Le désherbage mécanique entre les rangs réduit doublement les fuites d'herbicides vers l'extérieur des parcelles. Premièrement et d'une manière évidente : du simple fait que l'on utilise uniquement ces produits sur le rang. Les doses épandues par hectare sont diminuées, souvent de moitié, par rapport à un traitement en plein. Deuxièmement et de façon indirecte : en raison d'une meilleure infiltration de l'eau de pluie dans les profondeurs du sol. Ce phénomène atténue le ruissellement, limitant l'entraînement de substances hors des vignes. Patrick Andrieux, de l'Inra de Montpellier, l'a observé sur un petit bassin versant de 91 ha, situé dans la vallée de l'Hérault, où les parcelles sont en pente variable de 2 à 15 %. Le mode d'entretien des sols le plus courant est le désherbage chimique. Les matières actives se fixent sur les fines particules du sol et sont entraînées avec elles lors de pluies violentes. ' En 1995, nous avons chiffré les pertes à 2 % des quantités appliquées sur une parcelle non travaillée et à 1 % sur une parcelle travaillée entre les rangs. ' Comme les apports étaient deux fois supérieurs dans le premier cas, l'écart pour les pertes totales est de 1 à 4. Les mesures portaient sur la simazine et le diuron. Les pluies printanières s'infiltrent mieux que celles d'automne car les outils les ayant précédées de peu, elles tombent sur une terre encore meuble. En fin de saison, la surface s'est durcie. Le comportement des sols travaillés rejoint alors celui des sols intégralement désherbés. Cependant, lorsqu'une pluie brutale survient trop rapidement après une façon aratoire, elle décuple l'érosion. Patrick Andrieux l'a constaté sur son site en novembre 1997. ' Il faut éviter de travailler le sol en période de risque de pluie de forte intensité. ' La terre meuble est en effet très facilement entraînée par l'eau. Les orages violents peuvent être à l'origine d'érosion bien plus intense dans les parcelles labourées que dans celles qui ne le sont pas.Les vignerons rodés au travail du sol le savent. Ils consultent la météo et scrutent le ciel avant de prendre leur tracteur. S'ils interviennent au bon moment, leur binage vaudra deux arrosages, comme l'affirme le dicton. Il facilitera l'infiltration des pluies qui iront alimenter les réserves souterraines au lieu de gonfler brutalement des cours d'eau. En un passage, les vignes seront débarrassées de leurs mauvaises herbes et prêtes à recueillir pleinement les averses à venir. Autre coup double!