Le rituel des foires aux vins débute par la réception, petit à petit, des catalogues dans les boîtes aux lettres. Les clients fidèles ont parfois droit à une soirée de dégustation en avant-première avec possibilité d'acheter les bouteilles. Et puis, le jour de l'ouverture - un mercredi, en général, pour créer du trafic un jour ' creux ' et suffisamment loin du week-end pour ne pas être dévalisé en trois heures - les connaisseurs mais aussi des restaurateurs ou des cavistes se précipitent sur les bonnes affaires. Celles où, logiquement, les volumes sont limités. Cette effervescence des premières heures, les distributeurs la craignent : la rupture de stock, c'est leur bête noire. D'autant que lors des foires aux vins, les objectifs sont multiples. Certes, le chiffre d'affaires doit être conséquent - entre 15 et 25 % des ventes annuelles en vin - mais l'image du magasin est aussi en jeu. Or, ne plus être en mesure de vendre un vin sur catalogue deux heures après l'ouverture, cela fait désordre! Fait marquant des foires aux vins de 1998, les catalogues et les linéaires se sont ouverts à d'autres vins que les bordeaux. Ces derniers représentent toujours le gros des troupes avec 40 à 55 % des ventes. Mais les grands crus classés se sont faits plus discrets à la suite de l'inflation des prix, alors que certains vins moins connus (crus bourgeois, côtes-de-blaye, côtes-de-bourg...) ont vu leur présence s'accroître. La prédominance des bordeaux s'effrite donc au profit de vins au meilleur rapport qualité-prix. D'autres régions se font ainsi une place au soleil, notamment le Sud-Ouest, le Languedoc ou encore les côtes du Rhône. Les vins du Val-de-Loire rencontrent, pour leur part, quelques difficultés à percer lors de ce rendez-vous annuel.Pour Bruno Tiberghien, acheteur de vin pour l'enseigne Auchan, le bilan est plutôt positif : ' Globalement, le chiffre d'affaires de nos foires aux vins a bien progressé, tout en enregistrant une baisse de 10 % en valeur pour les bordeaux '. Même ton dans les autres enseignes, comme en témoigne le chef de rayon d'un supermarché Casino qui insiste sur l'aspect relationnel : ' Les foires aux vins deviennent un vrai rendez-vous avec mes clients fidèles. Ils m'en parlent pendant l'été, en espérant que ma sélection sera intéressante. Puis, pendant la foire, ils prennent le temps de venir déguster des vins, parfois en présence d'un sommelier. Parmi mes clients, plusieurs s'occupent d'un comité d'entreprise. Comme une relation de confiance s'est nouée, ils passent leurs commandes de repas de Noël et autres pots dans mon rayon '.