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Le Mondial change d'optique

La vigne - n°88 - mai 1998 - page 0

Du 5 au 8 avril, s'est tenu le Mondial du vin à Bruxelles. Cette fois, seuls les professionnels y furent conviés. Ce changement ne fut pas au goût de tous les exposants.

Les organisateurs avaient prévenu les exposants : cette année, il allait y avoir moins de visiteurs que par le passé. Ils avaient vu juste. Et pour cause : le tri fait dans les invitations est à l'origine de la baisse de la fréquentation, dont l'importance ne nous a pas été communiquée. Pour une fois, les clubs d'oenophiles n'ont pas été conviés. Le Mondial du vin devient donc un salon réellement professionnel alors que précédemment, il voguait dans un entre-deux, mêlant amateurs avertis et acheteurs.Des visiteurs moins nombreux, mais représentant une plus grande puissance d'achat et provenant de nationalités plus diverses. Tel devait être le programme. Aux dires des exposants, il ne fut pas entièrement tenu. Il y avait peu d'Allemands, de Britanniques et de Scandinaves, dont la venue était pourtant annoncée. Les visiteurs étaient avant tout belges, luxembourgeois et hollandais. ' Le Mondial du vin va avoir du mal à confirmer sa place, entrevoyait un exposant français. La concurrence est rude. D'un côté, il y a deux salons forts, dédiés à l'offre de pays producteurs : Vinexpo et Vinitaly. De l'autre, le London wine trade fair s'est bâti une identité autour des vins du Nouveau Monde. Entre les deux, ça va être dur. Il faudrait un concept original pour attirer des clients d'horizons plus lointains que le Benelux. 'Argentins, Californiens et Uruguayens regrettaient d'avoir fait le voyage en Europe pour ne rencontrer qu'une petite partie du Vieux Continent. Mais les exposants français étaient nettement moins déçus. Pour eux, le problème se pose en d'autres termes : le Benelux est notre second client après la Grande-Bretagne. Aller à sa rencontre justifie la participation à un salon, fut-il d'audience régionale. De plus, ce marché est en expansion. Au cours des cinq dernières années, la consommation est passée de 15 à 17 l/habitant/an aux Pays-Bas et de 24 à 25 l en Belgique et au Luxembourg. Les exposants français regrettaient surtout la longueur de la manifestation. Elle a duré du 5 au 8 avril, soit quatre jours alors que deux ou trois auraient suffi compte tenu de la baisse de fréquentation.Le dernier jour, il n'y eut pas foule. On avait le temps de discuter, notamment de Bordeaux, de la hausse des cours de ses vins génériques et de l'envolée de ses grands crus. Ce fut l'un des sujets de conversation favoris, chacun essayant de répondre à la question : jusqu'où? ' On dit que les vins d'Espagne ou du Nouveau Monde sont moins chers que les nôtres à qualité égale, remarquait un Bordelais. C'est vrai, tant qu'ils n'ont pas de notoriété. Mais dès qu'ils en ont une, c'est l'inverse. Ils relèvent leurs tarifs et finissent par être plus chers que nous. Il n'y a pas de raison que nous ne parvenions pas à vendre aussi bien car nous avons de grands produits. ' Comprenez, la hausse se poursuivra. Un acheteur belge en prévoyait les conséquences : ' Les gens ont un budget pour leurs bordeaux. Il n'est pas extensible. Peu à peu, ils se tourneront vers d'autres vins, sans abandonner le bordeaux car ils y sont attachés. ' Sous le pavillon des côtes du Rhône, on affirmait que le mouvement était déjà perceptible. Il avait, par contre-coup, suscité un vif intérêt pour ces appellations. La hausse provoque des mouvements au sein même de la grande famille girondine. ' A la différence des grands crus et des génériques vendus en vrac, nos appellations (les côtes de Bordeaux, ndlr) n'ont pas trop augmenté, affirmait un responsable du stand des côtes de Blaye. Elles se retrouvent à de très bons rapports qualité/prix. Nous avons eu énormément de contacts. 'Le Mondial du vin a confirmé une autre tendance. Elle se dessine depuis quelques temps : nos concurrents d'Amérique latine se distinguent en promouvant des cépages peu connus sur la scène internationale. L'Argentine mise sur le malbec (ou cot noir) et le torrontès, un cépage muscaté vinifié en sec. L'Uruguay parie sur le tannat, qui donne dans ce pays des vins bien plus souples qu'à Madiran. ' Le tannat, c'est l'Uruguay, résumait une exposante. Nous en produisons bien plus que la France. Il nous ouvre les portes du business mondial. ' Il ne s'agirait pas qu'en raison d'un déficit de communication de notre part, les amateurs perdent de vue que ce cépage, comme le malbec ou la carménère dont s'entiche le Chili, a d'abord été sélectionné dans notre pays.

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