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La Savoie remonte la pente

La vigne - n°95 - janvier 1999 - page 0

Avec 138 000 hl commercialisés lors de la campagne 1997-1998, la Savoie a connu une année record en volume, au détriment des prix. En août, les vingt ans de l'accession à l'AOC ont été fêtés.

La traditionnelle assemblée générale de décembre des vins de Savoie, tenue cette année à Montmélian, près de Chambéry (Savoie), n'a pas été de tout repos pour les responsables. ' On nous diminue les rendements et les prix sont à la baisse, il y a vraiment un problème ', s'est insurgé un jeune vigneron, installé parmi les cent cinquante personnes présentes. L'année 1998 est en effet marquée par un paradoxe en Savoie : les ventes ont nettement repris en volume mais l'inquiétude persiste.Avec 138 700 hl commercialisés en 1997-1998, le record des années 1991 et 1992 est battu. Les baisses de prix (compétitivité) et les belles saisons hivernale et estivale en sont les causes. C'est aussi 20 000 hl de plus que la campagne précédente (+ 16,5 %). Il faut dire que la récolte 1997 était d'une qualité remarquable. ' La crise est globalement stoppée mais des difficultés se font encore sentir, principalement sur les vins blancs de cépage jacquère ', analyse-t-on. ' On ne fait pas assez de qualité, avoue même un producteur. Chacun devrait de temps en temps se regarder dans une glace. ' Avec ses belles sorties en volume, les stocks sont nettement à la baisse (70 000 hl).Dans un contexte très concurrentiel, cette reprise en volume ne s'est faite qu'au détriment des prix. En l'absence d'enregistrement des transactions au sein de l'interprofession savoyarde (ce que regrettaient, au nom de la transparence, nombre de vignerons dans la salle... mais le négoce ne lâche pas), on est obligé de se rabattre sur les prix de vente aux consommateurs et sur les analyses des intervenants. ' La bouteille de blanc de Savoie générique est entre 16 et 25 F; fin 1995, c'était plutôt 20 à 30 F. La propriété a fait des efforts, le prix du vrac a baissé d'environ 20 % et le négoce a rogné ses marges ', estime Charles-Henri Gayet, jeune responsable du négociant Adrien Vacher et président de l'interprofession.Sur le plan commercial, l'enjeu en 1998 a été de pousser les producteurs à faire connaître leurs vins en dehors de la traditionnelle zone alpine. ' 80 % de nos ventes ont lieu toujours sur place mais les jeunes ont compris la nécessité de ne pas être ' touristico-dépendant '. Par exemple, on ne boit pas assez de nos vins à Lyon, à une heure de route d'ici! En 1998, nous avons pris en charge 25 % du coût de la location d'un stand pour celui qui allait exposer hors de la région ', explique le président de l'interprofession.Parallèlement, la communication est affinée : une plaquette bien faite présentant les vins de la région (1 900 ha répartis en une vingtaine d'îlots, 1 000 vignerons dont la moitié en caves coopératives) est sortie... au bout de dix ans d'efforts, avec un nouveau logo; et pour la mi-1999, une signalétique d'un ' chemin des vignobles ' est prévue. L'interprofession a des moyens limités (1,2 million de francs de budget), la cotisation volontaire obligatoire (CVO), aujourd'hui à 7 F/hl, sera portée à 10 F dans les trois ans.Sur le front des plantations, on a été surpris d'apprendre que la campagne 1997-1998 fut la première où plus d'hectares ont été alloués (30) que distribués (25), alors que longtemps, la Savoie s'est plainte d'être bridée dans son développement. En fait, ce sont les critères d'attributions, apparemment trop stricts, qui sont en cause (par exemple, pas plus de 50 ares pour les plus de 35 ans) et nombre de vignerons auraient pris plus que leur attribution effective. Pour la campagne actuelle, 27 ha de droits ont été demandés. Sur un plan général, dans le cadre de la régionalisation des droits de plantations, une bourse locale (avec le Bugey et le Dauphiné) est en cours de constitution. Signalons également, en début d'année 1998, la modification du décret d'appellation... à la suite de laquelle l'Inao a, par exemple, envoyé vingt lettres d'avertissements pour taille illégale, et la création d'un bulletin des avertissements agricoles pour la région.Autre point de tension : les rendements. Ceux de la vendange dernière ont été réduits de 1 hl/ha pour tous les vins de Savoie blancs avec et sans cru (70 et 73 hl respectivement). L'Inao veut encore grignoter ces chiffres qu'il estime trop hauts; ils sont, avec l'Alsace, les plus élevés de France. ' Pour la jacquère, par exemple, il n'y a pas de différence qualitative entre 70 et 80 hl/ha ', rétorque un responsable. Dialogue difficile.Au niveau de la récolte, 1998 fut une belle année pour les cépages précoces (pinot, chardonnay, roussette...) et, évidemment, l'inverse pour les autres du fait de la pluie, notamment la jacquère. De plus, la zone de Crépy, sur le lac Léman, au nord du vignoble, a encore grêlé : on y aura fait une récolte en deux ans.Enfin, 1998 aura été marquée par le vingt-cinquième anniversaire de l'accession à l'AOC des vins de Savoie (Seyssel et Crépy l'étaient déjà respectivement depuis 1942 et 1948) et l'occasion de créer la confrérie des gentes dames et des gentilshommes de Savoie.

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