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Les vraies questions

La vigne - n°92 - octobre 1998 - page 0

Fin septembre, une manifestation spectaculaire des viticulteurs charentais a occupé le devant de la scène. Un mouvement d'une rare ampleur, proportionnel à la crise d'identité que connaît ce vignoble. Au-delà de la baisse des ventes en Asie, principal débouché du cognac, le mal est plus profond. En fait, les Charentes sont l'un des derniers grands vignobles français, avec les vins doux naturels (Pyrénées-Orientales), à ne pas avoir opéré leur ' révolution culturelle '. Ce n'est pas par hasard s'ils sont les deux principales poches de crise dans un Hexagone viticole qui se porte plutôt bien.Ici, la crise est permanente... mais se pose-t-on les vraies questions pour y remédier? Les dernières belles années remontent à 1989, 1990 et 1991, époques où le cognac payait bien. Certains s'en contentent. Tous les ans, on rafistole la quantité normalement vinifiée (QNV) pour coller au marché de cette eau-de-vie alors qu'à l'évidence, ce débouché, même s'il demeure incontournable, ne peut plus faire vivre toute la population vigneronne. Les Charentes sont dans la position du Languedoc d'il y a quinze ans : après une forte restructuration, les producteurs y récoltent aujourd'hui les fruits de leurs efforts. L'outil de travail est assaini.Les produits de diversification (pineau, jus de raisin, vin de table, vin de pays...) ne sont souvent abordés que comme un ersatz, au gré des millésimes. Il n'y a pas de politique offensive. Pourtant, les chiffres sont là : pour la campagne 1996-1997, seule la moitié des volumes produits a été distillée, contre 70 % deux ans plus tôt! Pourquoi seulement 500 vignerons sur 8 500 commercialisent-ils leurs produits?' Beaucoup considèrent avoir fini l'année quand la récolte est rentrée. Vinifier et vendre demande un investissement financier et personnel... ', avance un vigneron qui vole de ses propres ailes. Pour ne plus être pieds et mains liés face au négoce, quoi de mieux que de rééquilibrer le rapport de force, comme d'autres régions l'ont fait? Le vignoble (80 000 ha) est-il bien dimensionné, avec les rendements les plus hauts de France? Le salut ne peut venir que de l'intérieur.

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