Reprise de la consommation

Au milieu de bien d'autres bonnes nouvelles pour notre secteur (les chiffres ministériels du revenu agricole, les résultats du commerce extérieur sur les neuf premiers mois de 1998...), une information semble passer inaperçue. Elle est pourtant d'une importance rare. Pour la première fois depuis des décennies, la consommation de vin ne baisse plus en France! A l'inverse, sur la campagne 1997-1998, la courbe est repartie à la hausse. Le chiffre de la consommation taxée est, d'après les douanes, de 35,4 millions d'hectolitres, soit une hausse de 5 % par rapport à la campagne précédente, et il arrive après sept exercices de quasi-stabilité. Des approximations statistiques? Un réel retournement de tendance? Un miracle? Les spécialistes restent prudents sur l'interprétation de ces chiffres bruts. Des réunions sont prévues dans les semaines à venir pour y voir plus clair et ne pas céder à un optimisme béat. Au plan statistique, des points sont à caler : les Dom-Tom seraient maintenant intégrés à la France (environ 200 000 hl). Quel impact accorder aux achats transfrontaliers, notamment près du canal de la Manche, et même s'ils sont importants, pourquoi l'auraient-ils été davantage la campagne dernière? Enfin, ces chiffres de la consommation taxée ne sont pas confirmés par les panels de vente dans les hypers et supermarchés du pays. Si ce renversement, historique, est réel, est-il dû à l'effet ' vin et santé ' qui ne jouerait plus seulement à l'export, à la surchauffe avant l'an 2 000, etc.? Dans tous les cas, il est étonnant que cette question cruciale ne soit pas davantage au centre des débats. Tout se passe comme si, à force d'avoir la tête dans le guidon et, pour certains, de défendre des prés carrés, on mettait davantage d'énergie à partager, par exemple, les droits de plantations entre vins de table et vins d'AOC qu'à prendre du recul et vraiment analyser où en est le marché national du vin. C'est pourtant la donnée de base qui, avec l'export, nous fait tous vivre! D'un autre côté, quand on voit qu'à nouveau, un rapport récent préconise de traiter l'alcool sur le même plan que la drogue, mettre en avant une reprise de la consommation de vin en France peut être mal interprété... En attendant, belle et heureuse année à tous.