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Négociants : prix à la hausse

La vigne - n°89 - juin 1998 - page 0

Plus avertis sur le jeu de l'offre et de la demande, les négociants parviennent mieux que les vignerons à réactualiser leurs prix.

Plus que tout autre opérateur de la filière, les négociants vivent avec les fluctuations du marché. Or, le prix du vrac ou du raisin joue souvent au Yo-Yo. Pour garantir ses marges, le négoce fait donc varier ses prix au gré de ces mouvements. Sans pour autant répercuter la totalité de la hausse, car certaines bouteilles deviendraient alors inaccessibles. Mais sans non plus incorporer la totalité de la baisse, ne laissant pas passer l'occasion de majorer leurs revenus.Les prix des négociants varient donc plus que ceux de la propriété car les vignerons disposent de moins d'arguments pour justifier la hausse de leurs bouteilles, sinon le gel, la grêle ou des problèmes sanitaires de la vigne. Les négociants, en revanche, peuvent mettre en avant la hausse de prix de leur matière première. Il n'est d'ailleurs pas dans l'intérêt des vignerons de trop augmenter leurs tarifs car leur principal atout, exceptés les noms très connus, réside dans leur bon rapport qualité-prix.Toutefois, les négociants peuvent difficilement faire progresser leurs prix au cours de l'année. ' Pour la majorité de nos marchés, nous signons des contrats à l'année, rappelle un négociant des côtes du Rhône. Il n'est alors pas question de faire varier les prix, même si les cours ont pris 10 % entre temps. En revanche, quand il s'agit d'une demande ponctuelle, il nous arrive de réajuster les tarifs puisque nous n'avions pas pris d'engagements auparavant. ' L'autre point fort des négociants, c'est leur connaissance des us et coutumes de leurs différents clients. Un réel avantage en période de forte tension. Pour preuve, ce témoignage d'un vigneron rompu aux méthodes de certains distributeurs : ' Il n'est pas rare d'apprendre, après négociation, qu'il faut rajouter 2 % de ristourne pour participation au prospectus ou à une mise en avant thématique. Il est toujours possible de refuser mais dans le feu de l'action, les néophytes y laissent souvent leurs marges. ' Les directeurs commerciaux des négociants ou coopératives commettent rarement ce genre d'erreurs.Il reste difficile de mesurer la hausse des prix réalisée par les vignerons et les négociants depuis un an, ces données étant rarement calculées et encore plus rarement divulguées. Les relevés de prix en grandes surfaces sont toutefois des repères importants, mais ils n'indiquent pas dans quelle proportion la hausse est imputable au négociant et au distributeur. Exemple hautement significatif, le prix du bordeaux générique rouge a progressé de 28 % entre 1994 et 1997 dans les hypermarchés et de 17 % dans les supermarchés. Seul le bordeaux blanc fait grise mine avec une baisse de 2 % en hypermarchés, mais avec une hausse de 13 % en supermarchés.Les foires aux vins permettent aussi de mesurer le chemin parcouru. Entre septembre 1996 et septembre 1997, l'aloxe-corton 94 (Bourgogne) a globalement vu son prix progresser de 60 %, le cos-d'estournel 94 (Saint-Estèphe) de 160 % ou le mouton-rothschild 93 (Pauillac) de 110 %!On peut également mesurer l'augmentation du chiffre d'affaires à l'export. Les négociants étant les principaux acteurs sur ce marché, cela laisse entrevoir une idée de leur variation de prix. Toujours à Bordeaux, le chiffre d'affaires des exportations a progressé d'environ 40 % pour un volume en hausse de 20 %. Plus qu'en grande distribution, c'est essentiellement à l'export que les vins très renommés peuvent se permettre de jouer l'inflation, même si cela dessert parfois l'ensemble de l'appellation. A combien se vendront les grands crus bordelais et bourguignons, le côte rôtie, ou encore la cuvée Dom Pérignon à l'aube de l'an 2000?

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