Réunis à Bordeaux du 5 à 7 mai, les spécialistes du traitement des effluents vinicoles ont présenté leurs derniers résultats. Les connaissances et les techniques s'affinent mais surtout en direction des unités de moyenne et grosse capacités.
Epandage, traitement collectif mixte ou stockage aéré, voilà les seules solutions que l'on puisse proposer actuellement aux petites exploitations. Rien de nouveau donc pour les structures de moins de 2 000-3 000 hl qui font vraiment figure de laissées-pour-compte de la recherche. D'autant que pour être simples, ces solutions n'en sont pas forcément économiques ', regrettait un participant, à l'issue du congrès. Pour autant, on peut aussi espérer que les systèmes de traitement utilisés aujourd'hui dans les grosses unités, seront un jour transposables aux plus petites.Le problème du traitement des effluents vinicoles se pose à tous les pays producteurs si l'on en juge par la diversité des interventions. Mais l'approche diffère. En Australie et en Afrique du Sud, par exemple, les professionnels sont pleinement impliqués dans ce dossier et les directives gouvernementales s'appuient sur de véritables études de terrain. Les solutions proposées s'adaptent aux conditions climatiques et géographiques de chaque région. En Australie, les effluents servent à irriguer les vignes. Les chercheurs essaient de préciser les conditions d'apport, les adapter pour que le carbone organique soit éliminé, que la salinité et la sodicité des sols irrigués n'augmentent pas trop. Des études sont réalisées pour mesurer l'incidence de l'irrigation sur la qualité des moûts et des vins.En France, on ne parle pas d'irrigation mais d'épandage et, jusqu'à présent, cela se fait sur des champs cultivés. Des travaux menés à l'école supérieure d'agriculture d'Angers par Frédérique Jourjon, précisent l'incidence d'un épandage d'effluents vinicoles sur les cultures selon les volumes, la charge, les espèces cultivées et le stade de développement des plantes. Ceci aboutit à un code de bonne pratique.On constate par exemple que la germination peut être très perturbée, voire inhibée, ce qui conduit à préconiser un délai d'au moins un mois entre la date du semis et celle de l'épandage.D'autres équipes ont cherché non seulement à traiter les effluents mais aussi à en valoriser les principaux constituants. Le système de fractionnement des constituants, imaginé à l'Inra de Pech-Rouge (Aude), permet de séparer et, éventuellement, de recycler l'éthanol présent dans l'effluent. Les chercheurs ont montré que cette fraction représente 90 % de la demande chimique en oxygène (DCO). Le rendement épuratif du système est de 98 %.Différents procédés de traitements biologiques aérobies étaient présentés : discontinus ou continus, à simple ou double étage, avec différents types de biomasses. Le choix se fait en fonction des volumes à traiter et du coût du système par hectolitre d'effluent à traiter. Les procédés de traitement anaérobie restent quant à eux réservés aux grosses unités. Leur principal intérêt est de générer moins de boues que les systèmes aérobies. Se pose aussi la question du devenir du méthane produit. S'il n'est pas recyclé, il doit impérativement être brûlé. En effet, ce gaz est polluant et contribue à l'effet de serre.En ce qui concerne le suivi des procédés de traitement, il a été montré à la faculté de pharmacie de Montpellier que l'utilisation de produits chlorés dans les conditions habituelles ne perturbait pas le fonctionnement d'une station de traitement par boues activées. Toujours au niveau de la conduite des procédés, les équipes champenoises ont cherché un paramètre facilement mesurable qui permettrait de suivre l'évolution de la DCO dans un stockage aéré. L'acidité volatile a été retenue et d'autres mesures cette année devraient confirmer ces résultats.Un troisième congrès international sur le traitement des effluents a d'ailleurs été prévu pour refaire le point sur les travaux en cours.