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Cahors tient le devant de la scène

La vigne - n°84 - janvier 1998 - page 0

Jusqu'à la fin de l'année, les appellations du Sud-Ouest étaient suspendues à une décision de Cahors, qui est la première d'entre elles en termes de volumes. Son syndicat de défense a fini par refuser l'adhésion à l'interprofession commune. Il a également mis en chantier quantité de projets pour relancer des cours faiblissants.

Jusqu'à la fin de l'année, les appellations du Sud-Ouest étaient suspendues à une décision de Cahors, qui est la première d'entre elles en termes de volumes. Son syndicat de défense a fini par refuser l'adhésion à l'interprofession commune. Il a également mis en chantier quantité de projets pour relancer des cours faiblissants.

Ira, n'ira pas? Depuis quelques années, dans le Sud-Ouest, on se pose la question de savoir si Cahors rejoindra ou non l'interprofession régionale. Jusqu'à présent, la réponse avait été négative. Ce refus n'avait pas empêché les autres de se regrouper. En 1990, naissait l'Association des vins du Sud-Ouest. Elle devenait une interprofession en 1995, que les pouvoirs publics ont reconnue officiellement en novembre dernier. Cet organisme, qui siège dans la banlieue de Toulouse, peut désormais prélever des cotisations volontaires obligatoires. Il représente 450 000 hl récoltés dans une quinzaine d'appellations. Pour la première année de fonctionnement, ' nous avons assuré une présence de nos vins sur tous les salons importants ', explique Jacques Tranier, le directeur du CIVSO (Comité interprofessionnel des vins du Sud-Ouest). Une autre décision fut de commander une étude de marché en grande surface. Etrangement, dans les résultats de cette étude, les vins de Bergerac sont inclus dans la famille du Sud-Ouest, ce qui lui permet de revendiquer la quatrième place dans les linéaires après Bordeaux, la vallée du Rhône et le Val-de-Loire. Bergerac a pourtant toujours clamé sa singularité. Et si elle devait l'abandonner comme il en est de plus en plus question, ce serait plutôt au profit de Bordeaux que de Toulouse.Cahors figure également dans les résultats de l'étude. Géographiquement, elle se trouve indiscutablement dans la région réputée pour ses confits et ses foies gras. Cela ne l'empêche pas de conserver son indépendance. En décembre, les vignerons, lors d'un vote en assemblée générale, ont refusé que leur syndicat adhère au Comité interprofessionnel des vins du Sud-Ouest. Cahors reste donc en dehors de cette organisation alors qu'elle est la principale appellation de la région, avec 200 000 hl commercialisés par an. Ce n'est pas une surprise. Elus locaux, représentants de l'Etat et responsables syndicaux avaient appelé les vignerons à préserver leur identité. Malgré ces appels, ils ne s'y sont décidés qu'à une courte majorité, ce que personne ne prévoyait : sur 336 votants, il n'y eut que dix voix de plus en faveur du refus. Compte tenu de ce faible écart, les résultats devaient être vérifiés et définitivement validés au début de ce mois de janvier.Ce vote fut la conclusion d'une journée chargée. Le 12 décembre, lors de son assemblée générale, le syndicat de défense de Cahors faisait le point sur son activité de l'année. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle fut intense. 1997 a vu la réalisation d'un audit, la préparation d'une salle des ventes et le dépôt d'un projet de délimitation d'une appellation Cahors premier cru. Habituellement, les délimitations sont faites par les experts de l'Inao. Là, ce ne fut pas le cas. Le syndicat a remis à l'Institut un dossier précis. ' Géologue, techniciens et vignerons, tout le monde a oeuvré sur le sujet ', précise Jean-Marie Sigaud, le président du syndicat. Dans l'état actuel du projet, le premier cru couvrirait 1 200 ha alors que 4 200 ha sont plantés.La délimitation s'inscrit dans une optique de clarification de l'offre. Selon l'audit commandé par le syndicat, il est temps de remettre en ordre la présentation des vins car tout le monde s'y perd.Dans le haut de gamme, les châteaux ne sont pas suffisamment compris. La mention ' premier cru ' appuierait leur légitimité. Dans le bas de gamme, le système carte noire ' égare le consommateur car ce sont des premiers prix qui se maquillent sous les travestis mensongers du faux luxe ', écrit le cabinet Sofra, auteur de l'audit qui préconise l'abandon de cette dénomination.Sofra constate aussi que les parts de marché ne se maintiennent ' qu'au prix d'efforts répétés sur les cours : l'ensemble de l'appellation est tirée vers le bas '. Le vrac représente un peu plus de la moitié du marché. Or, en 1996-1997, ses cours ont chuté de 5 % par rapport à la campagne précédente. Gaillac et les côtes du Frontonnais ont connu une évolution légèrement plus favorable. En termes de volumes, ces deux appellations viennent après Cahors avec, respectivement, 100 000 hl et 80 000 hl commercialisés. La première d'entre elles a réussi à maintenir le prix de vrac de ses vins rouges à 550 F/hl en moyenne. En revanche, ses ventes ont bien progressé (+ 14 %). La seconde a concédé un point, son cours moyen s'établissant à 520 F/hl durant la campagne 1996-1997. Une grande partie du Sud-Ouest a donc vécu une campagne commerciale peu réjouissante.Pour les responsables syndicaux de Cahors, cela ne saurait durer. Dans le courant de l'année, ils ont calculé les coûts de production pour constater qu'ils sont nettement supérieurs aux recettes permises par la vente en vrac, qui représente un peu plus de la moitié des transactions. A 620 F/hl, aucun investissement n'est possible et le travail est payé au Smic. En dessous de ce seuil, la rémunération décroît pour devenir nulle à partir de 400 F/hl. Le cours du vrac se situe entre 660 et 670 F/hl. Il ne permet donc pas de dégager suffisamment de revenus pour amortir des matériels ou des plantations. Pour préserver la capacité d'investissement, le prix devrait être de 840 à 850 F/hl, selon les calculs du syndicat. Cette analyse des coûts servira d'argument face aux acheteurs.Dans le but d'ordonner le marché, le syndicat va ouvrir une salle des ventes où les vignerons viendront présenter leurs vins, qui auront au préalable été classés en trois catégories (entrée de gamme, milieu de gamme et haut de gamme). La salle sera ouverte deux fois par mois aux vins en vrac ou en bouteilles. Les acheteurs pourront goûter les vins avant le début de la vente qui se fera aux enchères descendantes. Une idée qu'il sera intéressant de suivre.

Ira, n'ira pas? Depuis quelques années, dans le Sud-Ouest, on se pose la question de savoir si Cahors rejoindra ou non l'interprofession régionale. Jusqu'à présent, la réponse avait été négative. Ce refus n'avait pas empêché les autres de se regrouper. En 1990, naissait l'Association des vins du Sud-Ouest. Elle devenait une interprofession en 1995, que les pouvoirs publics ont reconnue officiellement en novembre dernier. Cet organisme, qui siège dans la banlieue de Toulouse, peut désormais prélever des cotisations volontaires obligatoires. Il représente 450 000 hl récoltés dans une quinzaine d'appellations. Pour la première année de fonctionnement, ' nous avons assuré une présence de nos vins sur tous les salons importants ', explique Jacques Tranier, le directeur du CIVSO (Comité interprofessionnel des vins du Sud-Ouest). Une autre décision fut de commander une étude de marché en grande surface. Etrangement, dans les résultats de cette étude, les vins de Bergerac sont inclus dans la famille du Sud-Ouest, ce qui lui permet de revendiquer la quatrième place dans les linéaires après Bordeaux, la vallée du Rhône et le Val-de-Loire. Bergerac a pourtant toujours clamé sa singularité. Et si elle devait l'abandonner comme il en est de plus en plus question, ce serait plutôt au profit de Bordeaux que de Toulouse.Cahors figure également dans les résultats de l'étude. Géographiquement, elle se trouve indiscutablement dans la région réputée pour ses confits et ses foies gras. Cela ne l'empêche pas de conserver son indépendance. En décembre, les vignerons, lors d'un vote en assemblée générale, ont refusé que leur syndicat adhère au Comité interprofessionnel des vins du Sud-Ouest. Cahors reste donc en dehors de cette organisation alors qu'elle est la principale appellation de la région, avec 200 000 hl commercialisés par an. Ce n'est pas une surprise. Elus locaux, représentants de l'Etat et responsables syndicaux avaient appelé les vignerons à préserver leur identité. Malgré ces appels, ils ne s'y sont décidés qu'à une courte majorité, ce que personne ne prévoyait : sur 336 votants, il n'y eut que dix voix de plus en faveur du refus. Compte tenu de ce faible écart, les résultats devaient être vérifiés et définitivement validés au début de ce mois de janvier.Ce vote fut la conclusion d'une journée chargée. Le 12 décembre, lors de son assemblée générale, le syndicat de défense de Cahors faisait le point sur son activité de l'année. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle fut intense. 1997 a vu la réalisation d'un audit, la préparation d'une salle des ventes et le dépôt d'un projet de délimitation d'une appellation Cahors premier cru. Habituellement, les délimitations sont faites par les experts de l'Inao. Là, ce ne fut pas le cas. Le syndicat a remis à l'Institut un dossier précis. ' Géologue, techniciens et vignerons, tout le monde a oeuvré sur le sujet ', précise Jean-Marie Sigaud, le président du syndicat. Dans l'état actuel du projet, le premier cru couvrirait 1 200 ha alors que 4 200 ha sont plantés.La délimitation s'inscrit dans une optique de clarification de l'offre. Selon l'audit commandé par le syndicat, il est temps de remettre en ordre la présentation des vins car tout le monde s'y perd.Dans le haut de gamme, les châteaux ne sont pas suffisamment compris. La mention ' premier cru ' appuierait leur légitimité. Dans le bas de gamme, le système carte noire ' égare le consommateur car ce sont des premiers prix qui se maquillent sous les travestis mensongers du faux luxe ', écrit le cabinet Sofra, auteur de l'audit qui préconise l'abandon de cette dénomination.Sofra constate aussi que les parts de marché ne se maintiennent ' qu'au prix d'efforts répétés sur les cours : l'ensemble de l'appellation est tirée vers le bas '. Le vrac représente un peu plus de la moitié du marché. Or, en 1996-1997, ses cours ont chuté de 5 % par rapport à la campagne précédente. Gaillac et les côtes du Frontonnais ont connu une évolution légèrement plus favorable. En termes de volumes, ces deux appellations viennent après Cahors avec, respectivement, 100 000 hl et 80 000 hl commercialisés. La première d'entre elles a réussi à maintenir le prix de vrac de ses vins rouges à 550 F/hl en moyenne. En revanche, ses ventes ont bien progressé (+ 14 %). La seconde a concédé un point, son cours moyen s'établissant à 520 F/hl durant la campagne 1996-1997. Une grande partie du Sud-Ouest a donc vécu une campagne commerciale peu réjouissante.Pour les responsables syndicaux de Cahors, cela ne saurait durer. Dans le courant de l'année, ils ont calculé les coûts de production pour constater qu'ils sont nettement supérieurs aux recettes permises par la vente en vrac, qui représente un peu plus de la moitié des transactions. A 620 F/hl, aucun investissement n'est possible et le travail est payé au Smic. En dessous de ce seuil, la rémunération décroît pour devenir nulle à partir de 400 F/hl. Le cours du vrac se situe entre 660 et 670 F/hl. Il ne permet donc pas de dégager suffisamment de revenus pour amortir des matériels ou des plantations. Pour préserver la capacité d'investissement, le prix devrait être de 840 à 850 F/hl, selon les calculs du syndicat. Cette analyse des coûts servira d'argument face aux acheteurs.Dans le but d'ordonner le marché, le syndicat va ouvrir une salle des ventes où les vignerons viendront présenter leurs vins, qui auront au préalable été classés en trois catégories (entrée de gamme, milieu de gamme et haut de gamme). La salle sera ouverte deux fois par mois aux vins en vrac ou en bouteilles. Les acheteurs pourront goûter les vins avant le début de la vente qui se fera aux enchères descendantes. Une idée qu'il sera intéressant de suivre.

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