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Sur le métier

Sébastien Codis optimise la pulvérisation en vigne

PAR CHANTAL URVOY - Phytoma - n°679 - décembre 2014 - page 52

Face à la diversité des matériels et techniques d'application, peu de données existent pour aider le viticulteur à optimiser ses traitements, tant d'un point de vue efficacité biologique que respect de l'environnement. Une mission à laquelle s'est attelé Sébastien Codis à l'IFV, au sein d'une UMT. Objectif final : définir les réglages et matériels les plus performants et inciter les viticulteurs à les prendre en compte.
 Photo : C. Urvoy

Photo : C. Urvoy

Sébastien Codis pose un pied à l'Institut français de la vigne et du vin (IFV) à Montpellier pour la première fois en 2000, lors de son stage de fin d'études sur la mise en place d'outils de diagnostic du stress hydrique de la vigne.

Intéressé par le côté recherche et développement des missions de l'institut, il y reviendra en 2003. Cette fois-ci, il n'est plus question d'irrigation mais de réduction des pollutions ponctuelles lors des traitements phytosanitaires.

En 2007, retour définitif à l'IFV, au départ pour animer le groupe interprofessionnel Ecopulvi sur la gestion des effluents phytosanitaires dans le cadre de la réduction des pollutions ponctuelles.

Puis très vite, à la faveur de la réglementation grandissante sur les traitements phytosanitaires, il commence à travailler sur les techniques d'application des traitements.

« L'objectif était notamment de réduire les doses appliquées sans perdre en efficacité, en optimisant la pulvérisation », explique Sébastien Codis.

Une UMT avec Irstea

À la même époque, Irstea(1) travaille aussi sur l'optimisation de la pulvérisation, mais sous l'angle environnemental, c'est-à-dire sur les moyens de réduire au maximum la quantité de produits perdus dans l'air ou sur le sol lors des traitements.

Pour les deux instituts, l'intérêt de travailler ensemble devient évident : en effet, plus les techniques de pulvérisation sont performantes, plus les doses utilisées peuvent être réduites et moins elles seront présentes dans l'environnement.

Une unité mixte technologique (UMT) est alors créée en 2011 à Montpellier, sur le site d'Irstea, avec également Montpellier SupAgro/IHEV(2).

Deux ingénieurs et un technicien de l'IFV y seront dédiés, dont Sébastien Codis qui quitte Mâcon pour les locaux d'Irstea, à Montpellier.

Vigne artificielle EvaSprayViti

Premier projet de cette UMT terminé fin 2013 : la mise au point d'EvaSprayViti, autrement dit, une vigne artificielle. L'objectif est de pouvoir caractériser la performance des différents types de pulvérisateurs et pratiques de pulvérisation en conditions standard, et ce, toute l'année, ce qui est impossible au vignoble.

« Cette performance est en effet dépendante du mode de conduite et du développement de la végétation, d'où la difficulté de comparer deux techniques avec des essais réalisés à plusieurs mois d'intervalle, par exemple. »

Depuis un an, cette vigne artificielle permet de caractériser la diversité des matériels de pulvérisation existants en vigne (mis à disposition par les bureaux d'étude des fabricants) et de voir quels réglages améliorent leur efficacité.

Trois indicateurs mesurés

« La qualité de la pulvérisation est une notion très complexe que nous avons essayé d'approcher via trois indicateurs : la quantité de produit déposée par unité de surface sur la vigne, l'homogénéité de son dépôt sur tous les étages foliaires et les pertes dans l'environnement. »

L'efficacité biologique des techniques de pulvérisation est, quant à elle, mesurée sur le vignoble expérimental de Montpellier Sup Agro ainsi que dans des parcelles de lycées viticoles. Des tendances se dégagent déjà des premiers essais (voir Phytoma n° 673 d'avril 2014, p. 22-23).

« Pour chaque matériel, un compte rendu d'efficacité est envoyé au fabricant. Il y a un réel échange avec eux. Cela les aide à conseiller leurs clients viticulteurs. »

Sébastien Codis travaille également en étroite collaboration avec ses collègues des chambres d'agriculture du Languedoc-Roussillon.

« Ils nous font remonter les problématiques du terrain et nous mettons en place des essais pour y répondre. Suivent des réunions techniques pour faire part des résultats mais également des journées de démonstration de pulvérisation à destination des viticulteurs. »

Vers une classification des matériels

Autres objectifs de ce deuxième projet qui a démarré fin 2013 pour quatre ans : conseiller les viticulteurs sur l'utilisation de leur matériel actuel en termes de vitesse d'avancement, type de buses, volume de bouillie/ha, pression... pour optimiser leurs traitements et, ensuite, les guider vers les pulvérisateurs les plus performants lors du renouvellement de leur matériel.

« Nos essais devraient nous permettre d'aboutir à une classification des matériels existants par rapport aux objectifs du plan Ecophyto. »

L'IFV et Irstea sont également en contact étroit avec la DGAL (Direction générale de l'alimentation) du ministère de l'Agriculture, pour voir comment mettre en place des mesures incitatives afin d'accélérer la mise en pratique de ces conseils sur le terrain à grande échelle.

Dérive et autres sujets

Autre sujet travaillé par Sébastien Codis : réduire la dérive lors des traitements.

« Nous devons mettre au point une méthode de mesure de la dérive adaptée à la vigne. Et notre objectif à l'avenir est d'artificialiser le vent sur notre vigne artificielle. »

Et un dernier parmi d'autres : le développement d'indicateurs pour faire le lien entre ce qui est observé sur la vigne artificielle et ce qui se passe dans le vignoble.

Bref, Sébastien Codis a encore du pain sur la planche, d'autant plus que ces sujets ont été peu étudiés jusqu'à présent.

« Et la réglementation fait que l'on va devoir s'y intéresser de plus en plus pour répondre à Ecophyto, tout en gardant la même efficacité des traitements », conclut notre ingénieur technique.

<p>(1) ex-Cemagref</p> <p>(2) Institut des hautes études de la vigne.</p>

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SÉBASTIEN CODIS

2000. Ingénieur diplômé d'AgroSup Dijon (ex-Enesad) avec une spécialisation « Production végétale durable ».

2001. Coopération avec l'IRD en Tunisie sur la gestion de l'eau.

2003. Ingénieur à l'IFV à Épernay (Marne) sur la réduction des pollutions ponctuelles au niveau des traitements phytosanitaires.

2005. Conseiller irrigation et machinisme à la chambre d'agriculture d'Avignon (Vaucluse).

2007. Ingénieur d'études à l'IFV, à Mâcon (Saône-et-Loire), sur la gestion des effluents phytosanitaires puis sur les techniques d'application.

2011. Ingénieur d'études à l'IFV, à Montpellier (Hérault), dans le cadre de l'UMT sur l'optimisation de la pulvérisation en viticulture.

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