1. Vingt-huit participants ont pu découvrir trois essais de méthodes différentes pour gérer le sol des vignes. Photo : F. Deschanel
En 2015, le Groupe Columa Vigne Sud-Est a visité trois essais de techniques d'entretien des sols de vigne : l'un sur l'épamprage avec un produit de biocontrôle, le deuxième sur l'enherbement hivernal avec broyage, le troisième sur l'évaluation des herbicides de préémergence.
La coopérative à l'honneur
La journée s'est déroulée le jeudi 11 juin 2015 principalement dans les Pyrénées-Orientales, autrement dit le Roussillon.
Les participants ont été accueillis par Robert Martin, technicien de la cave Dom Brial, à Baixas (Pyrénées-Orientales). La rencontre a réuni vingt-huit personnes représentants des firmes phytosanitaires, de la distribution, des consultants et des chambres d'agriculture.
La coopérative avait mis gracieusement une salle à leur disposition afin de présenter la journée et un diaporama de Jouffray Drillaud.
Épamprage « biocontrôlé »
Importance du mode d'application
Auparavant, une première visite s'était déroulée dès 8 heures à Florensac, dans l'Hérault, sur un test d'épamprage avec la nouvelle spécialité Beloukha, de la société Jade, à base d'acide pélargonique (ou nonoanoïque) extrait de plante.
On sait que l'épamprage consiste à débarrasser la vigne, non pas d'autres végétaux, mais de ses propres rejets (« pampres ») qui concurrencent ses parties productives. Le traitement avait été effectué par Bernard Taïx le 28 avril sur une parcelle de Merlot, avec deux modes d'application.
Les résultats démontrent l'importance capitale de l'application dans l'utilisation de cet herbicide de biocontrôle. En effet, l'une des modalités n'a pas donné satisfaction à cause d'un mauvais choix du matériel (très probablement les buses utilisées), alors que l'autre présentait d'excellents résultats (photo 2).
Résultat de qualité
Dans le cas de la bonne efficacité, la spécialité a été appliquée avec l'appareil de l'agriculteur, une rampe Dughes, à une concentration de 8 %, en comparant deux volumes d'eau : 130 l/ha et 150 l/ha. L'appareil a été spécialement adapté au niveau des buses (buses à fente) et de la pression de travail (2 bars pour les 130 l/ha, 2,5 bars pour les 150 l/ha).
Lors du traitement, la vigne présentait, sur une partie de la parcelle, des pampres au stade 3-6 feuilles et non lignifiés, et sur l'autre, en revanche, des pampres déjà plus développés et lignifiés.
Les résultats sont similaires pour les deux volumes d'eau ; ils sont, très classiquement, meilleurs sur pampres jeunes que développés. Point important : pour chaque stade, les résultats sont similaires à ceux de la référence chimique appliquée sur le même stade.
Enherbement hivernal
Du semis au broyage
La deuxième visite concernait un essai enherbement hivernal mis en place sur une parcelle de la cave Dom Brial en partenariat avec la société Jouffray Drillaud. Les mélanges testés sont à base de graminées + légumineuses et moutarde. Ils avaient été implantés fin novembre. Un broyage du couvert a ensuite été réalisé, soit en avril soit en mai. Le but était de réduire la concurrence hydrique (et/ou azotée) durant les semaines suivantes.
Ces techniques paraissent intéressantes dans le cadre d'alternative aux herbicides dans l'interrang. En effet, le couvert broyé devrait exercer moins de concurrence hydrique (et/ou azotée) durant la saison végétative qu'un enherbement permanent, et ceci sans exiger d'apport d'herbicide.
Effets liés à la date de broyage
Nous avons constaté des différences visuelles entre les deux dates de broyage.
Le broyage précoce permet un redémarrage et une montée à graine du couvert, déjà en cours lors de la visite en juin (photo 3). Ceci laisse espérer un réensemencement naturel. L'avantage serait d'éviter de ressemer le couvert tous les automnes (période guère favorable pour cause de climatologie, concurrence avec le travail de vinification, disponibilité du matériel de semis...). Le risque est de recréer une concurrence estivale pour l'eau, mais on l'espère moindre qu'avec un couvert permanent seulement fauché.
Dans le cas du broyage tardif a été constatée la présence d'un mulch de surface. Celui-ci, en fonction des conditions climatiques estivales, pourrait limiter le développement des adventices, voire ralentir le dessèchement du sol, donc améliorer le statut hydrique de la vigne... Sachant que ce broyage tardif a été réalisé après la montée à graine du couvert, cela laisse envisager, là encore, la possibilité d'un réensemencement naturel qui éviterait de ressemer le couvert tous les automnes. La concurrence hydrique a pu s'exercer au printemps mais sera moindre en été...
On peut supposer cette formule intéressante en 2015 vu les conditions météorologiques, mais ces dernières changent d'une année sur l'autre.
Au final, ce type de couvert semble devoir être piloté avec souplesse avec une date de broyage adaptée à la parcelle et à la climatologie printanière : une technique prometteuse à affiner !
Herbicides de préémergence
Ce qui était visible le 11 juin
Le dernier essai était un essai herbicide « classique » comparant différentes solutions de préémergence, toutes appliquées début avril. Le 11 juin, soit 60 jours après traitement, aucune différence entre modalités n'était constatée. Des levées de PSD (panics, digitaires et sétaires), morelles, amarantes étaient visibles dans les témoins. Cela laissait augurer d'une possible discrimination des produits courant juillet (notation prévue à l'époque).
La question des vivaces
Par ailleurs, il a été constaté qu'aucun produit ne permet de contrôler efficacement l'inule visqueuse adulte. Seules les plantules ont été affectées par les différents produits. Cette vivace, très difficile à détruire également par des moyens mécaniques, devient très coriace avec des pivots impressionnants.
Pertinence
Une nouvelle fois, nous avons pu constater la pertinence de ce type de rendez-vous pour mieux connaître les innovations mais aussi multiplier les échanges et les contacts entre les acteurs de la filière. Rendez-vous donc en 2016 !
À propos du Columa Vigne
Le Columa, Comité de lutte contre les mauvaises herbes, est une des commissions phares de l'AFPP (Association française de protection des plantes).
Au sein de ce comité, le Columa Vigne se spécialise sur les problématiques d'entretien des sols viticoles.
Il se décline en région, dont celle du Sud-Est.
Le Columa vit de l'activité de ses membres, mais aussi grâce à ses contacts avec des partenaires, par exemple pour organiser ces journées de visite d'essais !
Remerciements à Robert Martin, de la cave Dom Brial, tant pour l'intérêt des visites que pour la chaleur de l'accueil... et le superbe muscat 20 ans d'âge offert à la dégustation !