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S'organiser pour mieux se protéger

La vigne - n°99 - mai 1999 - page 0

Les vignerons prennent conscience des risques liés à l'application des produits phytosanitaires. Mais dans le feu de l'action, lorsque traiter devient urgent, la protection de la santé passe souvent au second plan.

Pour bien se protéger, il faudrait ne jamais être stressé, relève Bernard Geroudet, vigneron à Villeneuve-lès-Maguelonne (Hérault). A deux sur 45 ha, ce n'est pas toujours évident. Dans cette région, il y a beaucoup de vent. 'Quand les traitements prennent du retard, je suis 'sous pression'. Dès que le vent se calme, je prépare le produit et je pars traiter le plus vite possible, en oubliant parfois de me protéger.'Bernard Geroudet utilise en principe des gants lorsqu'il prépare les bouillies et porte un masque sur le tracteur, même s'il fait chaud. 'L'été, en pleine journée, c'est dur. Mais si je ne suis pas débordé, je traite tôt le matin ou tard le soir, pour travailler dans les meilleures conditions.'En adoptant la lutte raisonnée, il est possible de diminuer le nombre de traitements, et donc l'exposition aux risques. L'utilisation de seuils d'alerte et de modèles de prévision permet également d'anticiper les interventions et de mieux s'organiser. 'Je ne traite que quand cela est nécessaire, et je stresse moins', estime Thierry Paraire, qui cultive 39 ha de vignes à Terrats (Pyrénées-Orientales). Pour ne pas être surchargé en saison et pouvoir se consacrer aux traitements, il effectue plus d'heures l'hiver pour prendre de l'avance sur les travaux d'entretien. L'été, il adapte son rythme de travail aux conditions climatiques. 'Je commence à trois heures du matin et je finis à dix heures, pour profiter des moments où il y a le moins de vent. J'ai un bon éclairage à l'avant et à l'arrière du tracteur, et finalement, je vois mieux ce que je fais la nuit. En plus, j'évite la chaleur et j'améliore l'efficacité du traitement.'.Thierry Paraire est équipé d'une cabine à filtration d'air sur charbon actif; pour éviter au maximum d'avoir à sortir en cours de traitement, il a fait déporter les commandes du pulvérisateur pour pouvoir le régler de l'intérieur. L'appareil est muni d'un système antigoutte. 'Depuis trois ans, je n'ai pas eu une seule buse à déboucher.' Pour les traitements d'hiver, il utilise la lance car les panneaux récupérateurs ne passent pas dans ses vignes. 'Si je ne mets pas de masque et d'habits imperméables, j'ai tout de suite des réactions allergiques.'Les formations, qu'elles s'adressent aux salariés ou aux vignerons, sont axées sur l'efficacité des traitements mais abordent plus rarement les problèmes de toxicité. 'Pour parler avec mes salariés de la classification des produits et des précautions à prendre, j'ai d'abord dû m'informer moi-même', explique Bernard Pire, qui cultive 70 ha de vignes à Saint-Génies-de-Fontedit (Hérault). Confronté à une augmentation de l'utilisation des insecticides liée à l'arrivée de la flavescence dorée, il a sollicité la MSA de l'Hérault pour une opération de diagnostic des risques (1), qui va s'étaler sur plusieurs journées réparties sur la campagne.'Après observation de l'organisation du chantier, le conseiller pointera, avec les salariés, les moments où ils se protègent et ceux où ils s'exposent à une contamination. Nous réfléchirons ensuite aux solutions pour améliorer la prévention.' Mettre simplement du matériel de protection à disposition du personnel ne suffit pas. 'Pour être apte à traiter en toute sécurité, il faut avoir conscience du danger. Les deux salariés auxquels je voulais confier la réalisation des traitements sur l'exploitation ont d'abord suivi une formation complète, qui abordait concrètement les problèmes de toxicité. Lorsqu'ils sont revenus, ce sont eux qui étaient demandeurs d'une protection. Nous avons étudié ensemble les différents matériels existants avant de faire un choix et, aujourd'hui, ils les utilisent sans que j'ai à leur en rappeler la nécessité', souligne Pierre Millet, gérant d'un domaine viticole à Champ-sur-Layon (Maine-et-Loire), qui n'oublie pas d'utiliser lui aussi le matériel de protection. Lorsqu'il s'agit de préserver sa santé, tout le monde est concerné de la même manière!(1) La méthode, fondée sur l'observation du chantier, a été mise au point il y a un an par la MSA de l'Hérault, qui propose également un guide d'autodiagnostic. Pour tous renseignements, tél. : 04.67.34.80.00.

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