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Le traitement à l'eau chaude fait son chemin

La vigne - n°98 - avril 1999 - page 0

Très controversé au début des années 90, le traitement des bois et des plants de vignes à l'eau chaude pour éliminer la flavescence dorée commence à s'imposer.

Une partie des réserves dont faisait l'objet le traitement à l'eau chaude des bois et des plants de vignes pour lutter contre la flavescence dorée commence à se dissiper. Mis au point par l'Entav (Etablissement national technique pour l'agriculture et la viticulture) du Grau du Roi et l'Inra de Dijon au début des années 90, ce procédé a eu des difficultés à faire l'unanimité au sein de la filière viticole. Le principal grief porté à son encontre concernait et concerne toujours les retards, variables et inexpliqués, en matière de reprise.Cette technique, qui consiste à immerger le matériel végétal dans des cuves d'eau portée à 50°C pendant une durée de 45 minutes, suscite toujours la crainte de détériorer le matériel végétal. A l'Entav, Véronique Tassart, technicienne, indique que ' nous n'avons jamais observé de problèmes de reprise sur les variétés que nous utilisons. Il y a quelquefois des écarts, mais ils ne sont pas significatifs '. Elle rappelle aussi les principales précautions d'usage : respecter à la lettre la température de 50°C, s'équiper d'une machine brevetée, être attentif à l'état de conservation et sanitaire du matériel végétal, éviter les amplitudes thermiques avant et après le traitement...Malgré les divergences de positions quant à l'innocuité du traitement, il semblerait que l'état d'esprit de la filière, à son égard, ait évolué. Ainsi, alors que l'Entav avait effectué quinze interventions en 1997 pour des particuliers qui lui en avaient fait la demande (vignerons et pépiniéristes), elle en a pratiqué trente-six en 1998 et quarante-cinq en 1999. ' Nous assistons à une levée des réticences ', reconnaît Michel Legay, chef de la division technique de l'Onivins.L'avancée la plus remarquable concerne la chambre d'agriculture de la Gironde, au départ peu encline à son utilisation, qui a pris la décision de s'équiper d'un matériel de traitement à l'eau chaude dès le début de l'année prochaine. Qui plus est, ce choix s'est opéré en concertation avec le syndicat des pépiniéristes de la Gironde et du Sud-Ouest.' C'est aujourd'hui le seul moyen de lutte efficace contre la flavescence dorée au niveau du matériel végétal, annonce Marie-Christine Roux, ingénieur chargée de l'expérimentation sur les plants de vigne au sein de l'organisme, mais il faut absolument que la lutte intervienne aussi au niveau de la vigne. Les traitements insecticides destinés à la destruction de la citadelle, vecteur de la maladie, doivent se poursuivre impérativement. 'Le syndicat des pépiniéristes participera au financement de l'appareillage. ' La flavescence dorée est l'affaire de tous, lance Daniel Amblevert, son président. Nous avons créé une commission technique chargée de ce problème et qui travaille avec la chambre d'agriculture sur des protocoles d'essais de l'Entav. Pour l'instant, les résultats relatifs au traitement à l'eau chaude effectué en laboratoire ne sont pas totalement applicables sur le terrain et sa mise en oeuvre présente des difficultés. On observe en effet des échecs en pépinières et de mauvaises reprises chez les viticulteurs. '' Nos plants sont actuellement traités par l'Entav, souligne Marie-Catherine Roux. Pendant le transport, les bois perdent de leur eau et sont affaiblis, ce qui augmente les effets négatifs du traitement. Le fait d'avoir la machine sur place permettra de travailler sur de plus petits lots, au cas par cas, et d'affiner les dates d'intervention favorables à une bonne reprise et d'améliorer la méthodologie en général. ' Le procédé sera aussi utilisé pour traiter les plants du centre de prémultiplication et sera mis à la disposition des viticulteurs sous leur responsabilité.Autre organisme à avoir franchi le pas du traitement à l'eau chaude, la chambre d'agriculture de l'Aude. Depuis la reconversion du vignoble languedocien, les organismes techniques attachent une grande importance à la qualité de leur filière du bois et des plants de vignes. Or, cette dernière affiche une certaine réticence à s'investir. ' Nos pépiniéristes n'y croient pas, indique Richard Planas, chef du service vigne à la chambre d'agriculture, malgré les résultats observés par l'Entav. Nous avons donc choisi d'investir dans ce matériel de traitement afin de démontrer que le schéma technique est fonctionnel. Cela fait partie de nos missions en tant qu'établissement public. De plus, nous craignons que si les pépiniéristes ne s'engagent pas dans cette démarche, ils risquent d'y être contraints et forcés par la voie réglementaire. 'Le matériel sera opérationnel dès la rentrée prochaine et servira aux traitements des plants produits par la chambre d'agriculture; il sera également proposé aux pépiniéristes désireux de l'expérimenter. Toutefois, il semblerait qu'une partie de cette profession ait la volonté de se doter d'une machine adaptée au traitement à l'eau chaude. ' Nous recevons de nombreux confrères prêts à l'acheter, commente François Viaud, des pépinières Viaud, première unité à s'être portée acquéreur de la machine. Pourtant, il s'agit d'un investissement assez lourd, de l'ordre de 100 000 F TTC. 'Pour les entreprises qui en feront le choix, elle fonctionnera comme un label de qualité à l'égard de leurs clients. Et ce, d'autant plus qu'il sera sans grande conséquence sur les prix. Selon les pépinières Viaud, le coût du traitement se situerait entre 4 et 8 centimes par plant.D'après Bruno de la Roque, expert national vigne à la Protection des végétaux, la généralisation du traitement à l'eau chaude se fera à partir des initiatives conduites par ces opérateurs commerciaux. L'innocuité du traitement vis-à-vis des plants n'ayant pas encore été démontrée, il paraît en effet difficile de le rendre obligatoire. Et ce d'autant que l'on craint ses effets pervers à l'échelle des pépinières qui risqueraient notamment d'abandonner la lutte préventive qui leur est imposée par l'arrêté ministériel de 1987.' Le passage du stade expérimental au stade industriel n'est pas encore évident, argumente Michel Legay, de l'Onivins. Dans ce cadre, nous nous acheminons vers une perspective en terme de zonage plutôt que vers une obligation systématique. Dans les aires où le fléau est présent, les interventions s'imposent de même que lorsque l'on est en face d'un plant circulant d'une zone contaminée à une zone saine. '

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