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Tessior : soutenir la lutte contre les maladies du bois de la vigne

PIERRE-ANTOINE LARDIER* ET DAVID CLAUDEL***Responsable pôle cultures spéciales BASF France. **Responsable agronomique vigne et arboriculture BASF France. - Phytoma - n°728 - novembre 2019 - page 41

Pour empêcher la pénétration des pathogènes par les plaies de taille, l'action physique d'un coformulant s'ajoute à l'action chimique de la pyraclostrobine et du boscalide.
Évaluation de la performance du produit à l'Inra de Bordeaux. Photo : BASF

Évaluation de la performance du produit à l'Inra de Bordeaux. Photo : BASF

Fig. 1 : Un outil d'application spécifique pour Tessior      BASF a développé une solution sur mesure avec ses partenaires Mesto et Felco.

Fig. 1 : Un outil d'application spécifique pour Tessior BASF a développé une solution sur mesure avec ses partenaires Mesto et Felco.

Fig. 2 : Un travail collaboratif pour évaluer la performance des produits sur les MDB      Une méthodologie spécifique a été mise au point par différents instituts de recherche européens, en collaboration avec BASF.

Fig. 2 : Un travail collaboratif pour évaluer la performance des produits sur les MDB Une méthodologie spécifique a été mise au point par différents instituts de recherche européens, en collaboration avec BASF.

Fig. 3 : Efficacité de Tessior vis-à-vis des agents pathogènes responsables des maladies du bois de la vigne      Évaluation après inoculation artificielle dans chacun des 53 essais européens. Notation d'efficacité basée sur la remise en culture au laboratoire de champignons récoltés sur des bois au vignoble après la saison.

Fig. 3 : Efficacité de Tessior vis-à-vis des agents pathogènes responsables des maladies du bois de la vigne Évaluation après inoculation artificielle dans chacun des 53 essais européens. Notation d'efficacité basée sur la remise en culture au laboratoire de champignons récoltés sur des bois au vignoble après la saison.

Tessior, appliqué sur les plaies de taille avant pénétration dans le cep des agents infectieux, offre une double protection physique et fongicide vis-à-vis des maladies du bois de la vigne.

De quoi est-il fait ?

Pyraclostrobine, boscalide et polymère pulvérisable

Tessior est la nouvelle solution proposée par BASF pour lutter contre l'esca, le black dead arm (BDA) et l'eutypiose. Ce fongicide est composé de deux substances actives - la pyraclostrobine et le boscalide - qui sont associées dans une formulation spécifique contenant un polymère pulvérisable qui, après application, forme un film protecteur à la surface des plaies de taille. Le produit apporte donc un concept innovant au travers d'une double protection fongicide et physique. Cette solution est applicable pure, juste après la taille (au maximum dans la semaine qui suit la taille mais le plus rapidement possible après la taille) pour ne pas permettre aux spores des pathogènes de pénétrer dans le bois. En effet, depuis la disparition de l'arsénite de soude en 2001, les vignerons n'ont plus de solution pour combattre les maladies du bois (et particulièrement l'esca) qui se développent dans le vignoble français, mais aussi mondial.

Comment agit-il ?

Le projet et son développement

L'idée de départ (en 2005) a été de bloquer les spores des champignons avant qu'ils ne pénètrent dans le bois où ils sont difficiles à atteindre. Des fongicides à spectre large et adaptés aux pathogènes ont donc été sélectionnés pour leur capacité antigerminative. Il a ensuite fallu trouver une formulation qui reste présente sur les plaies de taille suffisamment longtemps pour faire un barrage efficace pendant leur phase de sensibilité. Les plaies de taille constituent des portes d'entrée pendant plusieurs mois mais leur sensibilité maximale dure environ une semaine après la taille puis décroît petit à petit pendant 2 à 3 mois. Le polymère, en plus de sa capacité à faire coller le fongicide sur la plaie, offre une action complémentaire de barrière physique. En parallèle, les recherches ont porté sur une formulation permettant d'appliquer le produit en période de taille, c'est-à-dire au cours de l'hiver : Tessior est utilisable à des températures allant de -5 °C à +25 °C.

Après la taille, quand le produit est appliqué, le polymère obture les canaux du bois sur la plaie et empêche la pénétration des champignons. Les fongicides détruisent les spores et les empêchent de germer, notamment celles qui se seraient déposées juste après le coup de sécateur avant l'application du produit.

Quelles sont ses performances ?

Des applications de précision

Les différents essais réalisés au fil des années ont montré que pour être efficace, le produit doit être appliqué pur, sur les plaies de taille. Cela a donc conduit BASF à renoncer à des applications au pulvérisateur classique et à chercher des partenariats avec des spécialistes : avec Felco et Mesto, un applicateur spécifique a été créé (Figure 1). Cet appareil permet des applications de précision de 0,1 à 0,3 ml sur chaque plaie de taille en leur assurant une bonne couverture. Le temps d'application/ha est variable selon la densité de pieds, le type de taille et donc le nombre de plaies de taille. Il varie entre 1/4 et 1/3 du temps nécessaire pour réaliser la taille.

Méthode d'évaluation

En 2005, au début du projet, il n'y a pas de méthode validée en Europe pour évaluer la performance des produits pour lutter contre les maladies du bois. BASF a contacté les chercheurs travaillant sur le sujet pour mieux connaître les champignons, les maladies et les méthodes de lutte mais aussi pour développer avec eux une méthode commune d'évaluation des produits développés. En France, l'Inra (P. Lecomte) et l'IFV (P. Larignon) ont participé à la mise au point de cette méthode (Figure 2) qui comporte une partie au vignoble et une partie au laboratoire. En effet, le développement des maladies du bois s'effectue à l'intérieur du bois et leurs symptômes n'apparaissent que plusieurs années après l'infection. La méthode cherche à mettre en évidence si le produit appliqué a une influence sur le développement du champignon inoculé sur la plaie de taille dans les tissus du bois, par rapport à un témoin inoculé mais non traité. En hiver, après avoir taillé la vigne, les plaies de taille sont traitées. Puis elles sont inoculées avec des spores de champignons déterminés. À la fin de la période végétative, des rameaux traités inoculés sont prélevés, ainsi que des rameaux non traités inoculés. Ramenés au laboratoire, ils sont écorcés, découpés, dans chaque bûchette, en trois fines rondelles et coupés en quatre. Les morceaux sont déposés sur un milieu gélosé en boîtes de Petri. Après une période de culture déterminée, on vérifie si le champignon inoculé s'est développé ou non, et si le produit l'a bloqué (photo 1 page précédente).

Efficacité sur les différents champignons au vignoble

Cinquante-trois essais ont été mis en place en Europe pour évaluer, avec les souches locales issues de chaque vignoble, l'intérêt de Tessior. Dans chacun de ces essais, on a inoculé un des quatre pathogènes majeurs sur des rameaux fraîchement taillés. Dans chaque essai, trois modalités ont été comparées : un témoin non traité, un produit biologique à base de Trichoderma et une modalité Tessior, tous deux appliqués par pulvérisation topique sur la plaie de taille.

Sur des niveaux variables mais significatifs d'infestation des différents pathogènes, les produits appliqués présentent une efficacité. Trichoderma montre une activité intéressante sur tous les champignons inoculés, statistiquement significative sauf sur Botryosphaeria obtusa. Tessior montre une activité supérieure, significative et ce, quel que soit le pathogène inoculé (Figure 3).

D'autres essais sur le long terme, suivant le même protocole, sont mis en place sur le terrain pour huit ans minimum. L'objectif est de montrer que le traitement permet de limiter l'expression des maladies du bois au vignoble. Les essais les plus anciens (deux essais en 2016, trois de plus en 2017, dix-huit de plus en 2018, auxquels on ajoute sept essais en 2019), sur les différents vignobles français, ont désormais quatre ans et il est trop tôt pour en tirer des conclusions, peu de symptômes étant visibles à ce jour.

Comment l'utiliser ?

En prévention, sur vignes jeunes

Tessior agit en préventif, avant que les champignons n'entrent dans le bois. Chaque année, au moment de la taille, il existe un risque majeur d'inoculation de pathogènes (qui varie selon les sources d'inoculum présentes et les conditions climatiques). L'objectif est de bloquer les spores des champignons en protégeant les plaies de taille, sur des vignes qui ne sont pas déjà infectées : inutile d'appliquer le produit sur des vignes de 30 ans qui n'ont jamais été protégées et qui sont déjà trop malades pour que le produit les protège...

Le produit doit être appliqué sur des vignes jeunes dès la première taille et l'opération recommencée chaque année jusqu'à quelques années avant l'arrachage... À ce jour, nous ne conseillons pas de commencer le traitement sur des vignes en place de plus de 8 ans, le risque d'infection préalable trop important limitant l'intérêt de la lutte préventive. Appliquer le produit non dilué directement sur les plaies (de préférence sèches, et en dehors des périodes de pluie), à l'aide de l'appareil à dos spécifiquement conçu.

Tailler, tirer le bois, traiter

Le produit s'applique sur les plaies (en évitant les périodes de pleurs) dans les jours qui suivent la taille et ce, dans un délai maximum de sept jours. Le mieux étant d'intervenir le plus tôt possible après la taille. Cela peut nécessiter de revoir l'organisation des chantiers de taille, lorsque cette dernière est réalisée en hiver : si le tirage des bois n'est pas réalisé dans la foulée, l'application de Tessior sera compliquée. Par exemple, pour un tailleur qui travaille seul, l'idéal pourrait être de tailler le matin, tirer les bois en fin de matinée ou en début d'après-midi et traiter ensuite ; pour un travail en équipe, il pourrait y avoir deux tailleurs, un tireur de bois et une personne qui applique le produit et qui travaillent ensemble sur la même parcelle.

Prophylaxie, lutte préventive et méthodes curatives

Il convient de limiter la présence d'inoculum en brûlant les souches arrachées plutôt que de les entasser en bordure de parcelles. De même, les ceps morts ou malades devraient être marqués pour éventuellement les arracher à la période choisie et les brûler ensuite.

Pour toute nouvelle plantation, veillez à vous procurer des pieds de qualité ; par exemple, la filière française a fait de gros efforts pour proposer des plants « qualité origine France » sous contrôle de FranceAgriMer. Implantez-les dans des conditions optimales de préparation du sol (jachère, ameublissement, délai avant plantation...), en veillant tout particulièrement à leur reprise. Dès la formation du pied, veillez à allonger les bras, pour éviter les moignons propices aux maladies du bois. Respectez les flux de sève et les principes de la taille Poussard. Enfin, protégez les plaies de taille chaque année dans les jours qui suivent la taille avec Tessior. Ce n'est pas un traitement curatif. Pour les pieds déjà atteints de plus de 8 ans, il convient de recourir à des méthodes telles que l'arrachage et la replantation (ou complantation), le curetage, le recépage.... voire des méthodes en cours de validation (endothérapie).

Les maladies du bois : quels agents pathogènes et quelle nuisibilité ?

Les maladies du bois (esca, BDA, eutypiose) représentent une part importante de ce que l'on nomme dépérissement du vignoble. À ce jour, faute de solution, 11 % des vignes sont improductives et l'on assiste à la disparition de 4 à 5 % des pieds de vigne chaque année. S'en suit une baisse de la production de vin (estimée par les experts(1) de 3 à 5 millions d'hectolitres selon les années, soit 1 milliard d'euros), de la compétitivité et de rentabilité pour chaque domaine viticole. Ces maladies sont liées à de nombreux pathogènes (plusieurs dizaines sont citées dans la littérature) mais on ne connaît pas précisément le rôle de chaque champignon dans leur développement. Seules quelques espèces ont un rôle majeur. Ce sont des espèces pionnières qui sont à l'origine des différentes maladies. Eutypa lata par exemple est à l'origine de l'eutypiose. Pour l'esca, E. lata est aussi présent mais toujours en présence de Phaeomoniella chlamydospora (P. ch) et Phaeoacremonium aleophylum (P. al). À ces trois espèces, il convient d'ajouter les Botryosphaeria à l'origine du développement de l'amadou, pourriture caractéristique des bois infectés.

Chaque année, lors de la taille, le sécateur laisse des plaies plus ou moins grandes qui constituent des portes d'entrée pour les spores de ces champignons. Une fois à l'intérieur du bois, ces champignons lignivores attaquent la cellulose et dégradent le cep. Sous cette action et divers mécanismes de défense qui entraînent des blocages de flux de sève, la plante s'affaiblit peu à peu et meurt plus ou moins rapidement. Les MDB sont des maladies cumulatives dont l'inoculum est « rechargé » chaque année. Petit à petit, le bois sain est colonisé et dégradé à l'abri du regard et hors d'atteinte des produits de traitement.

(1) Grosman J. et B. Doublet, 2012, « Maladies du bois de la vigne », Phytoma-La Défense des végétaux n° 651, p. 31-35.

POUR EN SAVOIR PLUS

CONTACT : pierre-antoine.lardier@basf.com

LIEN UTILE : www.agro.basf.fr/cultures/vigne

BIBLIOGRAPHIE : - Sicavac, BIVC (2014), Manuel des pratiques viticoles contre les maladies du bois.

- Larignon P. (2016), Maladies cryptogamiques du bois de la vigne : symptomatologie et agents pathogènes. https://tinyurl.com/y53omfxw

- Larignon P. et Yobrégat O. (2018), Comment lutter contre les maladies du bois de la vigne. https://tinyurl.com/y2dhpoyj

- Quéré C. & J.-M. Sermier (Assemblée nationale, 2015), Rapport d'information sur les maladies de la vigne et du bois. www.assemblee-nationale.fr/14/rap-info/i2946.asp

- Dubos B. (2002), Maladies cryptogamiques de la vigne, Éditions Féret.

- Lecomte P. (2017), http://ephytia.inra.fr/fr/C/6067/Vigne-Champignons-du-bois.

- Pierron R. (2015), Esca et vigne : compréhension des mécanismes de défense précoces du bois de la vigne Vitis vinifera l. suite à la maladie, colonisation des champignons in planta et proposition de moyens de lutte pour une viticulture durable. http://oatao.univ-toulouse.fr/14651/1/Pierron.pdf

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Fiche d'identité

Nom de marque : Tessior

N° d'AMM : 2180751

Composition : 5 g/l de pyraclostrobine + 10 g/l de boscalide

Famille chimique : Qol + SDH-I

Formulation : suspension concentrée pour application directe (SD)

Usage et dose autorisés : vigne (cuve et table) * traitement des parties aériennes * esca, black dead arm, eutypiose à 20 l/ha

Stades d'application : BBCH 00

Nombre maximal d'application : 1/an

DAR/DRE/ZNT : F/24 h/5 m

Classement toxicologique : Attention H315, H410

L'essentiel de l'offre

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