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EXPERTISE SCIENTIFIQUE L'INRA ÉVALUE LES ALTERNATIVES AU CUIVRE EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE

Phytoma - n°711 - février 2018 - page 5

Après le rapport sur les alternatives au glyphosate publié fin 2017, l'Inra en a fourni un sur le cuivre le 16 janvier 2018.

Il s'agit précisément, citons l'institut, d'une « expertise scientifique collective (ESCo) sur les leviers disponibles pour réduire l'usage du cuivre en protection des cultures biologiques ». Et d'ajouter : « Cette expertise a été réalisée à la demande conjointe de l'Institut technique de l'agriculture biologique (Itab) et d'un programme fédérateur de recherche Inra (Métaprogramme SMaCH). La démarche d'examen de la littérature adoptée et les résultats sont potentiellement applicables à d'autres problématiques agricoles cherchant à limiter ou éviter la consommation de certains intrants. »

Verdict dans un an

Revenons au cuivre et ses « composés du cuivre », comme l'écrivent les autorités européennes. L'approbation officielle par ces autorités, indispensable pour pouvoir obtenir ou conserver des AMM en France, est en discussion, disons... houleuse. La décision aurait dû être prise en janvier 2018, l'Europe vient de se donner un an de délai supplémentaire, donc jusqu'à fin janvier 2019 (voir p. 6)... Mais un an, c'est vite passé !

Les raisons de cette discussion ? Certains veulent interdire le cuivre, étant donné son écotoxicité, d'autres veulent le réapprouver car ils l'estiment indispensable notamment à l'agriculture biologique (AB)... L'expertise collective fournit des éléments de réponse à la question.

Ils peuvent être résumés ainsi : en AB, dans l'état actuel des connaissances et techniques, le cuivre reste indispensable en viticulture. Il peut être, du moins en théorie, remplacé sur pomme de terre et vergers.

Pomme de terre et vergers

Citons l'Inra : « Des stratégies d'évitement du cuivre, combinant différents leviers, sont envisageables en vergers de pommiers et en culture de pomme de terre [NDLR : contre la tavelure et le mildiou]. L'assemblage de ces leviers amène, dans ces deux cas, à des propositions (certes théoriques) de système de protection des cultures permettant d'envisager la substitution complète et la reconception des systèmes. »

Impasse sur vigne

Quant à la viticulture biologique, elle ne dispose pas d'outil équivalent contre le mildiou de la vigne.

Certes, des cépages résistants ont été inscrits (voir p. 7) mais le vignoble français ne va pas être arraché à 100 % puis couvert de cépages résistants à vendanger en septembre 2019 ! Un cep de vigne doit attendre trois ans avant d'offrir sa première (et toute petite) vendange, et les nouveaux cépages ne sont pas encore acceptés pour faire du vin d'appellation...

De plus, pour rendre une résistance variétale durable en lui évitant d'être contournée par des souches de mildiou « résistant à la résistance », il faut l'associer à d'autres outils... qui, en AB, sont des traitements au cuivre, certes moins nombreux que sur cépages sensibles.

Il existe d'autres produits « bio » contre le mildiou de la vigne (et celui de la pomme de terre ainsi que la tavelure du pommier) mais, selon l'Inra, « des études R&D par les entreprises impliquées dans le biocontrôle seraient encore nécessaires pour améliorer leur efficacité ».

Réduire les doses

Pour la vigne, « il faut faire évoluer les règlements d'appellation et déployer progressivement les résistances pour éviter qu'elles ne soient contournées et définitivement perdues. Si la piste génétique est donc une stratégie essentielle à moyen terme, c'est la réduction des doses de cuivre employées qui, dans l'immédiat, serait le principal levier ».

Les doses appliquées pourraient en effet être réduites sans perte d'efficacité, en améliorant les techniques d'application. Mais cela implique, pour beaucoup de viticulteurs, de changer de pulvérisateur... Les moyens du plan Écophyto sont-ils suffisants pour aider les viticulteurs en AB à s'équiper ?

POUR EN SAVOIR PLUS

http://institut.inra.fr/Missions/Eclairer-les-decisions/Expertises/Toutes-les-actualites/Peut-on-se-passer-du-cuivre-en-agriculture-biologique

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