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Les groupes de travail s'étoffent

La vigne - n°88 - mai 1998 - page 0

La grande originalité de la lutte par confusion sexuelle est sa nécessité d'un travail de groupe pour disposer de surfaces suffisantes. Un pari réussi dans de nombreuses régions.

Je voudrais mettre le maximum de mes parcelles en confusion sexuelle, mais pour cela, je dois arriver à convaincre mes voisins, explique un vigneron de Côte-d'Or. Mes vignes sont très morcelées, comme souvent ici, et je n'ai aucun bloc d'une superficie suffisante pour faire de la confusion sexuelle seul. 'On estime que les îlots doivent mesurer au minimum 4-5 ha pour lutter contre la cochylis et 8-10 ha contre l'eudémis, cette dernière se déplaçant davantage. Dans certaines régions comme le Bordelais, une exploitation seule peut envisager de mettre en place une stratégie de lutte par confusion sexuelle. Pour d'autres, lorsque le vignoble est très morcelé, comme en Champagne, en Bourgogne ou en Alsace, il est impératif de s'entendre avec ses voisins pour délimiter des îlots de taille suffisante.En général, tout commence sous l'impulsion de quelques vignerons motivés qui cherchent à mobiliser le plus grand nombre d'entre eux.' Après plusieurs années d'expérimentation sur nos parcelles, nous souhaitions étendre l'essai à quelques dizaines d'hectares sur la commune en 1996, raconte François Cuchet, régisseur du château de Boursault (Marne). En définitive, nous sommes arrivés à 313 ha sur les communes de Boursault et Oeuilly. Cette année, nous atteignons 326 ha sur les 353 ha plantés que comptent les deux villages! ' Succès tout aussi fracassant dans le Bas-Rhin où, à la suite d'un essai de 12 ha à Traenheim, ce sont près de 500 ha répartis sur sept communes voisines qui se lancent dans l'aventure cette année.La première étape est de retrouver tous les exploitants de la surface que l'on souhaite couvrir. ' Le cadastre donne les noms des propriétaires et non des exploitants. C'est donc un véritable travail de fourmi qui commence ', reconnaissent tous les vignerons qui ont pris cette partie du travail en charge. Ensuite, il faut convaincre...' Nous avons commencé à évoquer la question en novembre lors d'une réunion de syndicat. Un courrier a été envoyé pour que chacun donne ses surfaces et ses références cadastrales. Puis des réunions d'information ont eu lieu. Au final, nous avons réuni 90 ha sur les grands crus et les premiers crus. Les choses se sont bien passées car le syndicat et les domaines phares du village se sont investis. En plus de cela, il existe désormais une sensibilité à la lutte raisonnée ', explique Jean-Yves Bizot, qui s'est chargé avec Bruno Clavelier de mettre sur pied le groupe de Vosne-Romanée (Côte-d'Or).Les arguments de respect de l'environnement et de moindre nocivité pour l'applicateur sont les arguments décisifs. ' A priori, les hormones de papillon n'agissent pas sur l'homme; en tous cas, nous n'avons rien constaté de tel l'année dernière! Et de toutes façons, ce sera moins toxique que les insecticides ', plaisante un vigneron champenois.La pose doit être achevée avant les premiers vols. ' Nous nous répartissons les surfaces par secteur de 20-25 ha en moyenne. Chaque responsable de section dispose d'un plan cadastral sur lequel les parcelles à couvrir sont clairement identifiées, afin d'éviter les erreurs ', explique Michel Laval, vigneron à Boursault (Marne). Les groupes, constitués d'une quinzaine de personnes, posent les diffuseurs à raison d'un tous les 20 m².' Il faut être très vigilant car nous passons sur de nombreuses parcelles, avec des écartements entre les rangs et les pieds qui ne sont pas toujours les mêmes. Il faut mettre suffisamment de capsules par ha mais compte tenu de leur prix, ce n'est pas la peine d'en mettre trop ', ajoute un responsable de secteur.L'Alsace est la seule région à apporter une aide financière par l'intermédiaire de l'interprofession et du conseil régional. Cela permet pour le moment de ramener le prix de la lutte par confusion au prix de la lutte classique. Mais compte tenu de l'augmentation régulière des surfaces impliquées, les aides devraient diminuer. BASF, qui commercialise les Rak, travaille à la mise au point d'autres diffuseurs moins coûteux. Ceux-ci ne devraient pas voir le jour avant 1999 ou 2000. Malgré ce problème de coût, souvent évoqué, les vignerons soulignent qu'en plus de l'intérêt technique de la confusion sexuelle, ce travail de groupe favorise discussions et échanges.

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