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Savoie, le chemin de la discipline

La vigne - n°106 - janvier 2000 - page 0

Comme les jeunes adultes qui fêtent leur quart de siècle, l'AOC Savoie se met à penser à long terme et accumule les bonnes résolutions. En matière de maîtrise des rendements agronomiques, 1999 marque un changement. 'Désormais, tout le monde a conscience qu'il faut compter avec la commission de contrôle de la production', note Michel Cartier, président du syndicat régional des vins de Savoie, récemment élu à la tête de l'interprofession. Conformément au décret de l'appellation qui l'a officialisée en 1998, cette commission réunit des producteurs, négociants et techniciens de l'Inao. Elle procède à des visites sur le terrain au cours des deux mois précédant les vendanges. Un vigneron, ayant refusé d'éclaircir sa vigne surchargée, s'est vu refuser une partie de sa production en AOC. La sanction a servi d'exemple. Depuis, 'la discipline règne dans le vignoble', selon un responsable de l'Inao.En septembre, le comité national de l'Institut a entériné la baisse des rendements autorisés d'1 hl pour les savoies rouges avec cru (67 hl/ha). Lors de l'assemblée générale du syndicat des vins de Savoie, le 14 décembre, des vignerons de Chautagne ont critiqué cette décision: 'Alors que le french paradox favorise le marché des rouges, on nous réduit le potentiel de production. C'est à n'y rien comprendre!' Michel Gauttier, chef de centre de l'Inao, a rappelé que l'Institut menait depuis une dizaine d'années une politique de réduction des rendements et que la Savoie n'échappait pas à la règle. 'En treize ans, nous avons perdu 12 hl sur le blanc', rappelle Michel Cartier. D'après les réactions dans l'assemblée, la grogne risque d'être difficilement maîtrisable en cas de nouvelles diminutions...Parallèlement au verrouillage des conditions de production à l'amont, la Savoie s'est investie dans le suivi en aval de la qualité, respectant les consignes nationales émises par les fraudes. Le schéma organise des prélèvements de bouteilles, au stade de leur commercialisation, pour vérifier leur conformité qualitative; il a été adopté par l'interprofession le 20 décembre.Au niveau économique, la consommation de vins de Savoie est restée élevée en 1999. Cependant, les volumes commercialisés ont enregistré un léger recul (-3,8%), 'probablement en raison d'un manque de disponibilités sur certains produits', selon Charles-Henri Gaillet, président sortant du Comité interprofessionnel des vins de Savoie (CIVS). Les records des années 1991-1992, atteints grâce aux jeux Olympiques, sont encore battus. 'Cela est dû en partie à des prix compétitifs sur les blancs permettant d'avoir des produits d'appel en grande distribution, analyse un négociant. Les rouges enregistrent une légère hausse (2%) et on note un rattrapage des cours pour les savoies génériques et abymes.' Les stocks à la propriété sont en baisse de près de 10 000 hl. Dans ce contexte, le mot d'ordre d'une maîtrise des prix a été lancé. 'La reprise est encourageante mais il faut rester sage en réajustant les cours les plus bas sans entraîner une envolée générale préjudiciable à l'équilibre du marché', a déclaré le représentant du CIVS.Autre fer de lance de la filière: 'Développer la consommation extérieure'. Actuellement, 80% des ventes s'effectuent en Rhône-Alpes. Depuis trois ans, le CIVS multiplie les opérations pour promouvoir ses vins hors de la région. Les efforts paient: 'Il y a quatre ans, peu de grandes surfaces avaient plus d'une référence savoyarde. Aujourd'hui, toutes les enseignes en ont au moins trois, en continu', assure un négociant.Pourtant, les moyens du CIVS sont limités: environ 1 MF, dont plus de la moitié est consacrée à la communication. La cotisation volontaire obligatoire est passée à 9 F/hl. La promotion des vins de Savoie est d'autant plus difficile qu'il n'existe pas moins de vingt-deux dénominations. En 1999, les Savoyards ont fêté, à Paris, les vingt-cinq ans de l'appellation et les dix ans de la bouteille régionale. Pour montrer que leur vin n'était pas seulement celui de la fondue ou de la raclette, les producteurs l'ont fait déguster avec des fruits de mer, des plats asiatiques, des desserts... L'opération a pu être financée (300 000 F) grâce à des aides de la région et de Saint-Gobain.Parallèlement à cette volonté d'expansion, la profession travaille son image auprès des touristes. Le fléchage du circuit des vignobles est terminé. Le logo du CIVS servira de guide sur les panneaux. Le tout sera opérationnel au printemps. Pour cet hiver, des actions de promotion ont débuté dans les stations de ski, sous la forme de dégustation de présentation par des professionnels lors des pots d'accueil organisés par les offices du tourisme. Une indemnité de 700 F est allouée aux volontaires qui se déplacent pour faire goûter gracieusement leurs vins. L'an passé, une vingtaine d'opérations ont été organisées. On attend le double cet hiver.

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