Des stocks en diminution pour la troisième année consécutive (- 3 % selon les estimations au 31 août 2000), une consommation qui se stabilise et reste supérieure à la production, un réajustement des cours les plus bas... : la dernière campagne des vins de Savoie marque un retour à l'équilibre de bonne augure avant d'entrer dans le XXI e siècle. Encore faut-il garder la tête froide et éviter une envolée des prix. ' Pour conserver un marché équilibré, nous devons stabiliser les chiffres de vente et de récolte autour de 135 000 hl, et conserver des stocks proches de 50 000 hl ', expliquait Michel Bouche, directeur du syndicat de l'appellation lors de l'assemblée générale des vins de Savoie, qui a réuni près de deux cents vignerons à la salle des fêtes d'Apremont (Savoie), le 15 décembre dernier. La répartition entre les vins vendus en direct par les producteurs (912 déclarants de récolte) et ceux commercialisés par le négoce reste équilibrée à 50/50.Lors de la dernière campagne, les cours du vrac sur les appellations les plus représentées se sont situés entre 800 F/hl (Abymes, cru blanc) et 1 000 F/hl (Savoie Mondeuse, rouge). L'actuelle campagne démarre bien, avec un réajustement des prix les plus bas. Le millésime 2000 est prometteur, caractérisé par de fortes teneurs en sucre, des intensités colorantes élevées et des acidités correctes. Seule ombre au tableau savoyard : la flavescence dorée, découverte à l'automne dernier dans le vignoble des vins de pays d'Allobrogie. Un arrêté préfectoral de lutte obligatoire est en cours de préparation pour le printemps prochain. Forte de ses bons tableaux de bord économiques, la Savoie pensait obtenir 26 ha de droits de plantation pour la campagne 2000-2001. On croyait les dossiers bouclés... Les vignerons réunis à Apremont ont eu la mauvaise surprise d'apprendre du représentant local de l'Inao, Michel Gauttier, que l'attribution officielle ne serait que de 25 ha. Comme l'ont expliqué Raymond Baltenweck, membre de la commission permanente de l'Inao, et Pascal Bobillier-Monnot, directeur de la Confédération national des AOC, tous deux invités lors de cette assemblée générale, cet hectare en moins serait le fruit d'une décision ' politique '. A la suite des difficultés des vins de pays et de table et au ralentissement enregistré en ce début de campagne sur plusieurs AOC, le ministère de l'Agriculture aurait décidé, de façon unilatérale, un rabaissement général des contingents de droits de plantation prévus pour l'ensemble des vignobles. 1 ha en moins mais surtout beaucoup d'inquiétudes à venir. ' Si cette récente réorientation politique se confirme pour la prochaine campagne, c'est bien plus qu'un hectare que devrait se voir retirer la Savoie ', a déclaré Michel Cartier, président du syndicat des vins de Savoie. De quoi provoquer la grogne de l'assemblée... D'autant que les Savoyards demandent, pour 2001-2002, 12 ha pour les PAM-DJA et 20 ha de transferts, incluant les droits pour la restructuration à Jongieux. Autre sujet de mécontentement débattu à l'assemblée générale, celui de la future maison de la vigne et du vin de Savoie. ' Conformément au vote du conseil d'administration, elle se situera à Apremont ', a annoncé le président Cartier. Cette décision ne fait pas l'unanimité, à en juger par les remarques dans la salle, et notamment la démission de Michel Grisard, membre du bureau du syndicat. Avant de claquer la porte, ce vigneron, exploitant à Freterive, a rappelé que ' le choix d'Apremont était en totale opposition avec l'étude faite à l'occasion du Pida, qui désignait Chambéry. ' Un autre intervenant a regretté que le site retenu ne soit pas ' mieux situé auprès d'un axe routier '. ' Comme cela aurait pu être le cas à Chignin, situé en bordure d'autoroute ', selon une jeune vigneronne. Bref, qu'ils soient sceptiques ou convaincus, les vignerons savoyards sont tous attendus dans la Maison des vins pour l'assemblée générale de 2002.