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Quatre producteurs chiliens investissent en Argentine

La vigne - n°85 - février 1998 - page 0

Depuis quelques mois, les Chiliens ont posé leurs jalons en Argentine. Trop à l'étroit chez eux, ce grand voisin représente une aubaine : prix des terres encore abordables, immense potentiel et surtout marché à l'exportation à développer.

Depuis quelques mois, les Chiliens ont posé leurs jalons en Argentine. Trop à l'étroit chez eux, ce grand voisin représente une aubaine : prix des terres encore abordables, immense potentiel et surtout marché à l'exportation à développer.

Ils sont quatre Chiliens à avoir investi en Argentine. Et pas des moindres. Faut-il voir là les prémices d'une explosion de l'Amérique du Sud sur le marché mondial? Il est sûrement trop tôt pour l'affirmer mais le savoir-faire puissant des Chiliens, allié au mastodonte argentin, risque en tout cas de faire des remous... Rappelons que si le Chili ne représente ' que ' un peu plus de 3 % des exportations mondiales (voir encadré), leur voisin occupe la quatrième place des pays producteurs... Les Argentins reconnaissent avoir parfois du retard en matière de vinification et d'exportation. L'arrivée de ces grands spécialistes leur semble être une aide bienvenue pour tirer leur production vers le marché mondial. ' La bonne réputation des vins chiliens nous a ouvert la porte ', estime Andres Kemeny, directeur export chez Finca Flichman, société argentine qui vient, elle, d'être reprise par le Portugais Sogrape.Car même si le marché local argentin présente de jolis horizons, les Chiliens sont venus avant tout pour exporter et étoffer une gamme qui commence à être limitée : aux cabernet-sauvignon, merlot, chardonnay et sauvignon blanc chiliens s'ajouteront les variétés telles que les malbec, syrah, tempranillo, torrontes ou sangiovese qui cohabitent en Argentine. ' Si on voit de plus en plus de joint-ventures dans le monde, c'est parce qu'on va vers cette tendance à la ?globalisation?, c'est-à-dire la volonté d'avoir un portefeuille plus large de produits internationaux ', explique Marcelo Manghi, directeur export de Santa Ana, l'un des plus importants producteurs argentins repris par l'un des quatre investisseurs chiliens, Santa Carolina.Mais cette intrusion présente d'autres avantages. Les Chiliens manquent de vin et leur vignoble est presque saturé : l'hectare est devenu trop cher, à Casablanca comme autour de Santiago, et à chaque vendange, la bataille des raisins se fait plus dure. De l'autre côté des Andes, les prix des terres sont abordables et il en reste.En matière de technologie, le troc des gros fûts de bois contre les cuves en Inox en est encore à ses débuts et les producteurs de vin ne demandent qu'à faire des progrès en matière de qualité. Et surtout, l'Argentine a ce que le Chili n'a pas, comme une politique de prix larges où tout est encore possible, loin de cette image de ' bon vin pas cher ' dans laquelle s'est plus ou moins enfermé le Chili à l'export.Si leurs objectifs sont à peu près communs, les quatre investisseurs n'attaquent pas de la même manière. Concha y Toro, de loin le plus grand producteur du Chili avec une gamme allant du vin de table au fameux Don Melchor, a créé la société Vina Patagonia fin 1996. 6 millions de dollars ont été investis et 2 à 3 millions supplémentaires sont prévus pour 1998. Une cave d'une capacité de 1,4 Mhl datant des années quatre-vingt est actuellement retapée et un bâtiment annexe attend la future ligne d'embouteillage.Côté terrain, 150 ha ont été acquis : 10 ha de chardonnay et le reste vient d'être planté en syrah, malbec, cabernet-sauvignon, merlot... Trois marques sont lancées : Trivento pour les Amériques, Terralis pour l'Europe et l'Asie, et Isla Negra (l'île chilienne de Pablo Neruda). Idée suprême : une étiquette qui mêle le Chili et l'Argentine... Santa Carolina est le quatrième producteur du Chili : il a repris une bodega dynamique, Santa Ana. Troisième producteur d'Argentine, cette vieille maison de Mendoza comprend quatre stations de vinification et produit 5,2 millions de caisses. En greffant 1 200 ha supplémentaires aux 600 ha existants (il y a également 4 000 ha sous contrat), voilà un bon parti. Vouée au marché local, avec seulement 15 % dédiés à l'export, Santa Ana compte sur sa maison-mère pour atteindre les 50 %...La bodega chilienne Santa Rita, qui arrive en quatrième place en volume mais en seconde en valeur (à l'export), a investi dans Vina Donna Paula fin 1997 : 700 ha à Lujan de Cujo et 60 ha à Tupungato (toujours dans la région de Mendoza). Cette année, une unité de production devrait être construite et d'autres surfaces plantées. Quant à Pablo Morandé, ex-winemaker de Concho y Toro, il a lancé avec des collègues deux projets en parallèle : il vient de monter de toutes pièces une bodega au Chili et compte faire la même chose en Argentine. Pour l'instant, hormis un premier investissement de 600 000 dollars, il cherche ' la meilleure façon de faire du vin en Argentine '...

Ils sont quatre Chiliens à avoir investi en Argentine. Et pas des moindres. Faut-il voir là les prémices d'une explosion de l'Amérique du Sud sur le marché mondial? Il est sûrement trop tôt pour l'affirmer mais le savoir-faire puissant des Chiliens, allié au mastodonte argentin, risque en tout cas de faire des remous... Rappelons que si le Chili ne représente ' que ' un peu plus de 3 % des exportations mondiales (voir encadré), leur voisin occupe la quatrième place des pays producteurs... Les Argentins reconnaissent avoir parfois du retard en matière de vinification et d'exportation. L'arrivée de ces grands spécialistes leur semble être une aide bienvenue pour tirer leur production vers le marché mondial. ' La bonne réputation des vins chiliens nous a ouvert la porte ', estime Andres Kemeny, directeur export chez Finca Flichman, société argentine qui vient, elle, d'être reprise par le Portugais Sogrape.Car même si le marché local argentin présente de jolis horizons, les Chiliens sont venus avant tout pour exporter et étoffer une gamme qui commence à être limitée : aux cabernet-sauvignon, merlot, chardonnay et sauvignon blanc chiliens s'ajouteront les variétés telles que les malbec, syrah, tempranillo, torrontes ou sangiovese qui cohabitent en Argentine. ' Si on voit de plus en plus de joint-ventures dans le monde, c'est parce qu'on va vers cette tendance à la ?globalisation?, c'est-à-dire la volonté d'avoir un portefeuille plus large de produits internationaux ', explique Marcelo Manghi, directeur export de Santa Ana, l'un des plus importants producteurs argentins repris par l'un des quatre investisseurs chiliens, Santa Carolina.Mais cette intrusion présente d'autres avantages. Les Chiliens manquent de vin et leur vignoble est presque saturé : l'hectare est devenu trop cher, à Casablanca comme autour de Santiago, et à chaque vendange, la bataille des raisins se fait plus dure. De l'autre côté des Andes, les prix des terres sont abordables et il en reste.En matière de technologie, le troc des gros fûts de bois contre les cuves en Inox en est encore à ses débuts et les producteurs de vin ne demandent qu'à faire des progrès en matière de qualité. Et surtout, l'Argentine a ce que le Chili n'a pas, comme une politique de prix larges où tout est encore possible, loin de cette image de ' bon vin pas cher ' dans laquelle s'est plus ou moins enfermé le Chili à l'export.Si leurs objectifs sont à peu près communs, les quatre investisseurs n'attaquent pas de la même manière. Concha y Toro, de loin le plus grand producteur du Chili avec une gamme allant du vin de table au fameux Don Melchor, a créé la société Vina Patagonia fin 1996. 6 millions de dollars ont été investis et 2 à 3 millions supplémentaires sont prévus pour 1998. Une cave d'une capacité de 1,4 Mhl datant des années quatre-vingt est actuellement retapée et un bâtiment annexe attend la future ligne d'embouteillage.Côté terrain, 150 ha ont été acquis : 10 ha de chardonnay et le reste vient d'être planté en syrah, malbec, cabernet-sauvignon, merlot... Trois marques sont lancées : Trivento pour les Amériques, Terralis pour l'Europe et l'Asie, et Isla Negra (l'île chilienne de Pablo Neruda). Idée suprême : une étiquette qui mêle le Chili et l'Argentine... Santa Carolina est le quatrième producteur du Chili : il a repris une bodega dynamique, Santa Ana. Troisième producteur d'Argentine, cette vieille maison de Mendoza comprend quatre stations de vinification et produit 5,2 millions de caisses. En greffant 1 200 ha supplémentaires aux 600 ha existants (il y a également 4 000 ha sous contrat), voilà un bon parti. Vouée au marché local, avec seulement 15 % dédiés à l'export, Santa Ana compte sur sa maison-mère pour atteindre les 50 %...La bodega chilienne Santa Rita, qui arrive en quatrième place en volume mais en seconde en valeur (à l'export), a investi dans Vina Donna Paula fin 1997 : 700 ha à Lujan de Cujo et 60 ha à Tupungato (toujours dans la région de Mendoza). Cette année, une unité de production devrait être construite et d'autres surfaces plantées. Quant à Pablo Morandé, ex-winemaker de Concho y Toro, il a lancé avec des collègues deux projets en parallèle : il vient de monter de toutes pièces une bodega au Chili et compte faire la même chose en Argentine. Pour l'instant, hormis un premier investissement de 600 000 dollars, il cherche ' la meilleure façon de faire du vin en Argentine '...

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