Tout vient à point à qui sait attendre. Les appellations du Sud-Ouest ont obtenu leur comité régional: le Crinao Toulouse-Pyrénées. Reconnu en juillet, il regroupe dix-huit appellations (1), du Pays basque (Irouléguy) aux contreforts du Massif central (Marcillac). 'Notre identité était insuffisamment représentée dans un comité Sud-Ouest, trop bordelais', explique Philippe Derrieux, président de la Fédération régionale des syndicats d'AO du Sud-Ouest. Depuis des années, les appellations 'sécessionnistes' demandaient un comité régional propre. La création, fin 1997, du Comité interprofessionnel des vins du Sud-Ouest (CIVSO) a accéléré le mouvement. Tous les syndicats du Crinao Sud-Ouest, sauf ceux situés en Gironde, ont été consultés. Bergerac, Saussignac, Buzet, côtes de Duras et côtes du Marmandais n'ont pas souhaité quitter le giron bordelais. Reste à savoir s'il ne serait pas bon de changer le nom du Crinao Sud-Ouest, vu que la plupart des vins de cette région l'ont quittée et qu'il regroupe désormais des AOC d'Aquitaine uniquement.
Fin de siècle oblige, les vignerons des appellations représentées au CIVSO, c'est-à-dire celles du nouveau Crinao sauf Cahors, ont fait l'objet d'un audit de communication. Objectif: faire le point sur les valeurs les plus marquantes des vins du Sud-Ouest, telles que la profession les perçoit. Il en est ressorti que 'le Sud-Ouest ne présente pas une unité 'évidente' (multiplicité des sites et des produits...)', mais qu'il existe 'une identité fondée sur des caractéristiques humaines communes': goût pour la nature, simplicité, authenticité, sens de la fête...
Sur cette base sociologique, l'agence toulousaine Anapurna a conçu le nouveau visuel fédérateur des vins du Sud-Ouest: un verre élégant, un sourire charmeur et une accroche très nature. Des déclinaisons pour les différentes appellations sont prévues.
Sur le plan technique, les vignerons ont voulu aller plus loin que la simple stratégie marketing. Ils ont décidé de promouvoir la production raisonnée.
A partir des directives de l'Office international pour la lutte biologique (OILB), chaque appellation va établir un cahier des charges. Un travail avec l'ITV et la chambre d'agriculture se met en place. 'Le système est basé sur le volontariat. Nous nous laissons sept ans pour faire rentrer tout le monde dans les clous avant d'intégrer ces principes dans les décrets d'appellation', explique Jacques Tranier, directeur du CIVSO. Parmi les autres projets à l'ordre du jour, l'interprofession travaille l'accueil touristique. Il est prévu une labellisation des caveaux et restaurants de la région ainsi qu'une signalisation des lieux. Un guide pratique destiné aux producteurs devrait être prêt pour l'été 2000 avec un kit de décoration des chais.
Pour sa première année de pleine activité, le CIVSO n'a donc pas chômé. L'important dossier du suivi en aval de la qualité (SAQ) a été également bouclé dans les temps. Les accords interprofessionnels organisant les prélèvements et la dégustation des bouteilles au stade de leur commercialisation finale ont été signés à la mi-novembre. 'Mettre en place une telle procédure suppose une réflexion sur la définition sensorielle des vins. Des formations de jury experts seront mises en place dès cette campagne', explique-t-on au CIVSO.
L'Union interprofessionnelle des vins de Cahors (UIVC) s'est rapprochée du CIVSO pour gérer l'organisation des prélèvements d'échantillons.
'En revanche, nous avons souhaité garder la maîtrise de la dégustation', explique Jean-Marie Sigaud, le président délégué. A noter que les choses sont rentrées dans l'ordre à l'interprofession de Cahors. Après plus d'un an et demi sans CVO (cotisation volontaire obligatoire), le fonds de roulement de l'organisation est épuisé, mais depuis le mois d'août, le négoce fait taire ses querelles.
Economiquement, 1999 aura été une très bonne année pour la commercialisation des vins du Sud-Ouest. Les stocks sont en baisse pour les quatre piliers que sont Cahors, Gaillac, Madiran et Fronton. Les cours du vrac sont à la hausse et l'on craint une surchauffe sur certains produits. La campagne 1999-2000 a bien démarré. En grande distribution, les vins du Sud-Ouest, à l'exception de ceux de Bergerac, ont progressé en volume (6,5%) et en valeur (13%). Cette évolution conforte la tendance enregistrée depuis cinq ans. Le Sud-Ouest aura bénéficié de certains dérapages de prix. Du côté des VDP, les indicateurs sont également à la hausse. L'ensemble de la production en zone Comté-Tolosan (onze départements) a vu ses volumes agréés augmenter de 18%, à 876 784 hl. Les blancs ont eu des cours sur le marché du vrac en hausse de 4% et de 8% pour les rouges. L'an 2000 s'annonce donc sous les meilleures auspices.
(1) AOC: Béarn, Cahors, côtes du Frontonnais, Gaillac, Irouléguy, Jurançon et Jurançon sec, Madiran, Marcillac, Pacherenc du Vic-Bilh.
AOVDQS: coteaux du Quercy, côtes d'Estaing, côtes de Millau, côtes de Saint-Mont, côtes du Brulhois, Entraygues et du Fel, Lavilledieu, Tursan.