Après vingt ans passés dans l'industrie en tant qu'électricien de maintenance, avec un dernier poste qui ne lui apporte pas entière satisfaction sur le plan humain, Laurent Deneux a envie de changer d'air et, pourquoi pas, de secteur d'activité. C'est chose faite fin 2009. Il pose un pied dans l'agriculture en devenant salarié de la société FPP-Services, FPP comme Fertilisation Protection des Plantes.
Créée par Philippe Meslard, un agriculteur de son village en Eure-et-Loir, FPP-Services réalise des prestations pour d'autres exploitants. En 2009, Philippe Meslard cherche justement à développer son activité avec le contrôle des pulvérisateurs, opération devenue obligatoire depuis le 1er janvier de cette année-là.
Laurent Deneux est partant pour cette nouvelle aventure. Il suit pour cela une formation théorique et pratique d'une semaine et demie au lycée agricole de Somme-Suippe (Marne). L'agrément provisoire, délivré à la fin de la formation, est ensuite validé pour cinq ans par le GIP Pulvés(1) lors d'un examen sur le terrain.
S'appuyer sur un partenaire
FPP-Services ne s'adresse pas directement aux agriculteurs mais s'appuie sur un partenaire, en l'occurrence la société Axe-Environnement.
Fournisseur des et négoces en matériel de protection des utilisateurs et de l'environnement vis-à-vis des produits phytos, cette société organise des sessions de contrôle sur tout le territoire pour quatre entreprises agréées. FPP-Services couvre ainsi tout le grand Ouest de la France.
Les distributeurs ou concessionnaires de pulvérisateurs sollicitent leurs adhérents ou clients et informent Axe-Environnement du nombre de matériel à contrôler sur une zone donnée. Laurent Deneux se déplace alors avec sa camionnette sur le site où les agriculteurs ont été invités à se rendre avec leur pulvérisateur à une heure donnée.
Manomètres, banc de contrôle pour les buses...
Notre inspecteur dispose de toute une batterie de manomètres pour mesurer la pression sur tout type de pulvérisateurs (grandes cultures, arboriculture, viticulture).
Et surtout un banc de contrôle du débit des buses.
« C'est le cœur du contrôle et c'est ce qui intéresse le plus les agriculteurs, raconte Laurent Deneux. Ils sont très demandeurs de conseils pour le réglage de leurs buses. C'est une partie non négligeable de ma mission. Je vais bien au-delà de l'inspection réglementaire. »
L'outil informatique pour aller plus loin
Il lui faut également un outil informatique très performant pour réaliser tous les calculs nécessaires. « Le contrôle démarre par une inspection de l'état du matériel, des éléments de sécurité notamment la prise de force, et de l'état général. »
La rampe est ensuite dépliée pour faire fonctionner le pulvérisateur rempli à l'eau claire et contrôler chaque élément (pompe, cuve, appareillage de mesure, commande et système de régulation, flexibles et canalisations, filtres, rampe, jets de pulvérisation et soufflerie).
« J'installe les manomètres sur chaque tronçon de la rampe pour vérifier si la pression mesurée correspond à celle indiquée dans la cabine du tracteur. Puis je démonte un jeu complet de buses pour contrôler le débit. »
Les résultats de chaque étape de contrôle sont saisis au fur et à mesure.
À la fin, un rapport avec les défauts relevés et les résultats des mesures effectuées est édité pour l'agriculteur.
Une contre-visite dans 10 % des cas
Tous les défauts n'impliquent pas forcément une contrevisite. Si le contrôle est négatif (environ 10 % des cas), un délai de quatre mois est donné pour réaliser les réparations. Lors du deuxième contrôle (contre-visite), seuls les éléments qui étaient défectueux seront examinés.
Un code à 10 caractères est apposé sur chaque pulvérisateur pour suivre son évolution pendant sa durée de vie. Ceux qui sont « bons pour le service » ont le droit à une vignette indiquant le mois et l'année limites de validité du contrôle (cinq ans).
Cinq à six contrôles par jour sept mois par an
Selon la largeur de la rampe et l'âge du matériel, un contrôle de pulvérisateur grandes cultures prend entre une heure et deux heures trente.
« Je peux en contrôler cinq à six par jour. Si la demande est suffisante, il m'arrive de rester deux à trois jours sur le même site. » Calés par rapport à l'activité agricole, les contrôles s'effectuent essentiellement de fin février jusqu'à fin juin et d'octobre à novembre, soit environ six à sept mois par an.
Laurent Deneux en réalise en moyenne 400 par an. « Le reste du temps, je suis salarié agricole sur l'exploitation de Philippe Meslard. »
Si la maintenance reste toujours son dada, ce qu'apprécie surtout Laurent Deneux dans son nouveau métier, c'est le côté relationnel avec les agriculteurs.
Il a enfin trouvé le bonheur dans ce qu'il fait, notamment sur le plan humain, et n'envisage pas de changer de si tôt. Mais un autre projet lui plairait beaucoup et reste dans un coin de son esprit : se lancer dans la restauration. Un deuxième virage à 180 degrés !
« La vie est longue, souligne notre inspecteur de 45 ans. J'ai encore le temps. »
<p>(1) Le Groupement d'Intérêt Public "Pulvés" a été créé afin d'animer et de coordonner l'ensemble du dispositif de contrôle des pulvérisateurs.</p>