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Flavescence dorée Restez mobilisés

La vigne - n°6 - mars 2012 - page 66

La maladie s’étend dans plusieurs vignobles. Seule la lutte collective contre la cicadelle Scaphoïdeus titanus permet d’enrayer la propagation du phytoplasme.

Quels sont les symptômes de la maladie ?

} «
Les feuilles rougissent ou jaunissent selon les cépages, elles s’enroulent et se durcissent, les grappes et vrilles se dessèchent et l’aoûtement des bois ne s’effectue pas, détaille Marie-Catherine Dufour, directrice adjointe du service vigne et vin à la chambre d’agriculture de Gironde.
Mais ces symptômes n’apparaissent pas tous en même temps et dépendent de la concentration du phytoplasme dans la plante. » La maladie peut entraîner la mort du cep. Les dégâts provoqués par la flavescence dorée sont très proches de ceux du bois noir. «
Les foyers de bois noir sont en général plus disséminés que ceux de la flavescence dorée mais seule une analyse moléculaire permet de savoir à quelle maladie on a affaire », souligne Philippe Kuntzmann, de l’IFV Alsace. La similarité des symptômes entre les deux maladies explique que les arrêtés préfectoraux organisant la lutte contre la flavescence dorée imposent aussi l’arrachage des ceps atteints de bois noir.

Quelle est la prophylaxie ?

} Il faut prospecter les vignes, pied par pied, de la mi-août jusqu’en octobre. Il faut marquer les ceps malades puis les arracher intégralement avec leurs racines. Si ces pieds ne peuvent être arrachés immédiatement, il faut couper leur végétation. Cela évitera aux cicadelles
Scaphoïdeus titanus d’acquérir le phytoplasme en se nourrissant sur une souche malade, puis de le transmettre à une souche saine. Il est également conseillé de détruire les bois de taille.

Quelles sont les mesures de lutte obligatoires ?

} La flavescence dorée fait l’objet d’une lutte collective obligatoire dans les zones touchées. Tout cas de contamination doit être déclaré aux services régionaux de l’alimentation (SRAL). Chaque année, dans les départements les plus touchés, des arrêtés préfectoraux indiquent les mesures à suivre : prospection et arrachage des ceps atteints, arrachage total de la parcelle si celle-ci compte plus de 20 % de pieds présentant des symptômes et traitements insecticides pour éviter que les cicadelles ne propagent la maladie.
Dans les communes contaminées, trois traitements (deux larvicides et un adulticide) doivent être réalisés à des dates définies par le SRAL : le premier traitement a lieu un mois après les premières éclosions, le deuxième en fin de rémanence du premier traitement (deux semaines après) et le troisième traitement vise à réduire les populations de cicadelles adultes en juillet ou début août. Cette lutte insecticide est aussi obligatoire dans les vignes mères de greffons et de porte-greffes, ainsi que dans les pépinières.

Les surfaces en lutte obligatoire augmentent-elles ?

} En 2010, environ 50 % du vignoble français, soit près de 450 000 ha de vignes, étaient soumis à la lutte obligatoire contre la flavescence dorée, contre 423 000 en 2008. Mais les nouveaux foyers découverts en 2011 n’entraîneront pas forcément le placement de nouvelles zones en lutte obligatoire.
«
Dans le Languedoc-Roussillon, les périmètres de lutte obligatoire (PLO) représentent déjà plus de 200 000 ha sur les 240 000 que compte le vignoble au total, explique Jean-Michel Trespaillé-Barreau, du service régional de l’alimentation.
La question de l’extension de ces périmètres ne se pose pas, mais le nombre de traitements imposés pourrait évoluer dans les communes en lutte aménagée où la prospection des groupements de défense contre les organismes nuisibles (GDON) a mis en évidence des foyers de contamination. »

Quels produits privilégier pour préserver la faune auxiliaire ?

} Les produits homologués contre la cicadelle de la flavescence dorée sont des organo-phosphorés et des pyréthrinoïdes, des produits qui ont un impact sur les auxiliaires, notamment les typhlodromes. Cependant, certains sont moins néfastes que d’autres. «
Des spécialités à base de deltaméthrine ou de chlorpyriphos-méthyl assurent plus de sélectivité envers les auxiliaires et sont moins impactantes », conseille Pascal Maran, de la coopérative Charentes Alliance.
Nexide, à base de 60 g/l de gamma-cyhalothrine, vient également d’être homologué. Ce pyréthrinoïde de nouvelle génération présente un profil toxicologique plus « doux ». Il est commercialisé par De Sangosse. Le pyrèthre naturel, utilisable en viticulture biologique, est également moins toxique envers les typhlodromes.

Est-il possible d’aménager la lutte ?

} L’aménagement de la lutte est indissociable de la création d’un GDON qui va procéder à des piégeages et à une prospection des vignes. «
Une zone ne peut sortir du PLO qu’au bout de deux années de prospection sans découverte de pied contaminé », précise Marie-Catherine Dufour.
Si les prospections et piégeages montrent une diminution des pieds contaminés et des populations de
Scaphoïdeus titanus, un ou deux traitements peuvent être rendus facultatifs avec l’aval du SRAL. «
Un seul larvicide peut être obligatoire. Si les piégeages ont montré que les larvicides ont été efficaces, le traitement adulticide peut aussi être supprimé », poursuit Marie-Catherine Dufour.

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