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La bataille du chai

La vigne - n°93 - novembre 1998 - page 0

En six mois, Sylvie Termeau et Christian Plessis ont bâti leur chai. Compte tenu du budget dont ils disposaient, ce n'était pas gagné d'avance.

Ce nouveau chai, c'était une nécessité. ' Avant, c'était comme si on se serrait à six dans un studio ', explique Sylvie Termeau. Ses cuves et son pressoir tenaient à l'étroit dans 80 m². Son domaine, le moulin de Chauvigné, se trouve à Rochefort-sur-Loire (Maine-et-Loire). Il repose au sommet d'une crête qui domine la vallée de la Loire, dégageant une vue magnifique qui l'a immédiatement séduite. Elle s'y est installée en 1992. ' A notre arrivée, Christian et moi, nous nous sommes tout de suite dits qu'il y avait quelque chose à faire. ' Ils ont triplé la superficie de leur domaine en moins de cinq ans, passant de 3 à 9 ha. Christian a abandonné l'enseignement pour venir aider Sylvie. Il s'occupe des vignes, elle des vins. Depuis longtemps, le chai initial et le hangar additionnel en tôle ne suffisaient plus. L'an dernier s'y est ajouté un bâtiment de 15 m sur 8.Ce qui peut sembler banal et de petite envergure fut pourtant parsemé d'embûches. La première est financière, la seconde architecturale, la troisième administrative.Le chai devait impérativement coûter le moins possible. La trésorerie est l'un des points faibles du moulin de Chauvigné. C'est la séquelle d'un départ qui a failli se terminer par une sortie de route. Entre la signature de la promesse de vente et la vente proprement dite, l'Inao décidait d'interdire les plantations nouvelles. Or, le projet d'installation comprenait la reprise de 3 ha et la plantation de la même superficie. L'agrandissement allait coûter plus cher que prévu. Il fallait acheter et louer des terres. De plus, le prêt jeune agriculteur était sous-dimensionné. Au bout de quelques mois, il a fallu emprunter à court terme pour faire face aux échéances. Ces complications initiales pèsent toujours sur le domaine. ' On ne pouvait pas se payer un investissement à 2 millions de francs lourds ', résume Christian Plessis.Ils ont demandé plusieurs devis, jusqu'à découvrir celui qui leur fournirait les briques pour une somme inespérée : 16 000 F HT. Christian Plessis les a montées lui-même, en trois jours, avec l'aide de deux amis. Le matériau? De l'Argi 16 dont il ne cesse de vanter les mérites. Les blocs sont isolants et se crépissent facilement. Elles s'imbriquent les unes dans les autres; les murs s'élèvent rapidement.En juin 1997, tout semblait aller pour le mieux. Nos interlocuteurs avaient trouvé les matériaux qui respectaient leur budget. Ils avaient obtenu l'accord pour un complément de prêt jeune agriculteur. Mais l'argent n'était pas débloqué à la veille des départs en vacance. Du jour au lendemain, la DDAF s'était vidée. Impossible d'obtenir le prêt alors que les factures arrivaient. ' On ne pouvait plus reculer, explique Sylvie Termeau. Il nous fallait absolument ce chai pour les vendanges de 1997. ' Elle se rend chez son banquier et décroche un prêt à court terme, au taux du prêt jeune agriculteur, qui sera remboursé dès le mois de septembre. ' Sans son soutien, on n'y serait pas arrivé ', reconnaît-elle.Aujourd'hui, elle est satisfaite d'avoir construit un chai qui lui coûtera, avec carrelage et isolation du toit qui restent à faire, 150 000 à 200 000 F (maçonnerie, crépissage, charpente, électricité et plomberie compris). Elle apprécie également qu'il s'intègre aux bâtiments anciens. Là, ce fut un coup de chance. Lors d'une réunion en février 1997, elle découvre un dépliant du Comité d'expansion du pays du Layon, Lys, Aubance qui propose de subventionner les études architecturales. Son projet est accepté. Mais il a fallu ' secouer tout le monde. On nous disait : on a bien le temps. Je leur répondais : c'est cette année que je fais le chai '.Pour éviter les lenteurs administratives, elle se rend directement à la DDE avec ses plans. Les fonctionnaires de l'équipement l'aident à déposer un dossier de permis de construire complet à la mairie. ' Sans cela, on n'y serait encore. ' Malgré ses démarches, elle n'obtient pas de subvention pour le traitement des effluents car les formulaires ne sont pas prêts. Elle s'en passe. Elle enterre une cuve d'occasion et la raccorde à une pompe qui envoie les eaux de lavage sur un terrain d'épandage. Le tout pour 15 000 F.' Chacun est capable de trouver une solution à ses problèmes avec peu d'argent, estime Sylvie Termeau. Je suis contente : à trente ans, j'ai un outil de travail correct. ' Elle ne le doit pas à ses parents qui ne sont pas vignerons mais à son tempérament qui la pousse à aller de l'avant. Elle avait fait démolir le bâtiment en tôle dont elle se servait en complément de l'ancien chai, avant même d'avoir le permis de construire le nouveau.

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