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DOSSIER - Biocontrôle

Vigne : des trichogrammes contre l'eudémis

JULIEN SEGURET*, LAURENT DUCHÊNE**, LAETITIA APROSIO*, ALEXANDRA MÉNARD* ET MARION GIRAUD* - Phytoma - n°692 - mars 2016 - page 38

Des tests innovants - de la biologie moléculaire aux « grappes sentinelles » - permettent de proposer une nouvelle solution contre cette tordeuse de la grappe.
Tordeuse de la grappe et trichogramme. 1. Une chenille d'eudémis (Lobesia botrana) à l'entrée d'une perforation sur un grain de raisin. 2. Un trichogramme (ici de l'espèce Trichogramma achaeae) sur des oeufs de son hôte d'élevage Ephestia kuehniella. Photos : M. Giraud - B. Frank, Biotop. Vignette haut de page : Pixabay

Tordeuse de la grappe et trichogramme. 1. Une chenille d'eudémis (Lobesia botrana) à l'entrée d'une perforation sur un grain de raisin. 2. Un trichogramme (ici de l'espèce Trichogramma achaeae) sur des oeufs de son hôte d'élevage Ephestia kuehniella. Photos : M. Giraud - B. Frank, Biotop. Vignette haut de page : Pixabay

Quelques étapes du test d'acceptation des oeufs d'eudémis par les trichogrammes. 3. Papillons d'eudémis prêts à pondre en tubes. 4. Œufs d'eudémis collés sur les parois des tubes. Fraîchement pondus, ces oeufs sont blancs. 5. Œufs d'eudémis parasités par des trichogrammes. Ils deviennent noirs. Photos : A. Ménard - Biotop

Quelques étapes du test d'acceptation des oeufs d'eudémis par les trichogrammes. 3. Papillons d'eudémis prêts à pondre en tubes. 4. Œufs d'eudémis collés sur les parois des tubes. Fraîchement pondus, ces oeufs sont blancs. 5. Œufs d'eudémis parasités par des trichogrammes. Ils deviennent noirs. Photos : A. Ménard - Biotop

6. Préparation des grappes sentinelles. Après collecte au vignoble, des grappes de raisin sont disposées en cage et exposées à des papillons d'eudémis pour qu'ils y pondent.  Photo : A. Ménard - Biotop

6. Préparation des grappes sentinelles. Après collecte au vignoble, des grappes de raisin sont disposées en cage et exposées à des papillons d'eudémis pour qu'ils y pondent. Photo : A. Ménard - Biotop

7. Puis les grappes portant des oeufs d'eudémis sont repositionnées dans la vigne.

7. Puis les grappes portant des oeufs d'eudémis sont repositionnées dans la vigne.

8.  Un diffuseur contenant des trichogrammes s'accroche facilement à un sarment ou à un fil de palissage. Photo : M. Giraud - Biotop

8. Un diffuseur contenant des trichogrammes s'accroche facilement à un sarment ou à un fil de palissage. Photo : M. Giraud - Biotop

9.  Vue du vignoble des domaines Rémy Martin (certifiés HVE 3) dans lequel les essais ont été menés, à proximité de Segonzac, en Charente.  Photo : M. Giraud - Biotop

9. Vue du vignoble des domaines Rémy Martin (certifiés HVE 3) dans lequel les essais ont été menés, à proximité de Segonzac, en Charente. Photo : M. Giraud - Biotop

Les tordeuses de la grappe sont des ravageurs de l'ordre des lépidoptères appartenant à la famille des tortricidés. Durant leurs deuxième et troisième générations, les chenilles de ces tordeuses perforent les grains de raisin (photo 1), pouvant provoquer d'énormes pertes (Thiéry et al., 2015).

Les trichogrammes (photo 2) sont de très petits insectes (< ½ mm) appartenant à l'ordre des hyménoptères (comme les abeilles). Ils parasitent les oeufs de certains lépidoptères.

Répondre à une demande croissante de naturel

Des techniques de pointe

De nombreuses études ont été réalisées, principalement depuis les années 1990, sur l'utilisation des trichogrammes pour lutter contre les tordeuses de la grappe dans plusieurs pays (Ibrahim, 2004). Mais elles n'avaient pas abouti à des utilisations au vignoble.

Une demande croissante à produire sainement de la part de la production viticole a poussé la chambre d'agriculture de la Charente et Biotop, en partenariat avec le Groupe Rémy-Cointreau, à se pencher à nouveau sur ce sujet.

Depuis les études précédentes sur les trichogrammes vigne, Biotop a acquis un savoir-faire supplémentaire en matière de biologie moléculaire, qui permet une sélection rapide et précise des meilleurs trichogrammes en situation réelle d'utilisation au vignoble.

Les techniques de pointe aujourd'hui disponibles permettent de développer des solutions en faveur de produits plus respectueux de l'environnement.

Trichogrammes au vignoble

Dans les vignes françaises, 46 souches capturées

Les prospections déjà réalisées avaient révélé qu'une quinzaine d'espèces de trichogrammes sont régulièrement capturées dans les vignobles européens (Barnay et al., 2001 ; Thiéry, 2008).

De 2012 à 2014, une campagne de captures de trichogrammes a été réalisée dans des vignobles du sud de la France, sur le feuillage des vignes ou sur les grappes.

Après caractérisation moléculaire au laboratoire et identification, Biotop a intégré toutes ces souches à sa collection. Ce souchier est constitué aujourd'hui de plus de 800 souches vivantes parmi lesquelles 46 ont été capturées sur vigne en France métropolitaine continentale.

Dans les vignobles français explorés, nous retrouvons majoritairement sept espèces de trichogrammes. Ceci indique d'une part que l'écosystème « vigne » est favorable à l'implantation des trichogrammes et d'autre part qu'un large spectre d'espèces et de souches est potentiellement disponible.

Naturellement présents et actifs, mais en nombre insuffisant

Notre campagne de captures corrobore ainsi les observations passées mettant en évidence que des trichogrammes sont naturellement présents sur les vignes.

Leur biologie les pousse à y chercher des oeufs de lépidoptères, notamment ceux des tordeuses, et ils parasitent naturellement leurs populations.

Cependant, ils se présentent en nombre insuffisant pour pouvoir apporter un contrôle naturel détectable et satisfaisant dans la plupart des situations. Si leurs populations avaient été plus élevées, les trichogrammes auraient eu un impact agronomique très appréciable.

Cette réflexion ouvre la voie à une lutte biologique par lâchers inondatifs. Ainsi, des recherches ont été entreprises depuis 2012 pour sélectionner parmi les souches de trichogrammes en collection des candidats utiles en lutte biologique.

Au laboratoire

Premiers tests sur des oeufs d'eudémis

Une souche d'eudémis (Lobesia botrana), originaire de l'Inra de Bordeaux, a été mise en élevage sur un milieu artificiel décrit par Denis Thiéry et Jérôme Moreau (Thiéry D. et Moreau J., 2005). Des adultes ont été mis à pondre dans des tubes en plastique (photos 3 à 5).

Dix-neuf souches de trichogrammes récoltées en France et appartenant à onze espèces différentes ont été testées en conditions de laboratoire sur les oeufs d'eudémis ainsi obtenus. Les résultats font ressortir que tous les trichogrammes testés ici acceptent de parasiter les oeufs d'eudémis dans nos conditions de laboratoire.

Ces résultats apportent une information très intéressante : le potentiel des trichogrammes est vaste et excellent pour lutter contre l'eudémis dans les vignobles.

Mais cela ne nous aide pas à choisir le meilleur candidat : si les trichogrammes paraissent égaux au laboratoire, ils ne le sont pas forcément sur le terrain ! Il faut donc nécessairement discriminer les différentes souches dans les conditions réelles du vignoble.

Comparaison au vignoble

Les protocoles traditionnels ont des inconvénients

Les essais pour comparer des insecticides peuvent être réalisés sur des microparcelles, mais dans le cas des trichogrammes, qui volent et donc se déplacent, il n'est pas possible de procéder de la même façon.

Traditionnellement, les essais étaient réalisés dans des grandes parcelles éloignées les unes des autres, chaque grande parcelle recevant un ou des lâchers d'une unique souche de trichogrammes. Ceci amenait des variabilités fortes entre les modalités et compliquait les comparaisons.

Biotop utilise aujourd'hui un protocole innovant, développé par sa propre R&D. Il permet de comparer un grand nombre de souches de trichogrammes entre elles dans une même grande parcelle, donc dans une situation strictement identique pour chaque souche.

« Grappes sentinelles » et « trichogrammes au coude à coude »

Des adultes d'eudémis ont été mis à pondre une nuit (12 heures) cette fois non plus dans des tubes, mais sur des grappes de raisin (photo 6) récoltées dans des parcelles de vigne du Var et des Alpes-Maritimes.

Ces grappes, portant des oeufs d'eudémis sont ensuite repositionnées dans leur vignoble d'origine (photo 7), à raison de quatre « grappes sentinelles » par parcelle.

Au même moment, les dix-neuf souches françaises de trichogrammes précédemment testées ont été lâchées en mélange en proportions équivalentes et en compétition.

Deux jours après leur pose, les grappes sentinelles sont récupérées : les trichogrammes lâchés dans la vigne (et ceux présents naturellement) ont eu le temps de les visiter mais les chenilles d'eudémis n'ont, elles, pas eu le temps d'éclore.

Cette opération a été réalisée huit fois chaque semaine en été 2015, dans cinq parcelles de vigne des Alpes-Maritimes et du Var.

Petit tour par la biologie moléculaire

Après deux semaines d'incubation à 20 °C, des trichogrammes émergent des oeufs d'eudémis situés sur les baies de raisin. Ils sont récupérés et analysés par des techniques de biologie moléculaire pour être comparés aux trichogrammes lâchés.

Ce protocole est innovant et très efficace pour comparer entre elles des souches lâchées en compétition.

Résultat : trois souches se détachent

Sur 383 trichogrammes analysés dans les recaptures sur toute la saison, une grande majorité (89,8 %) est issue de seulement trois des dix-neuf souches lâchées, appartenant à deux espèces différentes. Cette méthode a donc révélé quels étaient les trichogrammes les plus performants dans les conditions de cette expérience.

Les meilleurs trichogrammes testés dans un programme

Choix de la parcelle, mais aussi du programme compatible

La chambre d'agriculture de la Charente a organisé avec Biotop une expérimentation en situation réelle dans une parcelle de vignoble de 9,4 ha des domaines Rémy Martin (Groupe Rémy-Cointreau) dans la région de Cognac. Le but de ce travail était de renforcer la technique de confusion sexuelle qui s'avérait parfois insuffisante.

La parcelle était donc traitée en confusion sexuelle (phéromones) contre l'eudémis et avec des fongicides (sans soufre) contre les maladies cryptogamiques.

Ces traitements sont compatibles avec l'usage des trichogrammes.

Il est important de savoir que les lâchers de trichogrammes ne sont compatibles ni avec l'usage du soufre ni celui d'insecticides chimiques (par exemple contre les cicadelles).

Lâchers réalisés

Les trichogrammes (une des trois souches évaluées comme les meilleures dans les essais du Var et des Alpes-Maritimes) ont été lâchés à l'aide de diffuseurs cartonnés de Biotop à raison de 100 points de lâcher par hectare et de 250 000 trichogrammes par hectare et par semaine (photo 8).

Huit lâchers ont été réalisés en juillet-août 2015, soit un total de 2 millions de trichogrammes par hectare sur toute la saison. Cette dose n'est pas excessive pour un lâcher inondatif de ce type.

Modalités testées

Différentes modalités ont été testées, chacune sur 1,5 ha. Nous nous intéresserons plus particulièrement ici aux résultats obtenus sur les modalités :

- témoin : confusion sexuelle seule ;

- insecticide chimique de type ovo-larvicide le 24 juillet 2015 ;

- deux traitements au Bacillus thuringiensis (Bt) : souche Aizawai le 24 juillet 2015, souche Kurstaki le 4 août 2015 ;

- huit lâchers de trichogrammes (chaque semaine du 8 juillet au 26 août 2015) ;

- huit lâchers de trichogrammes et deux traitements au Bt.

Chaque modalité était constituée de trois sous-parties délimitées par des allées et que nous avons considérées comme des blocs. Nous avons caractérisé le niveau de dégâts d'eudémis par un comptage, réalisé les 2-3 septembre 2015, du nombre de perforations sur cent grappes par bloc et par modalité.

Nous avons observé un gradient du niveau d'infestation par les eudémis : le bloc 1 était très infesté, le bloc 2 assez bien infesté et le bloc 3 d'infestation moyenne. Comme les résultats obtenus sur les trois blocs correspondent à des situations différentes d'infestation, nous les présenterons séparément.

Résultats

Des différences selon le niveau d'infestation

Les résultats sont présentés en Figure 1. Ils montrent que :

- en situation de forte infestation par eudémis (bloc 1), les trichogrammes ont réduit significativement les dégâts provoqués par le ravageur sur les grappes (efficacité observée de 77 %) ; les dégâts observés sur la modalité trichogrammes ont été significativement inférieurs à ceux observés sur la modalité insecticide (efficacité observée de 40 %) ; quand les lâchers de trichogrammes ont été complétés par des traitements au Bt, les dégâts ont été encore réduits par rapport à la modalité « trichogrammes seuls » : cette stratégie sécuritaire porte l'efficacité de la lutte à hauteur de 85 % ; dans les conditions de l'expérience, nous n'avons pas pu mettre en évidence de différence significative entre les dégâts observés sur les modalités trichogrammes et deux traitements Bt, bien qu'il semble que les trichogrammes aient tendance à être plus efficaces ;

- en situation d'infestation moyenne par eudémis (blocs 2 et 3), les trichogrammes ont réduit significativement les dégâts provoqués par l'eudémis sur les grappes (efficacité observée de 42 à 66 %) ; dans les conditions de l'expérience, nous n'avons pas pu mettre en évidence de différence significative entre la modalité trichogrammes et les autres modalités (insecticide chimique, deux applications de Bt, lâcher de trichogrammes + deux applications de Bt).

Un bilan prometteur

En conclusion, dans les conditions de nos expérimentations sur cette plateforme, l'usage des trichogrammes pour lutter contre l'eudémis s'est avéré aussi efficace (et même plus en condition de forte infestation) qu'un traitement insecticide chimique ovo-larvicide ou que deux traitements Bt.

Ces résultats sont très prometteurs. Ils amènent Biotop à commercialiser les trichogrammes ici testés dès l'été 2016.

Ces auxiliaires seront disponibles à la vente dans les coopératives viticoles de France métropolitaine continentale.

Des conseils à respecter

Compatibilité des trichogrammes avec d'autres produits

En effet, il est important de préciser que les trichogrammes ne peuvent s'inscrire dans un programme de lutte que si le vignoble :

- n'a pas reçu de soufre (ni mouillable ni en poudre) depuis plus de quatre à six semaines (à voir au cas par cas auprès d'un conseiller viticole) ;

- n'a pas reçu d'acaricide ou d'insecticide depuis plus de deux semaines (par exemple, dans le cadre d'un plan de lutte obligatoire contre la cicadelle de la flavescence dorée).

En ce qui concerne le plan de lutte obligatoire contre la cicadelle de la flavescence dorée, la parcelle d'expérimentation des domaines Rémy Martin a fait l'objet d'une dérogation de non-traitement de la part des services du SRAL, accompagnée de mesures de surveillance et de prospection.En revanche, les trichogrammes sont compatibles avec :

- la plupart des fongicides sans soufre (à voir au cas par cas auprès d'un conseiller viticole) ;

- la confusion sexuelle (par le moyen de phéromones de tordeuses) ;

- les traitements au Bacillus thuringiensis (Bt) souche Kurstaki ou Aizawai ; en effet, ces bio-insecticides n'affectent que des lépidoptères comme les tordeuses de la vigne, mais pas les hyménoptères que sont les trichogrammes ;

- les hormones végétales.

Complémentarité des trichogrammes avec d'autres produits

En particulier, les outils suivants sont complémentaires pour lutter contre les tordeuses :

- la confusion sexuelle, qui agit sur les papillons adultes ;

- les trichogrammes, qui parasitent les oeufs ;

- le Bt, qui affecte les chenilles.

Il apparaît (voir Figure 2) que ces produits sont non seulement compatibles, mais de plus, techniquement complémentaires, car ils s'attaquent à des stades différents du ravageur (papillon, oeuf, chenille).

Stratégie de lutte contre les tordeuses de la grappe

Dans nos expérimentations, nous avions réalisé huit lâchers hebdomadaires en juillet-août. Il est possible d'intégrer dans un même diffuseur des trichogrammes à des degrés de développement différents de sorte qu'un lâcher puisse couvrir deux semaines de traitement.

Biotop a intégré cette technique à son produit, ce qui fait que quatre lâchers pourront couvrir huit semaines de traitement.

Les trichogrammes pourront donc être lâchés tous les quinze jours durant la période des deuxième et troisième vols de tordeuses. Ce sera donc entre fin juin et fin août en année climatique normale.

Attention, les dates exactes peuvent varier de quelques jours selon les années et les régions. Il est conseillé de les déterminer avec l'aide des conseillers viticoles.

La dose de préconisation est celle utilisée dans les essais ici présentés, à savoir 2 millions de trichogrammes par hectare.

Cette dose peut être obtenue par quatre lâchers espacés de quinze jours, à raison de cent diffuseurs par hectare et par lâcher. Le maillage de pose des diffuseurs sera par exemple de 10 m × 10 m, 9 m × 11 m ou 8 m × 12 m.

Perspectives pour 2016

Enfin une solution trichogramme disponible en viticulture !

Des coopératives viticoles de plusieurs régions ont manifesté leur intérêt pour cette méthode de lutte accessible pour la première fois à la vente auprès de leurs services. Elles souhaitent s'investir dans des essais du produit en 2016 afin de pouvoir mettre en évidence dans leurs propres régions l'efficacité de ces trichogrammes.

Parallèlement à cela, Biotop, la chambre d'agriculture de la Charente et le groupe Rémy-Cointreau poursuivront des essais de R&D afin de perfectionner la stratégie de lâcher tout en optimisant l'efficacité des trichogrammes.

En particulier, nous tenterons de diminuer le nombre de lâchers tout en conservant la même efficacité. Des alternatives aux traitements au soufre pendant la période des lâchers sont également à l'étude.

Fig. 1 : Résultats de l'essai en grande parcelle en 2015 dans le vignoble de Cognac

Dégâts causés par eudémis sur les trois blocs de la parcelle d'essai et efficacité des différentes modalités. Le bloc 1 était fortement infesté d'eudémis, le bloc 2 moins gravement et le bloc 3 montrait une infestation moyenne.

Fig. 2 : Compatibles et complémentaires

 Photos : A. Ménard, M. Giraud - Biotop

Photos : A. Ménard, M. Giraud - Biotop

Action de plusieurs produits sur le cycle d'eudémis : confusion sexuelle, trichogrammes et Bt. On voit qu'ils agissent chacun à un moment différent du cycle, ce qui les rend complémentaires. Par ailleurs, ils sont compatibles entre eux, aucun ne nuisant à l'action d'un autre.

REMERCIEMENTS

Nous tenons tout particulièrement à remercier les producteurs qui nous ont toujours très bien accueillis dans leurs parcelles :

- les domaines Rémy Martin (certifiés HVE 3) et le Groupe Rémy-Cointreau qui produisent en Charentes des Cognac de renommée internationale.

- le domaine de Val d'Iris, à Seillans, (Var), qui a mené sa culture cette année sans soufre et sans pesticide sur toute la saison estivale (juillet-août).

- le vignoble Rasse (Vindazur), à Saint-Jeannet, dans les Alpes-Maritimes, qui mène sa culture en lutte raisonnée (avec peu de soufre en saison estivale) et qui utilise une méthode d'élevage des vins originale au soleil (vin tuilé).

- le domaine du Clos de Saint-Vincent de Monsieur Sergi, qui mène son vignoble en agriculture biologique et biodynamique à Bellet, dans les Alpes-Maritimes.

Nous tenons à remercier également :

- FranceAgriMer pour le financement pour partie de l'expérimentation menée en Charente.

- l'Inra de Sophia-Antipolis et la Pontificia Universidad católica du Chili pour leur participation aux captures de trichogrammes dans les vignes, dans le cadre du projet Colbics (financement FP7/People par la Commission européenne).

Enfin nous remercions toute l'équipe impliquée dans ces essais et sans laquelle l'expérimentation n'aurait pu aboutir, à savoir en plus des auteurs :

- Ariane Dambach, Cécile Guibert et l'ensemble de l'équipe viticulture de Segonzac (chambre d'agriculture de la Charente) ;

- Benoît Frank, Lucie Beauvié, Tony Ben Soussan, Lisa Brancaccio, Maxime Ferrero, Thomas Lepilleur, Cécilia Multeau, Martin Pons, Pierre-Baptiste Bourne-Watrin et toute l'équipe R&D de Biotop.

RÉSUMÉ

CONTEXTE - Les tordeuses de la grappe, comme par exemple l'eudémis, perforent les grains de raisin et peuvent provoquer d'énormes pertes. Des trichogrammes de plusieurs espèces, leurs ennemis naturels, ont été collectés pour mettre en place une lutte biologique par lâchers inondatifs.

ÉTUDE - Plusieurs souches de trichogrammes ont été comparées sur leurs performances au laboratoire et dans des vignobles du sud de la France. En particulier, certains trichogrammes ont été évalués en lâchers inondatifs dans les conditions d'un vignoble traité en confusion sexuelle contre l'eudémis.

RÉSULTATS - Les lâchers inondatifs de trichogrammes ont permis de réduire significativement les dégâts d'eudémis en situation d'infestation moyenne à forte. En situation de forte infestation, l'efficacité des trichogrammes (77 %) s'est même montrée supérieure à celle d'un insecticide ovo-larvicide (40 %).

PERSPECTIVES - Les trichogrammes contre les tordeuses de la grappe seront proposés par Biotop et disponibles auprès des coopératives viticoles dès l'été 2016.

MOTS-CLÉS - Biocontrôle, lutte biologique, trichogrammes, tordeuses de la grappe, vigne.

POUR EN SAVOIR PLUS

AUTEURS : *J. SEGURET, *L. APROSIO, *A. MENARD, *M. GIRAUD, Biotop, 1 306, route de Biot, 06560 Valbonne.

**L. DUCHÊNE, chambre d'agriculture de la Charente, 7, rue du stade 16130 Segonzac.

CONTACTS : jseguret@biotop.fr

laurent.duchene@charente.chambagri.fr

LIENS UTILES : www. biotop.fr

www.charente.chambagri.fr

BIBLIOGRAPHIE : - Barnay O., Hommay G., Gertz, C. et al., 2001. Survey of natural populations of Trichogramma (Hym., Trichogrammatidae) in the vineyards of Alsace (France). Journal of Applied Entomology, 125, 8 : 469-477.

- Ibrahim, Raema, 2004. Biological control of grape berry moths Eupoecilia ambiguella Hb. and Lobesia botrana Schiff.(Lepidoptera : Tortricidae) by using egg parasitoids of the genus Trichogramma. Thèse de doctorat, Universitätsbibliothek Giessen, 103 p.

- Thiéry D., 2008. Les tordeuses nuisibles à la vigne. Féret Publication, p 2-54.

- Thiéry D., Delbac L., Davidou L. (2015). Eudémis et cochylis : du neuf sur ces ravageurs ancestraux, Phytoma n° 688, 28-32.

- Thiéry D., Moreau J., 2005. Relative performance of European grapevine moth (Lobesia botrana) on grapes and other hosts. Oecologia, 143, 4 : 548-557.

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :