalex, de retournement automatique de ce substrat qui stimule son fonctionnement biologique ; il s'agit d'un vrai compostage : ça chauffe ! La chaleur débarrasse les sarments de pathogènes (ex. champignons liés aux maladies du bois), ce qui permet l'épandage du compost sur les vignes ensuite ; alors que l'épandage des sarments bruts est déconseillé.

Le procédé est réservé aux exploitations viticoles. Il intéresse surtout celles qui sont aussi vinicoles car il peut aussi traiter les effluents de cave et, de plus, représente un investissement difficilement amorti avec le traitement des seuls effluents phytos. Souslikoff a travaillé avec l'Agence de l'eau Adour-Garonne pour faire reconnaître le Vignalex pour les effluents de cave. C'est chose faite depuis fin 2012 et la commercialisation peut vraiment commencer. On reparlera du Phytocompo.

<p>(1) Pour les effluents, phyto signifie « phytosanitaire », autrement dit lié à des traitements phytos (comme phytosanitaires) à l'aide de produits phytos (comme phytopharmaceutiques).</p> <p>(2) L'exploitation utilisait beaucoup de produits cupriques. L'expert Phytobac consulté a conseillé la vidange avant que le taux de cuivre ne dépasse le taux autorisé par ailleurs pour les épandages ; dosé à cette occasion, le taux du substrat était de moitié inférieur au taux limite.</p>

Procédés de traitement des effluents à la ferme, rappel historique

Les reconnaissances de procédés sont publiées au Bulletin officiel (BO) du ministère chargé de l'environnement. Rappel chronologique.

La première liste de 8 procédés officiellement reconnus a été publiée au BO du MEDD du 28 février 2007(1). Ces procédés ont nom, par ordre alphabétique : BF Bulles, Phytobac, Phytocat, Phytomax, Phytopur, Sentinel, STBR2 et Vitimax. Ils étaient reconnus jusqu'en 2012 inclus.

Deuxième épisode : en 2008, c'est la reconnaissance d'Evapophyt et Osmofilm(2), suivie de celle d'Heliosec en juin(3). Ils sont reconnus jusqu'en 2013 inclus.

Troisième épisode : reconnaissance en 2009 (jusqu'en 2014) du Cascade Twin(4). Quatrième épisode en 2011 : celles de Phytocompo et UTP, publiées au BO du MEDDTL le 25 mai 2011(5).

Plusieurs procédés ont eu une reconnaissance d'abord limitée à certains champs d'utilisation, puis élargie à de nouveaux champs.

(1) Voir « Gérer les effluents à la ferme », Phytoma n° 602, mars 2007, p. 30-33. MEDD = ministère de l'écologie et du Développement durable.

(2) Voir « A u siège de l'exploitation, les outils des bonnes pratiques : traitement des effluents phytos, la boîte à outils s'enrichit », Phytoma n° 614, avril 2008, p. 26-31. NB Il y avait aussi le procédé Epumobil, mais il n'avait pas été développé en France et avait perdu sa reconnaissance.

(3) Voir « Traitement des effluents phytos… », Phytoma n° 616, juin 2008. Liste publiée en juin au BO du ministère de l'écologie, de l'énergie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire.

(4) Voir « Gestion des effluents phytopharmaceutiques, le panorama », Phytoma n° 626-627, octobre 2009, p. 30-34.

(5) Voir « Effluents phytos, de nouveaux outils », dossier « Bonnes pratiques », Phytoma n° 644, mai 2011 (p. 35-39). Ministère de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement. Aujourd'hui c'est le MEDDE, ministère de l'écologie, du Développement durable et de l'énergie.

Tableau 1 : Les 15 procédés de traitement des effluents phytos reconnus et leurs champs de reconnaissance. Point au 31 mars 2013.

Tableau 2 : Pour classer les 15 procédés reconnus au 31 mars 2013.

RÉSUMÉ

- CONTEXTE : Depuis la publication de l'arrêté du 12 septembre 2006, les agriculteurs et autres utilisateurs de produits phytopharmaceutiques ne sont plus obligés de faire traiter leurs effluents phytosanitaires en centre agréé DD. Ils ont le droit de les traiter à la ferme, sous certaines conditions. L'utilisation, pour ce faire, de procédés officiellement reconnus autorise à épandre certains des reliquats de ces traitements dans le milieu, là encore sous conditions.

- INVENTAIRE : Dans ce contexte, divers procédés ont été reconnus à partir de 2007, les reconnaissances étant données pour 5 ans. Actuellement, 15 procédés sont reconnus. Ce sont :

le nouveau procédé Hydrocampe ;

sept des huit procédés qui avaient été reconnus en 2007 (BF Bulles, Phytobac, Phytocat, Phytopur, Sentinel, STBR2 et Vitimax) ;

le Carola Epumobil, procédé reconnu en 2008 puis abandonné, et qui est reconnu de nouveau ;

trois autres procédés qui avaient été reconnus en 2008 (Evapophyt, Heliosec et Osmofilm) ;

trois procédés plus récents (Cascade Twin, Phytocompo et UTP).

Pour chaque procédé, l'article rappelle ou dévoile ses principes de fonctionnement et le devenir de ses reliquats (soit autorisation d'épandage sous conditions, soit obligation de traitement en centre agréé DD mais pour des volumes fortement réduits par rapport à ceux des effluents bruts).

Il fait également le point sur le degré d'adoption, sur le terrain, des divers procédés.

- MOTS-CLÉS : bonnes pratiques phytosanitaires, effluents phytosanitaires, DD (déchets dangereux), arrêté du 12 septembre 2006, traitement des effluents, procédés officiellement reconnus.

POUR EN SAVOIR PLUS

AUTEURS : *M. DECOIN, Phytoma.

CONTACT : m.decoin@gfa.fr

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