Dans une cave particulière, la traçabilité n'apparaît pas toujours comme une nécessité, car le vigneron suit les travaux. Enregistrer les opérations peut néanmoins être utile pour analyser le fonctionnement de l'exploitation.
Jusqu'à présent, je notais tout sur papier, mais je ne recherchais jamais rien car c'était trop long. Avec l'informatique, j'ai toutes les données sous la main et je peux les comparer facilement ', explique Joseph Mas, gérant du château Cap de Fouste, à Villeneuve-de-la-Raho (Pyrénées-Orientales), qui regroupe 70 ha de vignes.Il y a trois ans, il s'est équipé du logiciel Agri 4D, de ACD Informatique (sur la question des progiciels de traçabilité, voir La Vigne du mois dernier, p. 46). Il a d'abord utilisé la gestion des parcelles et celle des stocks, en liaison avec la partie comptabilité, qui est tenue par sa femme. Cette année, il va saisir les informations concernant la cave pour suivre les vins de la parcelle jusqu'à la bouteille. Son objectif n'est pas de rassurer les clients, qui ne se posent pas de question de traçabilité lorsqu'ils viennent au caveau, mais plutôt d'analyser son propre fonctionnement...' Je prends des décisions à chaque étape de la vinification au vu des dégustations et des analyses physico-chimiques, sans revenir sur tout ce qui a déjà été fait. Si je disposais d'un historique des cuves qui soit facilement accessible, je pourrais analyser ce qui a donné de bons résultats afin de le reproduire. Je pourrais également faire des comparaisons d'une année à l'autre, pour mieux comprendre les différences entre les cuvées et ne pas tout attribuer à un effet millésime ', précise Joseph Mas.Ces connaissances, une fois enregistrées, peuvent être transmises. ' J'ai pris la suite d'un régisseur qui travaillait bien mais qui ne notait rien. Il m'a fallu quatre ans pour connaître à fond les aptitudes de toutes les parcelles. Je me suis équipé du logiciel Lavilog, de Lamouroux (Gironde), pour enregistrer tout ce qui est fait sur l'exploitation et le conserver en mémoire ', explique Gabriel Mondejar, régisseur des vignobles de la Grande Séouve, à Jouques (Bouches-du-Rhône), qui couvrent 80 ha.Pour les travaux à la vigne, il édite chaque jour des bons de travail qui détaillent les opérations à réaliser et servent en même temps de fiches d'enregistrement. Chaque salarié remplit la sienne et le soir, il n'a plus qu'à les rassembler pour saisir ce qui a été réalisé dans les différentes parcelles. Durant les vendanges, chaque benne de raisins, à son arrivée en cave, est numérotée en fonction de la parcelle. Lors de la première mise en cuve, les numéros des bennes utilisées sont enregistrés, puis le raisin se voit attribuer un numéro de lot qui le suivra de cuve en cuve au cours des différentes opérations de vinification. Au soutirage, il suffira de rapprocher les numéros de bennes et de lots pour connaître tout le parcours, de la parcelle à la bouteille.' Lorsqu'un assemblage plaît à un client, je peux le retrouver facilement et disposer des indications nécessaires pour le reproduire. Cela me donne des repères pour présenter des échantillons à bon escient et orienter les ventes, en ayant une connaissance plus précise des potentialités du domaine ', précise-t-il.