ImprimerEn 2008, les Pépinières Guillaume ont mis en place avec le CIVC (Comité interprofessionnel du vin de Champagne) un essai chez Grégoire Desloge, viticulteur à Lagery (Marne). Des pieds de pinot noir, inoculés avec plusieurs Trichoderma, ont été plantés sur 50 ares, tous les trois rangs.
« Chaque année, nous effectuons des prélèvements sur une vingtaine de pieds dans cette vigne, indique Pierre-Marie Guillaume, responsable commercial et recherche et développement des Pépinières Guillaume, à Charcenne (Haute-Saône). Nous contrôlons, par des analyses ADN, si les souches de Trichoderma s'y trouvent toujours. Au bout de six ans, nous les retrouvons bien. » Pour Pierre-Marie Guillaume, c'est la preuve qu'elles se sont adaptées à leur environnement et, surtout, qu'elles ont résisté aux traitements fongicides. Les Trichoderma se retrouvent partout sur les plants inoculés : sur la tête du cep, le tronc et même les racines. Ils les protègent ainsi d'autres champignons.
Une demande des viticulteurs
« Sur les plants témoins, nous trouvons le champignon Cylindrocarpon, qui est considéré comme un agent de l'esca, alors que nous ne l'avons jamais retrouvé sur les plants inoculés, poursuit Pierre-Marie Guillaume. Nos souches inoculées ne contiennent pas non plus de Phaeoacremonium, pas plus que de Phaemoniella ou de Botryosphaeria, trois autres champignons associés à l'esca-BDA. L'effet protecteur semble se confirmer, mais il faut encore attendre pour avoir des certitudes. »
Sur les 9 millions de plants produits par les Pépinières Guillaume, un peu plus d'un million sont inoculés. Leurs clients demandent ce traitement, surtout pour le pinot noir, le chardonnay, le sauvignon et le cabernet franc. Mais l'entreprise n'est pas la seule sur ce créneau. Les Pépinières Mercier à Vix (Vendée), ou, depuis peu, la SCEA du Vieux puits, à Reignac (Gironde), proposent également des plants inoculés.
Philippe Larignon, expert des maladies du bois à l'IFV (Institut français du vin), n'est pas convaincu. Entre 2005 et 2007, il a testé treize souches de Trichoderma. Aucune d'entre elles n'a protégé efficacement les plaies de taille contre les champignons pionniers de l'esca ou du BDA. Selon lui, seul « un léger effet retardeur de croissance a pu être observé sur Eutypa lata, responsable de l'eutypiose ». Le chercheur reconnaît toutefois que les Trichoderma peuvent améliorer le système racinaire de la plante.
Le Point de vue de
Grégoire Desloge, EARL Le Raisin Walin, à Lagery (Marne), 6,5 ha de pinot meunier, pinot noir et chardonnay
« Trop tôt pour voir un effet »
Grégoire Desloge, EARL Le Raisin Walin, à Lagery (Marne), 6,5 ha de pinot meunier, pinot noir et chardonnay © C. FAIMALI/GFA
«J'ai 1 à 2 % de mortalité par l'esca par an. Chaque année, j'arrache les pieds morts et je complante au printemps. Je replante également systématiquement 50 ares tous les deux ans. Je m'approvisionne toujours en plants auprès des Pépinières Guillaume. En 2008, celles-ci m'ont proposé de faire des essais dans mes vignes.
Nous avons planté des pieds de pinot noir droits inoculés avec Trichoderma, des plants mycorhizés et des plants traités à l'eau chaude. Pour l'instant, la vigne est trop jeune pour avoir été attaquée par les maladies du bois. Il est donc trop tôt pour mesurer l'efficacité des plants inoculés avec le champignon.
En revanche, ces plants sont beaucoup moins sensibles au mildiou. Cette année, mes vignes ont été très touchées par la maladie et il y avait une très grosse différence entre les plants inoculés avec Trichoderma, beaucoup plus productifs, et ceux sans. »
