C'est à Beychac et Caillau (Gironde) au siège, récemment agrandi, du Syndicat des bordeaux et bordeaux supérieurs, que s'est tenu à la mi-avril le traditionnel congrès annuel de la Confédération nationale des AOC. Une centaine de représentants de toutes les régions viticoles françaises d'appellation (1) ont débattu des préoccupations actuelles de la filière. Au-delà des cotisations sociales et d'un nouvel amendement à la loi Evin, c'est la réforme de l'agrément, notamment le suivi en aval, qui a occupé les congressistes. En fait, ce sujet du contrôle qualitatif des vins, tout au long de la chaîne jusqu'à la table du client, est en discussion depuis près de trois ans. Il a été scindé en deux. D'un côte, l'Inao s'occupe de l'agrément proprement dit. Le rapport de synthèse, commandé par l'Institut au cabinet d'audit Arthur Andersen (voir nos précédentes éditions), fait état ' d'un cadre réglementaire extrêmement flou sur certaines modalités d'application essentielles de la procédure, comme les prélèvements et les dégustations '. Il constate aussi ' des lacunes liées à une application imparfaite, désordonnée et hétérogène du règlement '. A l'Inao, la volonté politique existe pour réformer l'agrément; un nouveau texte est en préparation.Pour ce qui est de la phase post-agrément, le sujet est entre les mains de la Cnaoc, du Comité national des interprofessions (Cnive) et d'Entreprises des grands vins de France (EGVF), syndicat du négoce éleveur. Au congrès de Bordeaux, le ' plan de bataille ' a été présenté. La profession s'est engagée à mettre en place d'ici à un an une ' charte de respect du produit '. Régionalement, producteurs et négociants doivent initier les discussions et ficeler le système de contrôle... avant que les fraudes ne prennent le sujet en main. Cette charte fera l'objet d'avenants aux accords interprofessionnels. Concrètement, il y aura des prélèvements d'échantillons sur les lieux d'embouteillage ou de distribution (certaines interprofessions le font déjà mais sans pouvoir de sanction. Voir La Vigne de février 1998, p. 65); puis, après dégustation, le responsable (celui qui a signé l'étiquette) du produit insuffisamment qualitatif (un seuil qu'il faudra fixer) devra fournir des explications et s'engager à améliorer ce qui ne va pas (des programmes de formation, des investissements... peuvent être prévus). Il sera mis ' sous surveillance '. Dans un troisième temps, après d'autres dégustations, si les anomalies perdurent chez lui, les fraudes reprennent leurs prérogatives avec leur pouvoir de sanction. Du côté de la Cnaoc, on insiste sur ' la responsabilisation, l'autocontrôle et la crédibilité de toute la filière '. C'est la même logique de surveillance et d'aide qu'ont développaient certains syndicats pour les ' recalés ' de l'agrément.Une fois toute cette procédure calée au niveau interprofessionnel, la profession viticole compte engager une négociation avec les distributeurs, les transporteurs, les restaurateurs... pour élaborer avec eux ' Un guide des bonnes pratiques '. Car, évidemment, ce n'est pas parce qu'un vin est sorti tout à fait bien du champ de responsabilité de son signataire que sa qualité ne peut pas se dégrader dans la phase postérieure, avant d'arriver sur la table du consommateur. Le chantier est immense mais il est nécessaire d'aboutir.(1) La Cnaoc représente dix-huit fédérations régionales, émanations des quelques 400 AOC du pays. Les AOC couvrent la moitié du vignoble français.